onomatopées japonaises

La richesse des onomatopées japonaises

Si vous espériez vous passer de leur apprentissage, c’est peine perdue. Les onomatopées japonaises (オノマトペ) sont indispensables au quotidien et sont très employées autant à l’oral qu’à l’écrit.

En effet, les onomatopées reproduisent non seulement des bruits, mais aussi des sensations, des émotions, atmosphères et situations. Bref, elles peuvent peindre des images sonores.

Ainsi il est fort probable qu’au cours de votre apprentissage du japonais, vous ayez appris des mots sans même savoir qu’il s’agissait en réalité d’onomatopées. C’est par exemple le cas avec yukkuri, qui signifie lentement ou pera pera qui signifie “couramment” (en parlant d’une langue étrangère).

Les onomatopées japonaises me font perdre mon latin !

Il faut tout d’abord noter qu’il existe, en japonais, plusieurs catégories d’onomatopées dont la distinction est encore en débat dans la linguistique japonaise. Cependant, nous pouvons dresser deux grandes catégories distinctes d’onomatopées :

擬音語 (giongo) : c’est ce qui se rapproche le plus de la définition de nos onomatopées françaises (« crac, boum, snif »). Il s’agit de la représentation des sons. Au sein de ce groupe, les japonais distinguent les sons produits par les êtres vivants : 擬声語 (giseigo). Par exemple, les cris des animaux,  鳴き声 (nakigoe), font partie de ce sous-groupe. 

擬態語 (gitaigo) : ce groupe rassemble les onomatopées qui ne représentent pas des sons à proprement parler mais un état physique (“extérieur”, 擬容語), émotionnel (“intérieur”, 疑情語) ou encore une action.

Ces catégories sont perméables, c’est-à-dire qu’une onomatopée peut se retrouver à cheval entre plusieurs catégories et avoir donc plusieurs sens. C’est par exemple le cas de カチカチ (kachi kachi), reproduisant un cliquetis métallique ou encore la tension d’une situation ou l’obstination d’une personne têtue. Même situation avec l’onomatopéeくちゃくちゃ (kucha kucha), mâcher bruyamment ou un visage froissé et l’onomatopée かつかつ (katsu katsu), reproduisant le bruit des sabots ou se traduisant par “à peine” (« à peine s’en sortir financièrement » ou « à peine le temps d’attraper un train »).

L’écriture des onomatopées japonaises

Les onomatopées japonaises se repèrent très facilement. La majorité d’entre elles consiste en un redoublement de syllabe tel que peko peko (avoir l’estomac qui gargouille) ou niko niko (sourire). Grammaticalement, les onomatopées peuvent servir d’adverbes, d’adjectifs mais aussi de verbe : ペコペコする (peko peko suru, “j’ai l’estomac qui gargouille” = “j’ai faim”).

En règle générale, les onomatopées s’écrivent avec les syllabaires hiragana et katakana, mais ne vous y trompez pas, certaines ont bien des kanji !

鬱々 (utsu utsu): avoir le cafard

長々 (naga naga) : qui n’en finit pas, long 

Heureusement, l’usage des kanji est souvent réservé à la littérature.

Par ailleurs, l’école japonaise semble désormais enseigner l’écriture des onomatopées de type 擬態語 (gitaigo) avec les hiragana, et l’écriture des 擬音語 (giongo) avec les katakana. Cependant, cette règle ne coule pas de source pour les japonais eux-mêmes et le débat est ouvert sur cette récente distinction perçue comme inutile et complexe. Les plus braves d’entre vous pourront même lire une courte étude (en japonais) sur l’impact sémantique du choix d’un syllabaire ou de l’autre sur les onomatopées.

Il est impossible pour moi de dresser une liste exhaustive des onomatopées japonaises, mais je ferai de mon mieux pour vous offrir une petite escapade dans cet univers !

