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Publier ou ne pas publier une histoire en ligne ?

Les envies d’écrire, c’est comme les envies de faire pipi des vessies hyperactives. Ça vous prend à des moments inopportuns, vous colle des angoisses à n’en plus finir et au final, on n’est jamais certain d’être complètement satisfait. Du moins, c’est ainsi que je le vis.

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Alors que mon esprit s’éveille de son engourdissement et fourmille d’idées, j’ai pesé le pour et le contre de publier en ligne, cherchant notamment des plateformes propices à cette exécution. Je n’en ai trouvé aucune convaincante. Entre celles qui veulent ranger nos récits dans de jolies cases, les autres qui pondent des questionnaires de personnalité digne d’un magazine télé, et la dernière catégorie, la pire, qui presse à la course aux likes, j’ai finalement opté pour créer une catégorie à part sur ce blog. Je m’excuse auprès de ceux qui sont moyennement convaincus par mes divagations et qui viennent surtout ici pour une dose de Japon. Le Japon ne sera jamais très loin – diantre, il est même au coeur de cette affaire, mais je traîne dans une introduction sans fin.

Pour

Mettre en avant son travail est gratifiant et je suis certaine que l’on puise dans les encouragements reçus la force d’aller de l’avant.

Contre

Je suis réticente à l’idée d’un travail dépendant d’un retour extérieur. D’une part, parce que la critique (non) constructive peut être destructrice, d’autre part, je me demande si exposer un processus de création tâtonnant a du sens (?).

Pour

J’ai beau relire mille fois mes textes, l’orthographe, la grammaire et la concordance des temps me font des misères. Un oeil extérieur est souvent plus à même de repérer coquilles et maladresses. Beau coup de pouce pour progresser (merci à tous ceux qui prennent le temps).

Contre

L’acte de créer ne suit pas une courbe droite d’un point A à un point B. La correction est intimement liée à la progression à la fois du récit, mais aussi du style (voulu, non voulu). Une fois un texte publié, saurais-je revenir en arrière ?

Pour…

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Elle bloque de nouveau sur sa page et mordille le capuchon de son stylo. L’écriture manuscrite, s’est-elle dit, offre sans doute une autre manière d’aborder la matière. En vérité, c’est encore une fois reculer face à l’ampleur de la tâche.

Depuis hier germent en elle les fragiles bourgeons d’un récit. C’est très handicapant, d’ailleurs, car elle en perd le fil de la réalité. « Allô ? On prend de la laitue pour ce soir ? – Hein ? – Laitue, ce soir ? – Attends, je peux pas te répondre, je dois absolument noter là maintenant, tout de suite – … « . Les néons violents du supermarché, le jingle infernal qui tourne en boucle (« Trois fois plus de points, trois fois plus de points, c’est le jour du trois fois plus de points »), sont à deux doigts de lui faire perdre les pédales alors qu’elle tente de prendre en note quelques phrases sur son téléphone portable.  » – Je veux bien, moi, mais noter quoi ? – Tu sais, ce projet là, elle rougit un peu, parce qu’à voix haute, ça sonne ridicule et pédant, de livre. – C’est bien, c’est bien, trois ans que tu en parles, mais ça ne m’avance pas. Laitue, oui, non ? ».

Des prénoms (« Pas Julie, parce que, je ne sais pas, ça colle pas. Par contre, cette Juliette me plait beaucoup. »), des brides de dialogues lui viennent en tête, mais elle a déjà perdu beaucoup de temps. Au lieu de s’atteler à organiser ses pensées, elle a passé la matinée à réorganiser les livres sur son étagère, puis les vêtements, puis le placard de l’entrée. Tout plutôt que de se poser, là, dans son fauteuil avec son ordinateur portable, à profiter des rayons de soleil avant que ceux-ci ne glissent chauffer la façade d’à côté.

Deux décisions, l’une, d’écrire au moins 1000 mots par jour. Que ce soit son manuscrit, un article de blog ou un poème à deux balles. C’est comme le vélo, enfin, plus exactement, c’est comme ne pas tomber de vélo. Surtout ne jamais s’arrêter de pédaler . L’autre, de ne pas entièrement publier ce sur quoi elle travaille. Très incertaine de la direction à prendre et des résultats, elle se voit mal étaler sur la toile son chaos intérieur.

« – C’est une fenêtre ouverte sur une histoire d’une nana qui cherche à raconter des histoires. »

9 Comments to “Publier ou ne pas publier une histoire en ligne ?”

  • Rill

    owi !
    Raconter des histoires, c’est passionnant des deux cotés 😉
    Continue <3

  • Amandine

    J’adore ce concept, ça te va très bien et tu le fais à merveille ! <3 si tu tiens à mille mots par jour c'est déjà incroyable, un demi nano x) bon courage pour la suite

  • Marie

    Bonjour Amélie,

    Je suis de celles qui sont arrivées sur ton blog grâce au Japon et qui y sont restées grâce à ton style.

    Même si je ne lis pas tous tes articles (parce qu’une journée ne fait que 24h), j’aime beaucoup ta façon de raconter les choses. Se lancer dans une nouvelle aventure n’est jamais chose facile. Et la trouille du regard des autres et sa propre auto-critique n’arrangent jamais les choses…

    Mais récemment j’ai rencontré des gens sur internet qui osent et se jettent à l’eau. En lisant tes mots ce soir, j’ai tout de suite pensé au Canard à l’orange (https://www.canardalorange.com/moi-morgane-sifantus ). Elle propose des ateliers d’écriture mais rien qu’en lisant ses articles et sa façon de faire / voir les choses, cela décomplexe beaucoup.

    Si j’ai une suggestion à faire : « suis ton intuition ».
    … et puis sur un blog, si un post ne te plait pas, tu pourras toujours le supprimer plus tard ;-).

    Bonne continuation !

    • ameliemarieintokyo

      Bonjour Marie, merci d’avoir pris le temps de m’écrire ce gentil message qui me donne du baume au coeur. Je note précieusement la référence car cela m’intéresse beaucoup de participer à des ateliers justement :). Merci encore !

  • Veronik

    J’aime lire votre blog Amelie, surtout depuis l’histoire du mariage☺
    Vous êtes drôle, avec un style rythmé et bien à vous. Je ne peux que vous encourager à écrire, si c’est quelque chose qui vous fait palpiter et qui vous donne envie…
    Je ne connais rien aux problèmes d’édition en ligne, aux plateformes…
    Je vous dis simplement que vous êtes douée. Ecoutez côté coeur et lancez-vous ☺
    Veronik

    • ameliemarieintokyo

      Merci beaucoup de ce très gentil retour et d’avoir pris le temps de m’encourager ! Cela me donne véritablement envie de me lancer :).

  • Maëva

    Bonjour Amélie 🙂
    C’est la deuxième fois (je crois) que je commente ton blog, que j’aime vraiment beaucoup.
    Mais cet article me touche particulièrement, car c’est exactement ce que je traverse de mon côté. L’écriture qui tape sans prévenir, le livre qui trotte dans la tête, le choix des prénoms… Quand l’écriture nous tient, elle ne nous lâche plus 🙂
    Je te souhaite sincèrement de réussir tes projets, tu as une super plume. C’est un vrai régal de te lire !

    • ameliemarieintokyo

      Merci beaucoup d’avoir pris le temps de commenter et de ce gentil retour. Si tu as ce même virus, je ne peux que t’encourager toi aussi à suivre ton envie de gratter le papier :).

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