Faire du vélo à Tokyo et redécouvrir les rues de la capitale nipponne
- Amélie Marie
- 4 juillet 2017
- Japon
Après 4 années pleines d’expérience dans l’archipel, je me suis enfin mise à faire du vélo à Tokyo. Enfin, d’abord mon trajet maison – boulot, parce qu’il ne faut pas trop déconner non plus.
Tout a commencé avec l’approche de mon anniversaire. Non, attendez… Cela remonte à l’année dernière, lorsque j’ai eu l’occasion de faire du vélo à Tsukuba. Si vous ne connaissez pas, vous ratez quelque chose, et puis allez donc lire Nee Aman. J’ai flippé ma race (rapport à ma trouille légendaire) sur les routes japonaises. Conduite à gauche, voitures qui grillent les feux et ignorent en partie le code de la route… (Y-a-t-il un code la route au Japon? Le mystère reste entier). Mais j’avais plutôt bien apprécié l’expérience.
J’ai tanné le mari tant et si bien (trouillarde que je suis, je voulais aller avec lui en boutique) qu’il a fini par craquer. On s’est rendu dans magasin de vélo qui m’avait l’air sympa. C’est à dire qu’il y a des magasins absolument partout. D’ailleurs, j’ai un peu paniqué face à la floppée de modèles, ne sachant lequel choisir.
Au Japon, le vélo c’est quasiment une affaire d’état. Bien entendu, je n’allais pas choisir un vélo à moteur (plutôt pour les familles), ni sportif. Je ne suis pas non plus encore prête à un modèle high-tech ‘pliant’. J’hésitais donc entre un modèle de ville classique ou un « mini vélo ».
Le petit couple de vieux tenant la boutique ont été des anges dotés d’une patience infinie. On a discuté de mon expérience à vélo, de mon trajet etc. . La seule exigence de mon mari était de choisir du made in Japan (Bridgestone). Un peu chauvin l’animal ! Lors de notre première visite, ils nous ont avisé de ne pas nous décider tout de suite. La petite dame m’a tendu un catalogue après avoir marqué les pages des modèles qu’elle me recommendait. S’en est suivie une looooongue réflexion et j’ai finalement opté pour un mini-vélo de ville. C’est plus léger, plus sportif aussi et recommandé pour les distances de 5 à 7 km.
Lorsque nous sommes allés faire l’essai du modèle sur lequel j’avais jeté mon dévolu – assez cher d’ailleurs… Ils ont insisté pour que j’en essaye un autre, « plus stable et facile à manier ». J’ai en effet tout de suite constaté la différence ! Le modèle était en prime un peu moins cher. Adorables comme tout, ils nous ont fait cadeau de la TVA (8% au Japon).
Faire du vélo à Tokyo m’effrayait beaucoup je dois l’admettre. D’une part, le vélo et moi, on n’a pas toujours été copain (souvenir d’un vol plané, d’un après midi aux urgences et un poignet cassé…). D’autre part, côté circulation, au Japon, c’est un peu le flou artistique.
Il existe bien un code de la route applicable aux vélos, dont j’ai parlé il y a de cela 2 ans. Par exemple, il est interdit d’utiliser la sonnette sauf danger, d’être à deux sur le vélo (sauf siège enfant). Ou encore de porter un parapluie en pédalant ou d’écouter de la musique. Côté trottoir, les vélos ne sont pas sensés y avoir accès, sauf si le trottoir est large de plus de 3 mètres ou si la voie cyclable / route présente un obstacle. Ou encore si vous avez moins de 13 ans ou si vous êtes une personne âgée.
La réalité c’est que les vélos sont le plus souvent sur les trottoirs, que les cyclistes regardent rarement autour d’eux (genre avant de brutalement tourner dans une ruelle indécelable), s’arrêtent rarement (genre ils déboulent de ladite ruelle sans prendre le temps de s’arrêter) et respectent à peu près jamais leur code de la route.