(Psst : pour les fous furieux qui souhaitent s’y frotter : 2610 onomatopées)

Giongo, les sons 

Les onomatopées les plus classiques

Atchoum : ハクション (hakushon)

Goutte de pluie : ポツポツ (botsu botsu)

Forte pluie : ザーザー (zaa zaa)

Rot : ゲップ (geppu)

Sonnerie du téléphone : プルルル (purururu)

Bruit d’un bisou : チュー (chuu)

Quelque chose de croquant : パリパリ (pari pari)

Remue-ménage : バタバタ (bata bata)

Tonnerre, retentissant : ゴロゴロ (goro goro)

Les cris des animaux

Chat : にゃーにゃー (nyaa nyaa) et son ronronnement ごろごろ (goro goro)

Chien : わんわん (wan wan)

Grenouille : ゲロゲロ (gero gero)

Canard : がーがー (gaa gaa)

Tanuki : キューンキューン (kyuun kyuun)

Renard : けんけん (ken ken)

Tortue : む (mu)

Gitaigo, sensation, émotion et action

Cette catégorie est moins évidente à comprendre car il se s’agit plus de reproduire des bruits mais de nous offrir une palette de nuances, une coloration sonore de notre état physique ou émotionnel ou encore de notre manière d’agir et d’être.

Avec entrain, joyeusement : いそいそ (iso iso)

Être dispersé, en mille pièces : ばらばら (bara bara)

Excité, joyeux : わくわく (waku waku)

Paresseux : ごろごろ (goro goro)

Lisse : すべすべ (sube sube)

Rugueux : ざらざら(zara zara)

Je vous invite à consulter cette page pour plus d’exemples : liste alphabétique

Ouvrages de références

Il existe divers ouvrages dédiés à l’apprentissage des onomatopées qui pourront se révéler utiles si vous apprenez la langue.

1 – La bible : 擬音語・擬態語4500 日本語オノマトペ辞典

Ce dictionnaire des 4500 onomatopées est pour les plus passionnés d’entre-vous. 

2 – Pour les étudiants : Onomato Pera Pera 

Ce manuel sous forme de manga s’adresse spécifiquement aux étrangers apprenant la langue. Il est donc probablement plus digeste qu’un dictionnaire. 

3 – Pour s’entrainer : Nihongo Tango Doriru Giongo・Gitaigo

Plutôt adressé à un public japonais, ce petit cahier d’exercice a l’air d’avoir son petit succès. Pour les curieux qui aiment apprendre par l’exercice !

4 – Le livre fait par un gaijin pour les gaijins : Jazz up your Japanese with Onomatopeia 

C’est un livre dont l’objectif est de vous encourager à utiliser plus facilement les onomatopées en japonais et de vous donner des exemples pratiques de conversation. L’idée et le format de ce bouquin sont plutôt bien, mais je trouve juste regrettable la transcription des textes en romaji.  

 

Quelle est votre onomatopée japonaise préférée ?! 

 

6 Comments to “La richesse des onomatopées japonaises”

  • Schoellhammer Roger

    Moi j’aime bien ギリギリ giri giri : arriver juste à l’heure (RV), attraper son train, éviter l’accident ou un danger, réussir un examen. Après plusieurs années au Japon, il m’arrive souvent d’utiliser sans m’en rendre compte une onomatopée japonaise dans une conversation en français,

  • mlsre

    Haha 🙂 Avec わくわく、c’était la seule que je connaissais mais je m’y frotte un peu plus car en tant qu’utilisateur (trice?) assidue de viber et des tas de stickers japonais, j’essaie de les comprendre 🙂
    Ah non je mens, je connaissais チュー aussi 😉

  • geppu

    L’onomatopée du croassement du corbeau me turlupine, j’ai beau essayé, je n’entends pas  » kaka ».
    Comme beaucoup d’autres animaux, je me dis souvent que je n’ai pas du tout la même oreille qu’un japonais.

    • ameliemarieintokyo

      Effectivement, c’est difficile car (il me semble que) la perception des sons se fait durant la petite enfance. Une fois adulte, c’est difficile de changer la perception des bruits que l’on a. J’ai du mal avec le « nyaa nyaa » des chats. Quoique je fasse, je trouve que c’est plutôt « miaou miaou » !

  • Maye

    J’ai une fille de deux ans. Autant dire que je suis très calée en onomatopées japonaise, surtout les cris des animaux xD Les sensei de la crèches nous écrivent dans un carnet les activités du jour et la moitié ce sont des onomatopées xD Le jeu préféré de ma fille par exemple c’est de faire Niko Niko, c’est a dire se balancer sur les barres des parcs de jeux. C’est pas facile a comprendre T.T

    • ameliemarieintokyo

      Ooooh, c’est trop mignon ! En cherchant sur le sujet, il paraîtrait que la compréhension des onomatopées se fait facilement très jeune et que c’est durant la petite enfance que les japonais se constituent leur stock (avec plusieurs milliers, il n’est jamais trop tôt (;_;)).

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