Petit guide pour comprendre comment se marier au Japon avec un japonais
- Amélie Marie
- 4 avril 2014
- Japon
Bonne nouvelle ! Se marier au Japon avec un ressortissant japonais est une procédure administrative relativement aisée. Malgré nos sueurs froides lors de la constitution du dossier, mon mari japonais et moi nous en sommes sortis facilement.
Notre petite histoire
Nous avions décidé de nous marier le jour de la Saint Valentin durant notre année en Ouzbékistan. Mais avant de sauter le pas, nous souhaitions découvrir la vie à deux en France, puis au Japon (test de compatibilité 3.0 !). Il est venu passé l’été à Nantes, dans ma famille et je suis partie vivre à Tokyo à l’automne. L’année suivante, nous nous sentions tous les deux prêts !
Bien comprendre les tenants et aboutissant d’un mariage mixte
Nos deux années de couple nous avaient confirmé que la multi culturalité au sein du couple peut être un défi permanent. Ce, d’autant plus que la communication passe par une troisième langue (à l’époque, l’anglais). Dès lors, ne soyez pas étonné.e. Les principales causes de frictions sont liées à la culture de l’un et de l’autre. L’apparence française versus le pratique japonais, gueuler à la gauloise contre le silence nippon, le zen japonais versus le caractère latin… C’est à la fois enrichissant – on change et on s’adapte au contact de l’autre, mais c’est aussi à prendre en compte avant de se marier !
Nous avions discuté de nos valeurs, de ce que le mariage signifiait pour chacun de nous. Des enfants, de l’éducation, de notre vision du futur à deux sur 10, 20, 30 ans. Bref, la vie à deux c’est un jeu de Jenga quelque soit la nationalité des participants. Aussi, mieux vaut être clair avec notre partenaire de jeu dès le départ et bien communiquer sur ses attentes. Enfin, je pense essentiel d’expérimenter la vie commune dans plusieurs pays. C’est une bonne expérience pour mieux se découvrir.
Comment se marier au Japon concrètement ?
Nous nous sommes penchés sur la question du comment au mois de février. Attention, le descriptif ci-dessous correspond au cas d’une personne française résidant au Japon et d’un ressortissant japonais voulant se marier au Japon. Le parcours est donc légèrement différent si votre résidence est encore en France ou si vous êtes deux français. Par exemple, j’ai échappé à l’envoi des papiers en France et au retour du certificat par valise diplomatique. Notre dossier fut traité avec une rapidité foudroyante et en 10 jours nous avons eu le sésame français.
Certificat ? Sésame français pour se marier au Japon ?
En effet, pour avoir l’autorisation de se marier au Japon sous la loi japonaise, il vous faut obtenir un certificat remis par les autorités françaises (ambassade, consulat). Pour l’obtenir, pas besoin d’une pléthore de documents. Mais le processus est épicé ! Tout d’abord, vous devez avoir une copie intégrale de votre acte de naissance, datant de moins de 3 mois. Heureusement, l’administration française se met enfin au numérique. Si vous avez de la chance, votre mairie de naissance permettra la demande par formulaire électronique. L’envoi postal est gratuit. Comptez 9 à 10 jours pour sa réception. Ensuite, votre moitié japonaise doit aussi se procurer son acte de naissance, traduit librement, en suivant le modèle fourni par le site de l’ambassade de France.
Enfin, vous devez remplir les trois formulaires fournit en ligne : le formulaire madame, le formulaire monsieur et le formulaire commun. Vous pouvez préparer le document nécessaire au mariage japonais à l’avance (en allant le retirer aux bureaux de votre mairie). À noter que deux témoins sont nécessaires, mais les employés municipaux peuvent signer pour vous, si vous n’avez pas de généreux amis prenant sur leur temps pour remplir ce papier !
Récapitulatif des papiers pour vous :
- Acte de naissance intégral, datant de moins de 3 mois
- Photocopies du passeport et de la carte de résident
- Fiche de renseignements relatifs à chacun des époux soigneusement complété (télécharger)
- Fiche de renseignements communs (télécharger)
Récapitulatif des papiers pour le conjoint japonaise :
- Fournir le « koseki tohon » datant de moins de 3 mois avec d’une traduction libre (modèle).
- Photocopie du passeport ou autre pièce d’identité
Ce beau tas de papier peut être déposé ou envoyé par courrier. Cependant, nous devons tout de même nous y rendre personnellement pour retirer le certificat. J’avais fait le choix de déposer le dossier directement. Habitant à Tokyo c’était relativement facile.
La publication des bans
Puisque j’étais résidente au Japon, la publication des bans s’est faite dans les locaux de l’ambassade si vous êtes résident du Japon. Une dizaine de jours plus tard, l’ambassade avait délivré le certificat. Si vous êtes en France les délais sont plutôt d’un mois et demi. Le certificat de capacité à mariage est valide un an à compter de sa date d’émission.
Bon point, l’ambassade de Tokyo est très réactive et répond aux emails avec efficacité et une relative gentillesse. Cependant, soyez vigilants, mon certificat était déjà prêt depuis 2/3 jours lorsque j’ai appelé.
