Française expatriée au Japon versus la lingerie japonaise !
- Amélie Marie
- 11 mai 2014
- Vie quotidienne
Acheter de la lingerie japonaise lorsque l’on est étrangère, ce n’est pas toujours une partie de plaisir. Sans s’étaler sur la curiosité et les mystères de la morphologie humaine, il est évident qu’entre Occident et Asie, les corps ne ressemblent pas. La poitrine féminine mais aussi les hanches n’échappent pas à la question. Lorsque vous êtes amené.e.s à vivre au Japon, vous êtes confronté.e.s à une réalité angoissante. Vais-je trouver ma taille. Ou plus simplement, vais-je trouver quelque chose qui me va ?
Peut-être faites-vous partie des détendues du slip. Vous n’êtes ni intimidées par les boutiques aux couleurs criardes dignes de Barbie. Ni embarrassées par le zèle des vendeuses et leur insistance pour vous accompagner dans vos démarches. Acheter de la lingerie au Japon ne vous sera pas une entreprise complexe.
Soit vous êtes un peu comme moi. Acheter un soutien gorge vous demande une préparation psychologique digne d’un sportif avant d’entrer sur le ring. Vous en suez à l’avance et en boutique, vous avez l’air d’être menée à l’abattoir lorsque vous vous dirigez vers les cabines. Acheter de la lingerie japonaise se révélera une perspective peut-être stressante …
Acheter de la lingerie japonaise, une épopée ?
Pendant plusieurs jours (des semaines) j’ai réfléchi à la question. Tokyo est un univers à part. S’y comptent des myriades de boutiques fashion, en particulier de lingerie à froufrou, ruban, couleurs pétantes, parfois trop girly pour être vraiment jolie. Tout cela impressionne et déroute. Ce d’autant que les vitrines s’affichent sans complexe et les cabines sont de mini boudoirs à rideaux de velours. Par ailleurs, les vendeuses sont vraiment très insistantes.
Le Japon est le pays du service, ne l’oublions pas. Aussi, dans ce genre de boutiques l’ardeur des vendeuses est très appréciée des japonaises. Beaucoup moins d’une française souhaitant se débarrasser du problème au plus vite.
Le premier réflexe bien entendu, est de trouver un comparatif de taille en ligne, afin de tâter le terrain. Parfois même de faire les mesures soi-même pour vérifier. À priori, à partir du comparatif, un 90 B français deviendrait alors un 75 B au Japon …
Finalement, je n’ai pas eu le courage d’aller dans les quartiers les plus connus pour faire les boutiques (Shibuya, Harajuku… ).
D’une part en raison de la foule. D’autre part, il me semblait préférable de choisir une petite boutique de lingerie japonaise plus accessible pour plus de tranquillité.
Je me suis rendue au deuxième étage du centre Big Box, dans la boutique Amo’s style, une des sous-marques du groupe Triumph. Je suis passée plusieurs fois devant la boutique (bonjour la psychopathe). Enfin, c’est en ayant (en)trainé mon mari avec moi que j’ai réussi à trouver le courage de me rendre dans les rayonnages. D’ailleurs, être en couple n’est pas embarrassant. En réalité, c’est le plus souvent en couple que les japonais se rendent dans ces boutiques (et l’homme paye). Il est possible aussi de voir des groupes de copines dans les rayons. Bref, être à deux n’ayant rien de bizarre, autant profiter de mon mari pour la traduction.
