Mon expérience à l’école Toshin Language School, Tokyo
- Amélie Marie
- 13 février 2014
- Japon
Dernièrement, j’ai évoqué la question de l’apprentissage des langues. Je suis toujours partante pour étudier une nouvelle langue étrangère et j’étais un peu impatiente de débuter mes cours à l’école Toshin, à Tokyo.
L’école Toshin, un choix d’école au hasard
Honnêtement, le choix d’école est si vaste à Tokyo que l’on est vite perdu dans la liste longue d’une centaine d’établissements. En plus, toutes les écoles ne sont pas forcément très accessibles car les informations sont tronquées ou pas disponibles en anglais. En bref, les leçons, cours, stages linguistiques de japonais ne manquent pas et il est difficile de s’y retrouver.
Perdue, j’ai fait l’erreur de choisir une école avec une aide francophone, l’école Toshin. J’avais pourtant passé du temps à éplucher les sites internet des écoles, les listes de prix et les avantages des unes et des autres. Celle-ci je dois dire, bénéficie de site internet clair et d’un personnel compétent pour vous répondre et vous aider. C’est ce qui me décida.
Mon placement en classe B
Avant ma rentrée d’octobre à l’école Toshin, j’ai acheté les livres conseillés (Minna No Nihongo series). J’ai commencé à travailler tant et si bien qu’en un mois, j’avais quasiment couvert les enseignements du premier tome, à l’exception des Kanji, pour lesquels je m’étais révélée plus lente. Apprendre les kanji demande une gymnastique de l’esprit et une régularité sans faille, je n’y étais pas encore.
Le jour de ma pré-rentrée, j’ai été amenée dans une salle de cours où déjà d’autres élèves passaient le test de niveau. J’étais confiante, mais j’ai vite déchanté face à ma feuille remplie de Kanji. Advienne que pourra, j’ai commencé à avancer dans les questions. Il faisait très chaud ce jour là, la tension était pénible à supporter.
Puis le test passé, je suis redescendue à l’accueil. C’est alors que j’ai appris que je devais passer un entretien oral. Il ne m’en fallait pas plus pour me liquéfier sur place. Au passage, j’ai réalisé que les classes étaient assez nombreuses. Les A pour les débutants, les B pour les faux débutants, les C pour intermédiaire etc… Lors de mon entretien, les livres utilisés sont ceux que j’avais préalablement achetés. Heureusement ! Ainsi je n’étais pas encore trop perdue. Je fus placée en classe B, devançant des étudiants qui sont arrivés ici avec 2 à 3 ans de fac en japonais derrière eux !
Très impatiente de commencer, je m’étais attelée à rattraper mon retard sur les kanji. Je n’avais qu’une hâte, commencer les cours.
Une expérience à moitié réussie
Après l’impatience, la déception. L’école Toshin n’était pas tout à fait faite pour mes besoins.
L’emploi du temps
L’école s’est révélée moins souple qu’elle ne le promettait. Il me fut impossible de choisir ma tranche horaire. C’est une grosse déception, mais il s’avère que c’est un système commun à toutes les écoles. Autre problème, le nombre d’élève par classe est supérieur à celui annoncé. Or c’est ) mes yeux un critère très déterminant dans l’apprentissage d’une langue. Ma classe, B, était l’après midi. Les cours étaient divisés en 4 heures. La première heure était consacré aux kanji.
L’ambiance de la classe
Le mélange d’élèves dans ma classe est assez exotique, vietnamiens, chinois, laotien. J’y ai aussi rencontré de chouettes français. Les élèves coréens étaient mis à part. J’avais 3 professeurs – nous en changeâmes au cours du trimestre. J’ai été très admirative de mes professeurs. C’est un travail difficile, répétitif et assez éreintante. Qu’il fasse chaud, qu’il pleuve ou qu’il vente ils étaient toujours souriants.
