De quelle préfecture japonaise mon mari est-il originaire ?

La géographie du Japon n’est pas très compliquée, mais je m’y perds souvent entre préfecture, régions et îles ! Avant de parler des origines de mon mari et de préfecture japonaise, petit rappel de la géographie du pays.

Le Japon en trois cartes

On parle souvent des quatre îles principales qui sont Hokkaidô, Honshû, Shikoku et Kyûshû, mais savez-vous combien d’îles constituent l’archipel japonais ? Accrochez-vous bien : 6 852 îles ! Ce décompte n’inclut que les îles de plus de 100 m2.

Préfecture japonaise - Carte îles du Japon

Îles principales du Japon (source : Wikipédia)

Les îles principales se divisent en régions qui sont elles-mêmes divisées en 47 préfectures. Cette division administrative territoriale remonte à 1871. Il existait même une classification en 4 catégories, qui n’existe plus aujourd’hui.

Préfecture Japonaise - carte des préfectures

Les préfectures du Japon (source : Wikipédia)

J’ai trouvé intéressant d’inclure au passage une carte des accents et dialectes du pays. Car le japonais que l’on apprend en école est en réalité standardisé par le gouvernement central.

Préfecture japonaise - Accents et dialectes

Mon mari est né à Tokyo.

Il est la seconde génération de sa famille née à Tokyo. Pourtant, lorsqu’il est questionné au sujet de ses origines par d’autres japonais, il répond volontiers être de la préfecture de Gifu. C’est d’ailleurs dans cette région, plus exactement à Iwamura, que nous nous sommes mariés. Mon mari descend d’une famille de samuraï de cette région et il souhaitait faire un pèlerinage pour me « présenter » à ses ancêtres.

Je trouve cette relation aux origines très paradoxale. Car mon mari se considère originaire d’une région où il n’a jamais habité, ce malgré son caractère de tokyoite pur et dur.

Ces dernières décennies, les campagnes japonaises se sont vidées au profit du corridor de Tôkaidô, mégalopole de 1300 km qui concentre 80% de la population du pays. Sans doute, beaucoup d’habitants des grands coeurs urbains se réfèrent-ils alors aux préfectures d’origine de leurs parents et grand-parents.

Des ancêtres samuraïs du côté maternel.

Le côté maternelle de sa famille vient du village d’Iwamura. Très jeune, sa grand mère a migré pour Tokyo, aspirant à devenir indépendante en trouvant un travail de couturière. Elle fuyait la misère profonde dans laquelle sa famille était plongée depuis plusieurs générations.

Sa grand mère appartenait à un clan de samuraï de Gifu, autrefois sans doute aisé et relativement puissant. Mais la restauration de Meiji en 1868 sonne le glas de ces clans, symboles de la féodalité. Malheureusement, ces familles n’ont pas su s’adapter et trouver leur place dans cette réorganisation de la société. Avec la perte de leur statut social, les samuraïs ont progressivement perdu leurs terres et richesses. C’est une véritable déchéance pour beaucoup est allé jusqu’à la vente du nom de famille et des armoiries. C’est exactement ce qui s’est passé avec sa famille maternelle.

Après avoir migré à Tokyo, elle s’est mariée et a donné naissance à la mère de mon mari.

Sa grand-mère s’est marié avec un descendant d’une caste de « servants ».

Son grand-père, côté maternel encore, vient d’une caste de servants un peu particulière.

Durant l’ère Edo, le shogunat tient le pays d’une main de fer et met en place un système d’otage politique. Les aristocrates japonais doivent laisser leurs femmes et enfants à Edo (Tokyo) et retourner vivre sur leurs fiefs. Les otages étaient alors laissés aux bons soins des hatamoto, c’est-à-dire de vassaux qui sont au service d’une famille. Son grand-père descend d’une famille de hatamoto. Il est né à Tokyo.

Le père de mon mari est né et a été élevé dans la préfecture de Gunma.

Côté paternel, les ancêtres de mon mari servaient apparemment le clan Suwa. Après avoir fini le lycée, son père est allé à Tokyo pour poursuivre ses études. Inscrit en sciences, il s’est rebellé pour se réorienter et étudier la philosophie.

Mon mari n’a rencontré qu’une seule fois ses grand parents paternels et ne s’en rappelle que très peu. Je sais que c’est une famille assez étendue et surtout, très très traditionnelle.

À cause de cela, le contact a été perdu il y a très longtemps. Les brouilles de famille, ça n’a pas de frontière ni de nationalité !

Au Japon, la hiérarchie sociale de la famille compte encore dans le choix de la préfecture japonaise d’origine.

Vous l’avez compris, comme pour beaucoup d’entre nous, sa famille vient d’un peu partout. Alors pourquoi cette fixation sur la préfecture de Gifu ? Sur le coup, il n’était pas sûr.

Mais en réfléchissant, il a réalisé que c’était une forme de rappel de la hiérarchie sociale encore très prégnante au Japon. Le côté socialement le « plus » fort (et bien que ça n’ait pas grand sens dans notre société actuelle !) est celui des ancêtres samuraï. Conséquence de quoi, Gifu l’emporte sur Gunma et Tokyo.

Il s’est d’ailleurs fait la réflexion que dans cette même logique, c’est le nom de famille maternelle qui aurait dû être privilégié. En effet, même si au Japon l’épouse change de nom, ce n’est pas systématiquement le cas. Si la famille de l’épouse est plus noble, plus puissante, plus riche, c’est l’homme qui change son nom.

Vocabulaire japonais

Japonais Romaji Français
日本列島 nihon rettou Archipel japonais
都道府県 todoufuke Préfecture japonaise
太平洋ベルト taiheiyou beruto Mégalopole japonaise, corridor du Tôkaidô

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