S’accrocher face aux froufrous et couleurs pastelles
Dans les rayons, j’étais perdue, entre les formes (pas loin d’une dizaine), les motifs et les couleurs, les collections en soldes et les nouveautés, les collections spécial été (matériaux anti transpiration), les collections plus sportives etc. La lingerie japonaise me dépasse… Il existe pas mal de marques très populaires au Japon. Entre autre Peach John et Wacoal (qui regroupe plusieurs lignes de créateurs). Il faut avoir que certains modèles peuvent être très mignons ! Mais comparé à la France, j’ai toujours la sensation que cela fait jeune fille (ou jeune femme) un peu cul-cul. On est loin de Aubade ou Chantelle ! Bien sûr, il est possible de trouver des marques étrangères au Japon aussi. Cependant, côté taille, on est très loin d’avoir du choix…
Lorsque finalement je pris un modèle entre les mains, une vendeuse s’est subitement matérialisée près de moi. Dans ses mains, un tableau des tailles afin de m’aider. Ne pouvant refuser et complètement perdue devant le tableau illisible, elle suggéra de prendre mes mesures. Quitte à avoir les deux pieds dans l’eau, autant se lancer. J’ai accepté son aide. Par la même occasion, j’ai abandonné mon mari aux yeux apeurés de labrador ne sachant absolument pas où se tenir pour être invisible dans ce temple de la féminité.
– Sizu wa … 75E
– … ?!? (Bonjour la fiabilité du comparatif de taille)
Me voilà tenant une carte de cliente dans les mains, avec mes nouvelles mensurations. Entre la France et le Japon, 10000 kilomètres et en bonus, 4 tailles de bonnet.
Essayer, toujours essayer. Voilà un motto à appliquer où que l’on soit dans le monde. Au Japon, on peut avancer sans trop se mouiller, que les poitrines sont plutôt menues. Mais pour le moral des clientes, les soutiens gorge sont la plupart du temps fournis avec des rembourrages amovibles. Cela permet aux vendeuses de vendre une taille un peu plus conséquente. Finalement, ma taille à la japonaise est plus raisonnablement du 70 D. Oui, je sais.
La cabine d’essayage, c’est tout un art
La vendeuse attend devant moi que je prenne une décision. J’acquiesce pour essayer quelques modèles. Ici encore, le cérémonial du service me frappe. Je suis installée dans le boudoir rose, certaines boutiques ayant même le luxe d’avoir des vendeuses avec des petits gants blancs, présentes uniquement dans la zone d’essayage, pour s’occuper de vous.
Elle défait et installe les modèles sur le pendant, à l’exception du bas. On ne peut l’essayer qu’en demandant, auquel cas on vous passera des sous vêtements de protection. Avec empressement, elle me montre un bouton, comme celui que l’on retrouve dans les restaurants. Il s’agit d’une sonnette pour appeler en cas de souci ou de demande. Plusieurs fois je l’entendrais me demander si j’ai besoin d’aide, si elle peut être d’une quelconque assistance. Je suis soulagée de maîtriser assez le japonais pour 1) comprendre 2) refuser.
Pendant ce temps, perdu dans les rayons mon mari ne sait comment se tenir. Un couple entre, mais la femme murmure, « ah, ne restons pas ici, il y a un type bizarre ! ».
Fin de l’expérience.
Enfin décidée pour un modèle (qui ne m’ira en réalité jamais !) je passe à la caisse. C’est une véritable cérémonie de pliage et de papiers, afin d’envelopper les précieux achats. Ceux-ci sont ensuite délicatement glissés dans un sac adorablement rose et opaque pour respecter l’intimité de vos goûts. La lingerie est un domaine où les prix sont assez élevés et la lingerie japonaise n’échappe pas à la règle. Si les premiers prix s’élèvent aux alentours de 2000 yens, les articles peuvent grimper jusqu’à 10 000 yens ! Cependant, avec des promotions et campagnes de réduction fréquentes, vous pouvez sans trop de difficulté trouver votre bonheur à des prix abordables.
TheStig
Je tombe sur cet article en faisant quelques recherches pour ma fiancée, je pense que ça va être compliqué pour elle, je le sens…
Déjà toute timide à l’idée d’entrer dans un magasin de lingerie, et en plus, si pour un 90B c’est devenu un 75D, ils vont lui annoncer quoi pour un 95F???? Si tant est qu’ils aient des sous-vêtements à sa taille…
Des avantages et des inconvénients d’être expat’ | Amelie Marie in Tokyo
[…] s’étendre à peu près à tout, du supermarché, aux poubelles locales, aux magasins de fringues ou bien encore au système juridique local (parce qu’on appréhende quand même certaines […]
Eydna
J’avais acheté quelques sous vêtements au Japon, je ne recommencerai plus !! lol
Impossible de trouver ma taille exacte…
Et puis tous ceux que j’achetais étaient hyper rembourés, mais sinon les couleurs étaient rigolotes ^^
leschoutrotteurs
C’est tout un art d’acheter des sous vêtements là-bas!!! Mais j’adore les cabines d’essayage lol
Ça correspond à quoi 2000yens ?