Remplir le papier japonais pour se marier au Japon
Le document (kekkon todoke) peut être retiré à l’avance au bureau de n’importe quelle mairie. Attention à bien le remplir ! Nous avions pris plusieurs feuillets afin de faire des brouillons. Voici un exemple en PDF (japonais). La signature et les renseignements de deux témoins sont nécessaires. Néanmoins les employés municipaux peuvent signer si vous n’avez pas de généreux amis prenant sur leur temps pour remplir ce papier. Dans notre cas, un chouette couple franco-japonais d’amis ont signé le papier.
Quel mariage au Japon ?
Bien entendu, le Japon a le mariage civil. Celui-ci est très administratif et sa date n’a aucune valeur. Aucun geste symbolique, aucun « oui », aucune signature emblématique. On drop le papier au bon guichet et paf, vous voilà mariés.
Le mariage traditionnel est le mariage shintô (religieux), très précis et symbolique. Cependant, à partir des années 80, il passe de mode et est dédaigné au profit des mariages à l’occidental. Les japonais se marient dans de grands hôtels avec des chapelles pour unir des couples dans un décorum absolument kitchissime. Le mariage shintô fait finalement un beau retour dans les années 2000.
Et nous ?
Simplicité et charme de l’escapade à deux l’emporta sur toute organisation. Zéro alliances, zéro costume et robe, zéro fanfare. On s’est sauvé dans la campagne japonaise. Mon mari m’a demandé si j’avais vraiment envie de me marier à la mairie de Shinjuku, au milieu du quartier chaud de Tokyo. Je n’étais pas emballée non plus.
C’est ainsi que nous avons donc choisi de partir et aussi de nous marier le premier avril. Façon de jouer avec les nerfs de nos proches.
Certificat en poche et papiers préparés, nous sommes enfin allés nous marier à la mairie d’Iwamura, dans la préfecture de Gifu.
Ce ne fut pas tout à fait facile !
En effet, notre demande leur sembla totalement étrange ! Comme je l’ai mentionné précédemment, le mariage civil n’a guère d’importance aux yeux des japonais. La date ne compte pas, tout comme le lieu. En toute logique, nous aurions dû nous marier à Shinjuku, notre quartier de résidence, ce qui aurait pris une vingtaine de minutes à tout casser.
Notre arrivée dans les bureaux de la municipalité d’Iwamura ne passa pas inaperçue. Notre dossier leur demanda plus d’une heure de travail, à vérifier chaque information, point par point : adresse, carte d’étranger (sorte de carte d’identité), passeport, certificat de l’ambassade. Si officiellement seul le certificat accompagné du passeport suffit, officieusement, on pourrait vous demander d’avoir votre acte de naissance sur vous et de le traduire sur place. Ils sont allés jusqu’à appeler l’immigration pour vérifier que tout était en règle. Enfin, après une heure, les employés de l’état civil nous ont déclaré que sous réserve d’acceptation nous « étions » mariés… Un peu perplexe, nous avons failli partir sans récupérer nos passeports !
Notre mariage au village Iwamura, dans la préfecture de Gifu | Amelie Marie In Tokyo
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frenchynippon
Tout d’abord, félicitation (avec quelques mois de retard) !
Mon mari et moi nous étions mariés administrativement a la mi-Avril puis nous avons fait la cérémonie fin juillet. Je me souviens qu’après avoir déposé notre dossier de mariage a la mairie, je n’avais même pas l’impression d’être mariée.
Concernant la date d’anniversaire de mariage, nous nous avons choisi celle du mariage civil car, même s’il n’y avait eu aucun cérémonial, c’est celui-ci le mariage officiel sur les papiers. Pour la cérémonie occidentale, dans un resto français disposant d’une chapelle, c’est un prêtre qui nous a mariés, mais je ne peux pas certifié si c’était un vrai prêtre ou juste un étranger « déguisé » en prêtre pour la journée.
Claire ( Mes Recettes Sucrées Salées)
Félicitations pour ce mariage pour le moins original 😉
Amélie-Marie
Merci beaucoup 🙂
liochandayo
Toutes mes félicitations !
Prefecture de Gifu, Iwamura et son château | Le Japon par la lorgnette
[…] non sans quelques difficultés, tant notre demande leur sembla étrange. Comme je l’ai mentionné précédemment, le mariage civil n’a guère d’importance aux yeux des japonais. La date ne compte pas, […]
Osaka
Et donc, 3 jours apres le 1er avril, on peut dire « Félicitations » ? 🙂
Amélie-Marie
Oui ! Mais ça aura vraiment été étrange. Ils ont passé plus d’une heure à vérifier chaque information, à nous faire comprendre que nous aurions du faire le document à Tokyo. J’ai aussi traduit sur place mon extrait d’acte de naissance. Ils n’étaient pas sûrs que cela soit « accepté ». C’est le lendemain qu’ils nous ont appelé pour dire « c’est bon! ». OUF !
Osaka
Les administrations c’est partout pareil, ils decouvrent souvent ce que les gens peuvent ou ne peuvent pas faire :/
Félicitations donc !
Aurore
Je suis tellement heureuse pour toi, pour vous 🙂
j’espère vous revoir bientôt et qui sait, peut-être le temps d’un séjour au Japon…
gros bisous
Amélie-Marie
Merci beaucoup, et je serai ravie de t’accueillir si je suis dans les parages !