Site icon Amelie Marie In Tokyo

Oyaji gag, l’humour japonais dans toute sa splendeur

oyaji gag

Que vous appreniez le japonais ou non, je suis certaine que vous appréciez la subtilité (sic) des oyaji gag – cet humour de vieux que l’on s’imagine mort de rire à s’en taper la cuisse. Si l’expression est apparue dans les années 80, on se doute que les japonais se faisaient la main bien avant. La base, c’est de combiner des mots ayant une prononciation similaire ou très proche – des homophones donc, pour faire des phrases à la limite d’avoir du sens. Plus vous enchainez de répétitions, plus c’est drôle !

親父ギャグ : oyaji gag

Le nom même est composé de 親父, le père, et de ギャグ, gag, qui se traduit plutôt par blague dans ce contexte. J’ai découvert cet humour lors de mes études de japonais. En effet, les professeurs nous faisaient comprendre l’importance de la prononciation et de l’intonation en japonais en nous faisant écouter ces phrases.

Pas d’inquiétudes à avoir si cela ne vous fait pas ROFL (acronyme anglais, « se rouler par terre de rire »), les oyaji gag ont pour but d’être faciles et simples à comprendre. Ainsi, plus la blague est nulle, plus le dilemme se pose pour l’interlocuteur qui l’a parfaitement comprise et qui hésite entre rire ou pleurer. Le plaisir est donc moins dans le rire de celui qui est exposé à la blague, que dans le fait de jouer avec la blague pour le locuteur.

Mon mari peut rester bien 5 minutes à rire avec la suivante :

Cette phrase peut à la fois dire « j’ai acheté de la bonne viande » et « c’était dur à dire ».

Les faciles

Petit tour de chauffe avec des phrases relativement accessibles pour tous. Je vous promets, vous allez briller en société. Ça vole très haut avec la première.

« Le futon s’est envolé »

On ne mouille guère avec la suivante.

« Prendre son bain à New York. »

Tout est une question de prix.

« À combien est ce caviar ? »

Je ne peux pas être d’accord.

« Gratuit est désavantageux ».

Je préfère la piscine.

« J’aime le ski »

Reprenons notre sérieux.

« Ne faisons pas de prédictions »

Les difficiles

Vous êtes maintenant chaud patate pour poursuivre avec des phrases un peu plus longues et sophistiquées.

Douce ironie. « Le manager nettoie le bureau de l’assistant manager ».

On reste dans l’entreprise avec la suivante : « l’entreprise de mon père est en faillite ».

 

Vous reprendriez bien un peu de sel ? « On y peut rien s’il n’y a pas de sel ».

Cette dernière blague peut se doubler d’un combo breaker avec le gingembre : « On n’y peut rien s’il y a pas de gingembre ».

Un grand classique. « L’orange est sur la canette en aluminium ».

Sans blague ? « Il fait encore chaud à cause de l’été persistant.

Personnellement, le konjac ce n’est pas ma tasse de thé. « Ce soir je mange du konjac ».

Les impossibles

Pour être tout à fait honnête, celle-ci pousse les homophones à l’extrême et le sens en pâtit. Je vous met au défi de bien la prononcer ! « La sauterelle Batter a fait de son mieux, malheureusement elle est morte sans accro ».

De la blague à la poésie

C’est bien joli de rigoler, mais au delà des blagues bêtes et méchantes de papi, les poètes japonais sont aussi connus pour jouer avec l’ambiguïté des homophones. C’est alors une figure de style appelée « kakekotoba ». Elle consiste à créer une figure poétique avec un homophone ayant deux sens propres. L’un des plus célèbre est matsu, qui signifie à la fois « pin » et « attendre ». Avec une économie de mot, le poète peut développer son inspiration artistique en ligne avec l’esthétique japonaise, qui repose sur le minimalisme. Ces poèmes sont particulièrement difficiles à traduire !

Quitter la version mobile