DrV
Après il faut essayer les lunettes de soleil qui ne sont pas du tout adapté aux visages des Européens…
Béné
Je vais toujours chez Amo’s Style. J’aime leurs collections, c’est pas cher et je sais exactement quelle taille prendre.
Il ne faut pas oublier que la vendeuse te racompagne jusqu’à la sortie et ne te tend ton sac qu’avant de quitter les lieux 🙂
Sinon pour la taille, une vendeuse me l’avait prise pour confirmer ce que j’avais trouvé sur internet et m’avait dit que j’étais un D alors que j’ai toujours été C. Evidemment le D a été trop grand… Vu qu’elles font ça à la main ça doit être assez hasardeux.
Amélie-Marie
Merci de ton commentaire 🙂 ! Oui, je crois aussi qu’elles sont assez relax avec leur mètre ruban. Mais sur le coup, difficile de « contredire » ce qu’elle vient juste de noter sur le petit carton.
Merci de l’ajout, c’est vrai que j’avais oublié de préciser ce dernier « rituel », lorsqu’elles donnent le sac !
J’ai envie d’y retourner j’avoue, car maintenant que je sais un peu comment cela se passe, d’autres modèles m’auraient bien plu.
Polina
Quel cérémonial, à croire que choisir sa lingerie est tout un art… de quoi rendre l’achat d’autant plus agréable, si ce n’est le casse-tête des tailles 🙂 …
Amélie-Marie
C’est vraiment cela, un « cérémonial ». Je pense que si j’étais un peu plus à l’aise, ce serait en effet très agréable. J’avoue que changer drastiquement de « taille » m’a beaucoup perturbée, d’autant que le « D » ne fait pas partie des plus mises en avant (A, B et C). Donc pour celles que la nature a généreusement dotées, il faut farfouiller dans le fond pour trouver la taille.
Kariana
J’avoue que moi non plus je ne supporterais pas une vendeuse trop pressante, je déteste qu’on soit sur mon dos !
Par contre les sous-vêtements de protection c’est une bonne idée, on en voit pas souvent en France -ou alors je ne vais pas dans les bonnes enseignes-.
Amélie-Marie
Exactement ! C’est difficile de faire un choix lorsque la vendeuse attend patiemment (ça pousse à l’achat !). Jamais vu en France non plus. J’ai découvert cela au Japon. Ils ont aussi des petits masques de tissu à se mettre sur la tête, pour ne pas tacher avec du maquillage les vêtements, lorsque l’on enfile des t-shirt ou des chemises. D’ailleurs, pour la majorité des cabines, on doit aussi retirer ses chaussures, afin qu’elles restent toujours très propres !
Mchan
Ah oui gros problème, je fais souvent le tour des rayons pour voir les tailles (bust size 75 en général c’est vraiment fin) Je n’avais pas pensé à demander un comparateur de taille mais j’ai essayé les soutiens george de GU (un peu comme uniqlo) et c’était mort jamais trouvé de 95C. Je sais qu’en Corée du sud la vendeuse m’avait proposé un truc pour allonger le dos du soutien george ce qui était assez pratique.
Vu que les soutien georges pour hommes ont l’air de se vendre aussi je vais peut-être devoir faire comme pour les chaussures et me fournir dans des endroits un peu bizarres ^^.
