Louer un appartement UR au Japon
- Amélie Marie
- 19 octobre 2020
- Vie quotidienne
Amélie Marie à Tokyo a… encore déménagé et cette fois, pour un appartement UR dans la ville de Yachiyo, à Chiba. Si tous les deux ans ou presque j’ai la bougeotte, cette fois-ci j’ai fait… très fort. Nous avons changé de ville, de préfecture et d’environnement. La totale.
Appartement UR, kezako ?
Jusqu’ici, tous mes appartements appartenaient au parc locatif privé, c’est-à-dire un peu l’arnaque. Dans le centre de Tokyo où nous tenions à rester, il n’y a guère d’autre choix, à moins d’avoir envie de faire une colocation. Cette fois-ci, nous avons décidé de tenter le parc locatif immobilier semi public géré par un organisme administratif indépendant appelé UR pour Urban Renaissance.
C’est cette expression qui est préférée à son titre plutôt longuet de 独立行政法人都市再生機構 en japonais. En 2014, l’agence UR gérait environ 750,000 propriétés dans le Japon et sans doute plus aujourd’hui.
Non seulement UR est flexible, mais ils ne font pas de discrimination : les logements sont disponibles pour tout le monde, y compris les résidents étrangers, du moment que vous êtes financièrement capable de payer le loyer.
L’agence UR ne fait payer aucun frais de dossier, de renouvellement de contrat, de frais de courtoisie (le fameux 礼金 que l’on paye en temps normal au propriétaire) et ne demande pas de garant.
Est-ce facile de louer en UR ?
Oui, du moment que vous comprenez suffisamment le japonais pour vous y retrouver lors de la signature du dossier ou que vous passez par une agence s’occupant d’UR avec du personnel parlant anglais. Ne pas savoir le japonais n’est en soi pas un obstacle, mais vous aurez du mal à vous y retrouver.
L’étude du dossier est franchement rapide. Nous répondions à tous les critères aussi nous avons signé le contrat le jour même du dépôt des preuves justificatives.
Est-ce similaire au HLM en France ?
Je ne suis pas certaine de pouvoir répondre avec certitude à cette question qui m’a été posée. Je suis tentée de dire que sur le fond non, UR n’est pas l’équivalent d’une HLM car les loyers des appartements UR sont indexés sur le marché et peuvent être très élevés. Au sein d’un même immeuble, vous pouvez avoir plusieurs gammes de logements, parfois aménagés en partenariat avec Muji ou Ikea.
Sur la forme, il s’agit de barre d’immeubles, souvent groupées ensemble avec petits parcs et zones de jeux pour les enfants. L’accès à l’espace entre ces immeubles, bien que non contrôlé, n’est en principe pas autorisé aux personnes extérieures. Les animaux n’étant pas autorisés, le voisinage ne peut par exemple pas y promener leurs chiens.
La création et le développement de l’agence UR correspond à la période de l’après guerre durant laquelle les villes se développent rapidement et font face à une pénurie de logement. Les maisons laissent place aux immeubles qui permettent de loger plus de monde. Mais l’accès reste difficile et cher.
Le concept derrière UR est de pallier au manque de logement ainsi que de lutter contre la difficulté d’accès à la location pour certaines minorités. Les propriétaires ne sont pas tendre avec les familles, les jeunes adultes, les personnes âgées et les mères célibataires. Cette « renaissance urbaine » se veut communautaire et inclusive, pour une société meilleure.
Lors de mes recherches, je suis donc tombée sur des appartements indiqués comme étant disponibles uniquement pour certaines catégories sociales, car particulièrement adaptés à leurs besoins.
Premier arrivé, premier servi
Un grand avantage de recherche un logement via le système UR (sur le site en ligne ou en agence) est que le logement est immédiatement mis hors disponibilité lorsque vous réservez une visite. Vous êtes donc garanti de le visiter sans que personne d’autre ne puisse soumettre un dossier de location pour ce même logement. Pas de risque que, le jour J, l’appartement UR soit parti (une mésaventure très fréquente au Japon).
Cette mise de côté est aussi un inconvénient car elle obéit à la loi du premier arrivé, premier servi. Or tous les immeubles UR ne se valent pas en terme de qualité. Le programme a été fondé en 1955. Certains bâtiments ont vieilli et même si le gestionnaire en prend soin, vous pouvez trouver des locations sans un système de cuisine dit intégré (il faut donc acheter une plaque) et avec que des pièces en tatami (ce qui veut dire : pas de meuble !). Les UR dans le centre de Tokyo et les immeubles récents sont donc « pris d’assault » avec parfois des listes d’attente prioritaires.
Pourquoi déménager maintenant ?
Nous télétravaillons à 100% tous les deux et n’avions plus grand intérêt à être dans le centre de Tokyo. Ne vous y trompez pas, j’adore Tokyo et elle reste ma ville de coeur. Mais travailler de chez nous dans un 1DK (un appartement avec une chambre et une cuisine) n’était plus possible.
