Amelie Marie In Tokyo

Vivre et survivre au blues de l’expatriation au Japon

Je rêvais tellement de vivre à l’étranger depuis toute petite que j’avais déjà pas mal couvert le sujet à travers des lectures, des films et des documentaires. En venant m’installer à Tokyo, je savais, dans le fond, que j’allais être confrontée aux blues de l’expatriation au Japon. Ce syndrome m’a frappée environ 2 ans après mon arrivée.

Qu’est-ce que le blues de l’expatriation au Japon ou ailleurs ?

En une démonstration : « j’adore le Japon, mais par moment, j’ai envie de claquer la porte et de me barrer ». Lorsque l’on arrive dans un nouveau pays, on est dans la phase dite de « lune de miel ». Sa durée est relative et dépend d’une personne à une autre. Tout est nouveau, passionnant, à découvrir. Bref, on carbure à l’adrénaline de la différence. Cependant, fatalement, cette lune de miel est rattrapée par une période de blues. C’est le mal du pays ou la déprime d’avoir fait de l’extraordinaire son nouvel ordinaire.

Cela ne signifie pas nécessairement que l’expatrié.e ait envie de rentrer au pays. Dans mon cas, rentrer en France ne me semblait pas envisageable. Cependant, je suis passée par un blues de l’expatriation au Japon assez sombre. J’avais la sensation que mon quotidien était sans fin, sans saveur et je ne voyais plus mon futur dans ce pays.

blues de l'expatriation au Japon

Rien que pour avoir inventé ces délicieuses chips au chocolat qui te ruine tes hanches/cuisses en deux trois mouvements, je maudis le Japon !

Être confronté.e au pays

Tout en aimant passionnément le Japon, j’ai avec le temps passé cette barrière entre l’idéal et la réalité. Je n’idéalisais pas réellement le Japon – consciente qu’il existe toujours un envers du décor. Mais je me joignais volontiers aux louanges les plus répétées ! En particulier, je pense que pour les français il est vite facile de dénigrer son pays au profit du Japon. Pourtant, le Japon (comme ailleurs !) ne brille pas par la perfection. J’ai parlé de cette société japonaise qui n’est pas plus mirobolante qu’une autre dès qu’il s’agit de la place de la femme ou des discriminations sociales.

Les difficultés de la vie quotidienne

Rien n’est simple. Les irritations de la vie de tous les jours me pesaient. Bouffée d’air heureusement, mes rendez-vous avec des amies en couple avec des japonais. Nous voir permet de faire le point et de râler en coeur. Ces rendez-vous exutoires permettent de lâcher un peu la pression sur ce qui nous broute dans notre nouvelle vie.

Pour certaines, la lune de miel a duré, duré, duré. La chute se révèle d’autant plus brutale. Pour d’autres, l’envie de quitter l’archipel était une évidence. Seul le « quand » était en suspens. Moi qui me révélais circonspecte, ne sachant dans quelle case me classer, je réalise que je suis confrontée à un mur. Soit je m’adapte et m’y fais, soit je deviens amère. Soit je pars.

Quel genre d’irritations ?

Je crois que là encore, le blues de l’expatriation au Japon prend différente forme selon les uns et les autres.

Mon vécu du blues de l’expatriation au Japon

Par exemple, j’ai constaté que dans la rue et les transports, je me faisais bousculer régulièrement par les hommes ou que j’avais à m’écarter bien souvent de leur chemin. Pourtant, le Japon est un pays de la fluidité ! Un pays où l’on vante la politesse et les bonnes manières en toute circonstance. Cependant, lorsque j’ai évoqué le sujet, j’ai eu des échos assez unanimes. Côté hommes, ça balance entre le « ça ne m’est jamais arrivé ! » ou « peut-être que si… parce que je suis étranger ». Côté filles, par contre, c’est le cri du coeur ! « Ça m’arrive tout le temps », « c’est clair » « une fois j’ai eu super mal ». Bien que cela ne soit qu’à ma très modeste échelle, et sans parler de tendance, je trouve qu’il s’agit d’une expression quotidienne du sexisme encore flamboyant des japonais.

Dans la même veine, j’aborde un débat crucial : le port du débardeur. Je vous vois sourire, mais n’empêche que depuis que j’ai posé le pied sur l’archipel, plus moyen de porter un débardeur sans un commentaire mi-figue mi-raisin de mon mari. « Mais… c’est pour dormir ça, non ? Enfin tu portes ce que tu veux, mais pour nous c’est comme si t’étais nue quoi… ». Je me suis offusquée, une fois, deux fois. Et puis j’ai sonné les copines. Même constat de leur côté. Dans ce genre de situation, deux choix s’offrent à l’expatriée : provoquer ou s’adapter. Alors on s’adapte, en maugréant que ce petit haut craquant de chez Zara ne devrait pas être caché sous une chemise. Tristesse.

C’est un détail. Mais l’accumulation de détails finit par user.

Des micro-évènements-aggressions

Bref, ces micro-évènements de la vie quotidienne tapent sur le système. Rien qu’une session de shopping pousse à se rouler par terre de frustration. La mode japonaise oscille entre vulgarité et collection 12 ans. Sur ce point, à part Uniqlo, j’ai jeté l’éponge et taxe d’importation ou non, m’habille chez Zara.

Qu’on ne se méprenne pas, il s’agit d’un ressenti personnel.

Ce n’est pas un jugement sur le pays tout entier.

D’ailleurs, la mauvaise foi arrive au galop ! Je ne pouvais m’empêcher de m’hérisser en entendant des japonaises glousser. Pardon, rire. Soudain se révèle une inadéquation entre nos codes d’origine et les codes locaux. Alors que je fais des efforts pour être tolérante (dire de but en blanc que je suis tolérante serait de la vanité, je crois que c’est un effort de tous les jours) les garçons japonais qui se décolorent les cheveux jusqu’à avoir un paillasson sur le haut du crâne me font crier à l’hérésie. Pourtant qu’on se le dise, je suis parfaitement d’accord que la chevelure des uns et des autres ne regarde que les concerné.e.s !

Trop c’est trop !

Une étape… Normale !

Seulement l’expatrié.e n’en peut tout simplement plus. Et finalement, je pense que c’est tout à fait normal. Le quotidien a perdu de sa magie et il faut composer avec un environnement dans lequel nous n’avons pas été élevé.e. Bref, l’adaptation à un nouvel environnement n’est pas innée. Elle nous force à nous regarder dans le miroir et à nous remettre en cause. Mais le nouvel environnement n’aurait-il pas à en faire de même ?

Mes opinions sont en partie le fruit d’un passage à vide au Japon en 2015. Ou peut être que le sevrage de fromage français se fait sentir ? Sauvez une Amélie, envoyez lui du gruyère !

À défaut d’envoyer un colissimo de fromage, vous pouvez aller lire dans le même thème, l’excellent article de Fafa Expat. 

Comment se sortir du blues de l’expatriation au Japon ?

Je n’ai pas de recette miracle. Dans mon cas, je n’ai même pas réalisé que ça allait mieux ! Je crois que j’ai lâché du lest, comme on dit. J’ai appris à faire glisser les irritations et à apprécier mon quotidien. Cependant, voici des petites choses qui m’ont aidée :

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