Malgré une équipe enseignante irréprochable, mon enthousiasme du début céda vite à de l’irritation. Le constat est sans appel. Dans ma classe, c’était carrément le cirque ! J’avais la sensation de ne pouvoir avancer sereinement et efficacement. Par ailleurs, il était difficile voir impossible de faire lâcher le téléphone portable aux élèves dissipés, excités ou endormis. Je ne blâmerai pas ces derniers. Bien souvent, ils travaillaient de nuits. Toujours est-il qu’il était difficile d’obtenir rapidement de l’ordre et d’avancer dans les exercices.
Autre bémol, la moyenne d’âge, qui était aux alentours des 19 – 22 ans. Je ne me sentais pas en phase avec cette jeunesse bouillonnante, qui était parfois là plus par choix familial que personnel, sans savoir trop pourquoi, ni ce qu’ils voulaient. Les professeurs me semblait trop dépassés pour maintenir l’ordre. Même si, à la fin du trimestre, l’agacement s’est fait sentir.
Manque de place pour étudier
En parallèle de la classe, la salle d’étude qui était mise à disposition fut aussi une autre déception. Elle était le plus souvent occupée comme lieu de repas ou d’amusement (écouter de la musique, regarder un film, là encore sur ces maudits téléphones) que comme lieu de travail. Les personnes qui souhaitaient y travailler ne pouvaient pas se concentrer. Beaucoup d’autres élèves, comme moi, n’avaient pas de table, ni de chaise chez eux. En effet, les chambres ou dortoirs étudiants sont assez petits. En plus en Asie, l’habitude de manger par terre est encore importante. Offrir un accès à une salle d’étude me semble donc un atout pour une école de langue à Tokyo.
Le contenu des cours
J’ai trouvé pénible que les cours avançaient aussi lentement. Ma motivation s’en est amoindrie. L’examen de mi-trimestre a cependant été un rappel assez violent pour beaucoup. Ceux qui ne suivaient pas n’ont pu rattrapé la classe. J’ai aussi des regrets sur le plan pédagogique.
Je conçois que la méthode Minna No Nihongo soit plutôt efficace et pratique. D’une part les manuels sont traduits dans plusieurs langues étrangères, d’autre part, ils offrent un ensemble d’outils pour étudier la langue. C’est aussi une entrée facile dans la compréhension du vocabulaire et de la grammaire. Les exercices écrits et oraux ne manquent pas non plus.
Cependant, c’est une méthode qui ne colle pas tout à fait au japonais naturel. Aussi proche qu’elle se veuille du japonais de la rue, elle est insuffisante à elle seule pour maîtriser une conversation. Or en classe nous n’étudions aucun document authentique. Pas même l’apprentissage d’une chanson traditionnelle, une petite vidéo de la météo, les informations, ou même un article de journal.
Ce manque d’accès à la langue de l’extérieur est devenu un frein à mon apprentissage. En dehors du manuel et bien que je connaissais les structures, je devenais perdue dès que l’interlocuteur s’en écartait. Bien entendu, l’école ne peut tout enseigner et il me revenait de pratiquer en parallèle. Néanmoins nous aurions bénéficié d’un contenu plus riche.
Dernier chagrin, impensable à mes yeux après mes expériences dans d’autres écoles, l’heure récurrente à réciter comme des ânes le nouveau vocabulaire. Non seulement on perdait un temps fou, mais cela me semblait aussi totalement inefficace. Il revient aux élèves d’apprendre leur fiche avant de venir en cours. Tout le monde ayant le livre, il me paraissait logique que l’on anticipe la nouvelle leçon de soi-même (exigence personnelle que je n’avais évidemment pas à imposer aux autres).
Une bonne école pour les (jeunes) élèves ayant besoin d’une structure
Je ne regrette pas mon expérience, car elle m’aura enseigné pas mal de choses sur ma façon d’apprendre et sur l’univers des écoles de japonais. J’ai aussi rencontré de chouettes personnes à l’école Toshin. Cependant, cette école ne me convenait pas du tout en terme d’efficacité, de rapidité et de qualité de l’enseignement. Je pense néanmoins que pour de jeunes français (18/22 ans), ayant besoin d’être encadrés et d’un rythme modéré, ce n’est pas un mauvais choix. L’équipe est aussi sympa et chaleureuse.
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