Comme pour beaucoup d’entre vous, cette année mouvementée nous a fait beaucoup réfléchir à notre environnement de vie et ce à quoi nous aspirons. Nous avions envie de changer d’air.
Pourquoi un appartement UR à Chiba ?!
Nous avons passé des mois à éplucher les annonces dans différents quartiers de Tokyo, poussant toujours plus loin nos recherches afin de trouver un loyer plus raisonnable. Nous avions plutôt envie d’être du côté de Hachioji et du Mont Takao. Malheureusement, les logements que nous avons visité étaient pour la plupart assez vieux et défraîchis. Pour faire baisser notre loyer, il aurait fallu aller relativement loin de mon bureau en terme de transport. Or l’éventualité qu’on nous fasse revenir planant, j’ai préféré ne pas avoir plus de 1 heure porte à porte (adieu le vélo à Tokyo !).
Nous sommes tombés sur notre appartement vraiment au hasard, dans une ville que nous ne connaissions pas et sur une ligne de train que nous n’avions jamais empruntée. C’était la première fois que je voyais une annonce d’un appartement UR avec des photo aussi prometteuse. Situé au 14ème étage, catégorie premium (c’est à dire fraichement rénové) et une grande terrasse. Nous avons réservé notre visite et sommes allés dans cette ville de banlieue/campagne un peu au milieu de nulle part. Et nous sommes tombés absolument amoureux du logement.
Vous êtes contents ?
Absolument. Et je recommande chaudement d’envisager cette location au Japon.
On avait des craintes, notamment de bruit ou de voisinage. Mais je suis épatée de voir que, dans un si grand immeuble, nous n’entendons quasiment personne. Les lieux sont très propres et entretenus tous les jours. Des agents au service des résidents sont aussi présents tous les jours dans un bureau d’accueil. Au moindre souci, vous avez un interlocuteur sur place. Nous avons bien vu quelques notices dénotant de certains couacs (« interdit de fumer sur les balcons s’il vous plait »; « ne laissez pas vos poubelles dans les couloirs les jours de ramassage » etc), mais avec 54 appartements par immeubles, cela se devait d’arriver.
Les personnes appréciant la vie en communauté peuvent rejoindre l’association des locataires. Des activités culturelles (calligraphie) et sociales (pique-niques etc.) sont aussi organisées au sein même des UR qui ont d’ailleurs des salles aménagées pour les réunions de résidents.
Et Chiba ?
Nous sommes dans une ville dortoir quelque peu artificielle. Ce n’est pas très sexy. Dès que l’on sort de la grande artère de la gare, les rues tournent vite à la route de campagne et adieu le trottoir. Les premiers jours, nous étions déboussolés par le manque d’aménagement et d’entretien de la ville elle-même.
Là où nous sommes, le nombre de famille a doublé en 30 ans, avec une augmentation de la population d’environ 40%. C’est une pression énorme et ça va dans tous les sens. Lorsque l’on se promène, on passe vite de la ville à la campagne avec de grands champs et soudain… Un regroupement de maisons complètement neuves sorties de nul part.
Côté nature on est servi avec bords de rivière aménagés et des parcs un peu partout. Ma seule bête noire, les terrains de golfs un peu partout qui nous vole de grands espaces verts !
Côté commerce, on ne manque pas de grands supermarchés et de pâtisseries. Les restaurants en revanche, ne sont pas légions. Il faut faire un peu plus de marche qu’à Tokyo.
Le mot de la fin
Personne ne nous l’avait dit, mais notre balcon donne une vue fantastique sur le Mont Fuji.
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Valerie
Bonjour Amélie, je découvre seulement votre blog et je me régale! Deux voyages au Japon seulement et l’envie d’y retourner – le Covid me met des bâtons dans les roues. J’adore vos histoires du quotidien – c’est ce qui fait vraiment appréhender un pays et ses habitants. Gambatte kudasai!
Emilie
Superbe retour de votre expérience de déménagement et emménagement… merci.
On aura droit a une visite virtuelle de l’appartement ? 😛
Amélie Marie
Merci ! Oh oui, tiens pourquoi pas :). Je vais inclure quelques photos dans une future version de cet article.
Romain
Super intéressant, merci beaucoup !
Amélie Marie
Merci d’avoir apprécié cette lecture et de me laisser un si gentil message 🙂
Arisa
Tu me donne envie de déménager XD Mais je dois d’abord finir mes études. Mais le temps que je finis, j’aurais la quarantaine XD
Amélie Marie
Oups ! 😀 Bon courage pour ces études de longue haleine !
FABI
Bon emménagement C’est toujours enrichissant de lire vos billets !
Amélie Marie
Merci beaucoup Fabi, cela me fait rudement plaisir comme message !
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