Amélie-Marie
Ah les chaussures c’est une grosse galère pour moi … Les soutiens gorge pour homme, j’ai découvert cela il n’y a pas longtemps, par contre, aucune idée d’où ça se trouve :D. J’avais essayé à Uniqlo ça avait été une catastrophe pour moi. Informes les machins. Par contre, Triumph semble proposer des grands modèles (on le voit sur la home page), au delà de 80, tu pourrais y trouver ton bonheur je pense. Je ne savais pas qu’il y en avait à GU par contre, j’irai jeter un oeil. Enfin, maintenant que j’ai passé le pas, je vais tenter d’autres boutiques, histoire de voir. Merci de ton passage et de ton commentaire enrichissant !
Mchan
De rien j’espère retourner au Japon en août et je jetterai un oeil sur les dessous, j’adooooore GU qui a des petits hauts tout mignons, uniqlo aussi d’ailleurs mais l’amie avec laquelle je pars est petite. Elle fait du 36 donc elle pourra acheter les chaussures pour filles; moi je prends pour homme (tête des vendeurs) mais elles sont souvent lourdes hélas sauf les zori mais la elles sont un peu larges.
Il n’y a qu’à Hakata que j’ai trouvé du LLL en chaussures de façon assez fréquente.
Delphine
Hahaha ton article me rappelle beaucoup de souvenirs !
J’ai voulu plus d’une fois acheter des sous-vêtements au Japon, mais à chaque fois que je rentrais dans une boutique j’avais envie de fuir pour plusieurs raisons :
1/ les couleurs et les froufrous au secouuuuuuuuuuurs ! Pourtant j’adore tout ce qui est un peu girly mais là c’est vraiment too much j’avais l’impression d’entrer dans un nouveau univers et d’être limite sous LSD. Le rose et les froufrous me faisaient trop mal aux yeux…
2/ Le prix. Mais ça coûte une fortune ! J’avoue ne pas avoir fait attention aux promotions etc, mais quand je voyais un soutien-gorge à 70 000 yens c’était hors budget pour mes revenus d’étudiante.
3/ Le push-up. Sérieusement je savais que les japonaises trichaient (et j’ai moi-même quelques soutiens-orge push up je l’avoue) mais là c’est vraiment trop exagéré ! C’est limite si ton soutien-gorge fait pas la double épaisseur que ta poitrine ! Et je parle même pas des maillots de bain…
Finalement j’ai trouvé mon bonheur chez des marques occidentales tel que H&M :p
Amélie-Marie
Merci de ton commentaire qui ajoute un retour d’expérience très drôle :D. What ?! 70 000 Yens ?! Je me suis étouffée sur mon bout de pastèque ! Grand dieux, quand on sait le taux de survie du bout de tissu … Mais vraiment, je suis d’accord, entre le girly et le push up c’est dur de trouver du soft agréable (et abordable). D’ailleurs dans la boutique, seuls les modèles ultra basiques (et avouons-le, assez laids) n’avaient pas de rembourrage, soit quoi, 5% des modèles présentés. J’avais complètement oublié qu’H&M vendait aussi de la lingerie, tiens. Merci du rappel ! 🙂
Amy
Eh bien, ça a l’air d’être toute une épopée. Je t’avoue que je n’aimerais vraiment pas que la vendeuse soit trop pressante, et présente. Même dans les boutiques françaises, ça ne me plaît pas quand elles font ça ! Par contre, pour le soin au niveau de l’emballage des achats, notamment, je trouve ça génial. En France, je n’ai jamais vu une vendeuse plier convenablement les vêtements dans les sacs avant de les donner au client. Généralement je retrouve ce que j’ai acheté tout chiffonné en rentrant.
Amélie-Marie
J’ai du mal aussi avec le concept de la vendeuse aux petits soins avec la cliente. Ça me met dans l’embarras plus qu’autre chose (surtout dans une autre langue !). Mais sur le point de l’emballage, le Japon m’a ouvert les yeux sur la qualité du service que l’on peut fournir à ce niveau. C’est d’ailleurs presque une forme d’art, et il n’y a pas besoin d’aller dans une boutique chic pour obtenir un tel soin avec les vêtements achetés. Même les vendeurs d’Uniqlo, qui est pourtant une chaine, emballent convenablement les achats (et s’excusent du temps que cela peut prendre).