C’est de bonne guerre parce que côté voiture, c’est la même chose. Être passée derrière le guidon m’a fait redécouvrir les rues de Tokyo. Je n’approuve toujours pas la conduite des cyclistes tokyoites. Mais depuis peu je râle en français sur les voitures qui ignorent royalement le clignotant, qui se garent sur les voies cyclables (oui, toi là) ou encore les taxis qui stoppent brutalement. Je comprends un peu plus pourquoi les cyclistes ont la frousse et montent le plus souvent sur le trottoir – ce qui ne devrait pas les empêcher de respecter les piétons, bordel. Bon vous me pardonnez, la râlerie c’est dans mes gênes de française (en vrai je suis gentille, si, si).
J’arrive la plupart du temps à rouler sur la route ou à emprunter les trottoirs assez larges. La première fois que je me suis engagée sur un grand axe routier et que j’ai traversé un grand carrefour bordélique, j’avais le coeur à 100 à l’heure et la sueur perlant sur mon front. Au fil des jours, j’ai apprivoisé mon trajet, appris à contourner les coins un peu difficiles pour emprunter des routes plus sympas et tranquilles. Je mets aussi un point d’honneur à ralentir et à laisser les piétons avoir la priorité. J’indique toujours quand je tourne avec mes bras – une pratique qui n’existe pas au Japon. Cela me vaut toujours de drôle de regards. Sauf lorsqu’ils ont le nez plongé sur leurs téléphones, ce qui est le cas dans 99% du temps… J’ai commencé à explorer d’autres trajets et faire du vélo à Tokyo ne m’effraie plus du tout!
Garer mon vélo, en revanche, c’est une autre affaire. Dans la plupart des quartiers de Tokyo il est désormais interdit et passible d’amende de garer son vélo dans la rue en dehors des espaces prévus. La plupart des espaces prévus pour sont… payants. Soit par abonnement (on colle un sticker sur sa bécane) soit par parcmètre. Les premiers jours, je me garais donc sur le parking payant pas loin du boulot. Mais force est de constater que 1) avec seulement 30 places, il est très vite plein 2) la majorité des gens se garent à côté. Pas fous les nippons !
Beaucoup vous le diront, vous ne risquez pas grand chose à vous garer n’importe où. Si vous trouvez un sticker jaune et ou rouge collé sur votre guidon, c’est pour vous signaler que si vous laissez votre bécane jusqu’au lendemain, elle va être ramassée…
Parfois le ramassage est fait sans aucun préavis et vous vous retrouvez sans vélo, l’air très bête. Il faut alors chercher, aller à la police pour découvrir si c’est un vol ou la ville qui l’a ramassé. La technique confiée par une copine? Toujours avoir un second antivol pour attacher le vélo à un poteau (les vélos japonais sont pour la plupart vendu avec un antivol intégré à l’arrière). Car, je cite « ils n’ont pas les outils pour couper les antivols ». Malin ! Je me suis un peu rebellée donc, et désormais je gare mon vélo dans un coin qui ne gêne personne, mais gratuit…
Côté météo, je prends le vélo même lorsqu’il pleut – pas trop non plus, je ne suis pas encore ravagée. Et dernièrement je me suis achetée… Un véloncho. Comprendre, un poncho à vélo, avec visière en plastique et très long devant pour pouvoir l’accrocher au panier devant le guidon et ainsi protéger mon sac.
Me voilà donc fin prête pour faire du vélo à Tokyo par tous les temps! Et vous, vous êtes plutôt piéton, deux roues, trois ou quatre roues ?
tetoy
Si je n’habitais pas si loin de mon travail j’utiliserais le vélo.
Pas de bol, c’est voiture et tramway :p
Charlotte Françoise Philippe Ghislaine
Bonjour Amélie Marie!
Je te suis depuis plusieurs mois mais je n’avais encore jamais réagi.
