Mon amour pour les papeteries japonaises n’a pas de limite !
- Amélie Marie
- 27 février 2014
- Japon
On a toujours une bonne raison d’aller dans des papeteries japonaises ! Que vous soyez de passage, étudiant ou que vous travaillez au Japon, je suis certaine qu’elles ne peuvent que vous plaire.
Les papeteries japonaises, des lieux de perdition où l’on claquerait des fortunes l’air de rien.
D’un côté, des classeurs résistants, aux spirales astucieuses, modulables avec pochettes, feuillets de rangement, accroche stylo. Ou encore des protections contre l’humidité. De l’autre, des cahiers de diverses tailles basiques ou stylés, au papier parfois étanche. Des agrafeuses sans agrafes, crayons, stylos, marqueurs rechargeables. Les papeteries japonaises sont sans fin !
Dans les rayons, on déniche aussi des stickers pour personnaliser ses agendas ou cahiers, mignons ou humoristiques, des post-its fantaisistes … Enfin, les marques sont très présentes. À moins de ne se rendre dans un 100¥shop où l’on peut dénicher à peu de choses près, les mêmes fournitures mais de moindre qualité.
Ma madeleine de proust, l’odeur du papier neuf
Au milieu de ces merveilles, je me rappelle mon grand père paternel. Effrayé sans doute d’une pénurie d’encre et de papier, il entassait dans les alcôves d’un bureau de bois vernis, des trésors de papeterie. Aurait-il mis les pieds au Japon, il se serait peut-être senti au paradis, et reconverti dans l’import-export.
Mon choix de prédilection se révèle être la marque Pilot, plus particulièrement la gamme Frixion, inconnue pour moi jusqu’alors. Il s’agit d’une technologie permettant d’écrire et d’effacer à l’aide d’une gomme étrange fixée sur le capuchon le plus souvent ou à l’extrémité du stylo. Elle se décline dans tous les formats de mines, dans toutes les couleurs, marqueurs inclus.
Des stylos à l’encre effaçable, outil de libération de la tyrannie de l’effaceur (puant), du blanco (collant) ou encore de la souris Tippex, ce n’est pas tout à fait nouveau. Je me souviens de leur apparition alors que j’étais une gamine du primaire. La révolution semblait s’amorcer, libérée que j’étais du porte-plume. Que c’était amusant de gommer l’encre ! Bien vite, ils furent bannis. Condamnés par nos maîtres, en rage devant nos cahiers salis et tachés par une encre qui ne séchait pas. Depuis, traumatisée sans doute par les exigences du corps enseignant, tuant toute tentative d’originalité et de ludisme dans nos trousses (ah, ce bleu turquoise honni car illisible, mais qui faisait rêver les collégiennes), je n’avais plus lâché le bic.
Les papeteries japonaises sont des alliées de choix pour les études de japonais !
2013, me voilà au Japon, face à un constat. La beauté de cette langue exige de la finesse dans l’écriture des syllabaires et des kanji. Adieu le bic, à moi l’exploration des rayons des papeteries nipponnes. Je ne rechigne jamais devant la perspective d’acheter des fournitures de bureau. Sans doute un reste de cette fébrilité naissant les quelques jours précédents les rentrées scolaires. Cristallisation des espoirs et angoisses, qui dans le nouveau cartable, qui dans la nouvelle trousse.
Les asiatiques, particulièrement les japonais et les coréens, souffrent pendant des années d’études intensives, compétitives, machines à hacher menu la vivacité de jeunes esprits. La négation de la différence et de la créativité, dans un contexte de bagne scolaire – véritable formatage obéir, servir la société, bachoter, tient d’une violence qu’il est sans doute difficile de mesurer pleinement. L’apprentissage est mécanique, borné, répondant à des QCM pointilleux et généralistes. Sans aller jusqu’à dire qu’on fait des élèves nippons des machines, on peut très certainement parler d’un contrôle de la diversité intellectuelle. Les élèves ne peuvent généralement pas contredire leurs professeurs, sous peine d’être punis, battus ou expulsés.
Dans ce contexte, je ne peux m’empêcher de voir l’abondance des fournitures scolaires comme une porte vers l’expression de sa personnalité. Une manière de transgresser ce système qui tape dans le clou qui dépasse. Objets trop kawaii 1, plutôt high tech, ou humoristiques, permettent à tous d’intégrer de la couleur dans un univers de course à la montre. De se singulariser. Un peu.
Ne peut-on voir alors dans ces post-it en forme de chat, ces stylos décorés à l’effigie des animés et manga du moment, ces objets pratiques et ludiques un moyen, peut-être, d’adoucir discrètement un quotidien éreintant, un pied de nez à l’uniformisation sociale ?
1. [« mignon » en japonais]
Brett Rossi
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Amélie-Marie
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