Ikigai : donnez un sens à votre vie et trouvez le bonheur
- Amélie Marie
- 21 octobre 2020
- Japon, Société et Culture Japonaise
Trouvez votre ikigai, trouvez le bonheur. Voilà en résumé une bien belle philosophie japonaise que nous devrions tous appliquer !
Une façon de voir la vie… ancestrale
Cette philosophie japonaise remonte à l’ère Heian (794-1185) et motive les japonais à sortir du lit le matin depuis des siècles ou presque. Composé du mot « vie » (iki) ainsi que du concept quelque peu difficile à transcrire en français « valeur de faire une action » (gai), ikigai traduit que, en accordant de la valeur à nos actes, notre vie nous rend heureux.
Les japonais l’appliquent-ils vraiment tous les matins ?
Non, bien sûr. C’est un concept, certes japonais, certes ancien, mais surtout popularisé dans le milieu du développement personnel. Les articles sur la recherche du bonheur à travers la découverte de son ikigai est particulièrement en vogue dans les magazines féminins japonais.
C’est aussi un sujet de prédilection des émissions de variétés nipponnes, les journalistes ne manquant pas d’aller interroger les communautés centenaires du Japon. À Kyotango, du côté de Kyoto, un reportage télévisé a mis en lumière que les personnes âgée de plus de 90 ans s’adonnant à leur passion quotidiennement présentent des taux élevés de DHEA. C’est une hormone surnommée « l’hormone de la longévité ». Alors, faire des choses qui rend heureux, est-ce la clé pour vivre longtemps ? Scientifiquement, tout reste à prouver, mais notre « bon sens » nous souffle que ce n’est pas une mauvaise théorie.
Il existe cependant bien une région japonaise où l’ikigai est, semble-t-il, vraiment appliqué au quotidien des habitants. Il s’agit de l’archipel d’Okinawa, connu pour avoir trois fois plus de centenaires qu’ailleurs. À Okinawa, les japonais vivent à un rythme plus lent que sur les îles principales du Japon. Ils font même ombrage au fameux quart d’heure de retard français en arrivant à leur rendez-vous lorsque bon leur semble.
Finalement, si ce petit mot vous est déjà parvenu, c’est que, facile à prononcer avec un concept faisant mouche, cette idée d’ikigai s’est très bien exporté à l’étranger.
L’ikigai est une question d’harmonie entre vous, vos besoins et le monde dans lequel vous vivez.
Plus facile à dire qu’à faire, l’ikigai enseigne que, pour donner du sens à notre vie, nous devons travailler la perception que nous avons de nous-même, de nos besoins réels et des besoins du monde. Un équilibre auquel nous aspirons tous inconsciemment et que le rythme de la vie moderne nous fait vite passer à la trappe.
Pour revenir aux bases, vous devez donc amorcer une réflexion sur vos qualités et ce que vous aimez faire. Vous devez aussi rechercher comment vous pouvez subvenir à vos besoins matériels en menant des activités qui vous plaisent et prendre en compte si cela répond aux besoins de la société dans laquelle vous vivez.
Où se trouve votre ikigai ? À la croisée de ces quatre dimensions. Ce que mon mari appelle avec candeur, “sa raison d’être”.
3, 2, 1 appliquez l’ikigai au quotidien
Comment ?, me direz-vous. Et bien, tout d’abord en ne commençant pas par chambouler vos habitudes de vie. Tenter de tout changer à la fois risque de vous submerger plus qu’autre chose. Le changement, c’est l’angoisse. Nous sommes des créatures appréciant les rituels. Aussi le mieux est de s’y prendre petit à petit, à commencer par ce qui vous fait du bien. Trouver un nouveau passe-temps, développer une nouvelle compétence qui vous tient à coeur, faire un peu de sport, cuisiner une nouvelle recette…
Une stratégie appliquée par les adeptes de l’ikigai est de prendre du temps pour eux avant de démarrer leur journée, soit le matin. C’est un moment idéal pour faire un peu de méditation, du yoga, griffonner dans votre journal, lire… Vous retrouver avec vos pensées.
Durant cette période où beaucoup d’entre vous ont expérimenté bon gré, mal gré le télétravail, démarrer la journée l’esprit déjà tout à ses dossiers pèse sur votre énergie et votre moral. Alors, prenez soin de vous, afin de mieux prendre soin du monde.
Quel sens accordez-vous à votre vie ?
J’ai remarqué que cette philosophie semble fréquemment reprise, parfois détournée, comme une technique de gestion de la vie professionnelle. Or peu importe que son ikigai (« ce qui nous motive ») soit une carrière, une famille ou une année sabbatique. C’est avant tout une invitation à se recentrer sur le moment présent et à prendre plaisir dans ce que nous faisons.
Cette année 2020, particulièrement dure moralement, a peut-être provoqué chez vous pas mal de remises en question. Peut-être êtes-vous même déboussolé, en perte de repères et de sens. Ce concept philosophique est alors la parfaite invitation à reprendre les rênes en prenant conscience, petit à petit, de votre situation actuelle.
- Que faites-vous quotidiennement ?
- Est-ce que vous aimez faire cela ?
- Est-ce que cela apporte quelque chose de positif dans le monde ?
- Êtes-vous bon dans ce que vous faites ?
Enfin, l’ikigai, ce qui donne un sens à notre vie, évolue bien évidemment avec celle-ci. Ce que vous aimez faire évolue à chaque étape de votre vie. Une leçon que les centenaires japonais de Kyotango ont su enseigner aux téléspectateurs: ils ont tous trouvé leur passion une fois devenus retraités.
Herberte
Merci pour votre réponse 🙂
scrapalex37
Merci pour ce bel article.
Herberte
Le « what you can be paid for » me fait tiquer : c’est indispensable selon le schéma, ça veut dire que pas d’ikigai hors système du salariat ? Donc l’ikigai c’est une philosophie qui ne s’applique pas aux rentiers, seulement aux salariés ?
Même si c’est l’étonnement qui me fait sortir de ma lecture en sous-marin habituel, merci pour votre blog. C’est vraiment gentil de partager avec nous quelques moments de découvertes dans un pays comme le Japon.
Amélie Marie
Merci de me lire et d’avoir pris le temps de laisser un commentaire que je comprends tout à fait ! Effectivement, cette image interpelle. Elle est tirée de cette fameuse application de l’ikigai dans le développement personnel (et donc ancrée dans le monde tel qu’il est aujourd’hui, avec les exigences économiques auxquelles nous faisons face), l’idée étant de tendre vers des activités que l’aime et que l’on peut valoriser professionnellement. Je trouve intéressant de mettre cela en lumière avec le fait que les japonais âgés trouvent les activités qui leur donne beaucoup de bonheur… Une fois retraités seulement !