Au mois d’août je pars travailler pour minimum 2 ans à la British School de Tokyo, après avoir enseigné 4 ans à Manchester et 2ans à Madrid, et je vais habiter du côté de Sangenjaya. Je pense m’acheter un vélo aussi mais, comme toi, je suis une vraie froussarde. J’ai lu sur un blog anglophone l’existence d’une sorte de marché aux vélos de seconde main. Tu sais si ça vaut vraiment la peine? Je prends bonne note de tous tes conseils (notamment de l’anti-vol) parce que mon japonais est pour ainsi dire non-existant et je préfère ne pas me dire que je pourrai compter sur l’anglais. Quel budget faut-il prévoir pour le genre de vélo que tu as acheté ? Histoire que je prévois suffisamment de ¥ en arrivant (en attendant de toucher mon 1e salaire).
J’en profite pour te féliciter pour ton blog: il est bien écrit, ne tombe jamais dans le « mythe du bon sauvage » comme certains vlogs (que je suis mais qui m’agacent par manque d’objectivité et d’expérience de la vie à l’étranger), et parle autant de trucs sympa et un peu futiles que de politique. Tu m’as bien fait voyager et me rappelle indirectement, dans mes périodes de doute (« qu’est-ce que je vais aller foutre si loin? Je vais mm pas pouvoir suivre la coupe du monde! Je parie qu’ils ont pas de jamón Serrano ») pourquoi en fait j’ai vraiment hâte de chambouler ma vie une fois de plus.
ameliemarieintokyo
Bonjour Charlotte! Merci beaucoup de ton commentaire, cela me fait vraiment très plaisir et je rougis avec tous tes compliments! Mon vélo a couté environ 40,000 yen (prix de départ pour un modèle très classique à ‘grandes roues’, environ 20,000 yen). Il existe en effet des petites annonces pour tous les étrangers qui revendent leurs vélos (craigslist par exemple). Attention cependant: tous les vélos doivent être enregistrés auprès de la police (on a un numéro d’identification collé sur le vélo, et une fiche propriétaire), lors du changement de propriétaire. Autrement, tu peux être accusée de l’avoir ‘piqué’ si on te contrôle. En pratique, je ne sais pas si ça arrive fréquemment, donc no panic! Si on te le vole, l’avoir enregistré permet aussi de le retrouver plus facilement.
Sangenjaya est vraiment un chouette coin et tu n’auras pas beaucoup de km à pédaler! Je pense que le plus impressionnant pour toi de ce côté là de Tokyo, ce sera de naviguer dans la foule du côté de Shibuya.
Sinon, bienvenue à Tokyo! Le japonais ça viendra vite en potassant un bouquin pour débutant et après quelques semaines de pratique ^^. N’hésite pas si tu as d’autres questions concernant la vie quotidienne japonaise. Je vais essayer d’être un poil plus active et me concentrer sur des articles du quotidien. Au final, c’est sans doute ce que je préfère écrire (avec mes râleries).
Carole
Hello Amélie !
Bravo pour le vélo, il est beaAAaAaaauuUuuu 🙂
De mémoire, il est vrai qu’il y en a énormément à Tokyo, et j’ai été sciée aussi par leur nombre à Osaka. Notamment par ces parkings remplis ras la gueule de centaines de biclous, juste sous la station JR.
Quand j’étais sur place, j’ai essayé de voir si les vélos électriques étaient répandus ou pas. Je ne me rappelle pas en avoir vu beaucoup. Ici (à Paris en tout cas) c’est la nouvelle folie. J’en ai un depuis octobre, c’est un régal de se déplacer avec un truc comme ça. Les grosses suées après une montée ? T’oublies ! Tu arrives fraîche comme une rose au boulot. Mais pas franchement zen parce que les bus, taxis, bagnoles, piétons se conduisent comme de gros cons. (je résume mais parfois, faut savoir être direct). Faire du vélo à Paris, c’est un peu risquer sa vie all the day made by God…
Maintenant pour ta sécurité, n’oublie pas le casque et réfléchis à un rétro (c’est hyper sécurisant l’air de rien). Mais peut-être que tu as déjà tout ça. Et ne fais JAMAIS confiance à quelqu’un dans une bagnole, lorgne celles garées le long d’un trottoir dont la porte conducteur peut s’ouvrir brutalement et te faire faire un soleil. La connerie en général, c’est assez international malheureusement.