À la rencontre de la calligraphe Japonaise Shingae Wakana
- Amélie Marie
- 7 octobre 2016
- Interviews
Je suis toujours une grande stressée de la vie (mais je me soigne). C’est pourquoi j’apprécie avec grand plaisir les pauses relaxantes que m’offrent les cours de calligraphie japonaise de Shingae Wakana (新ヶ江 若菜). Chaque classe est un moment de partage chaleureux, de rires aussi et de bons moments passés le pinceau à la main.
Shingae débute son apprentissage dès l’enfance
Née en 1984, Shingae sensei* a été initiée très jeune à la calligraphie par sa famille. Ensuite, tout du long de sa scolarité, elle a pratiqué cet art avec passion. Rejoignant le club artistique d’un lycée spécialisé, elle faisait pas moins de 8 heures de calligraphie par jour. Vous ne rêvez pas ! Non seulement elle fut la meilleure élève de sa section, mais elle remporta aussi un prix national de calligraphie.
Ayant toujours son matériel à portée de main (du papier d’entrainement, de l’encre et un encrier, des pinceaux, un « tapis » et un presse-papier), Shingae sensei profitait – profite, de chaque moment de liberté pour s’entrainer.
En effet, avant de pouvoir être considéré apte à enseigner la calligraphie, il faut des dizaines d’années d’entrainement, ainsi qu’un maître. Et l’on ne devient un calligraphe reconnu officiellement qu’à la mort de son maître. C’est un univers dont l’entrée est jalousement gardée par les anciens…
À la fin de ses études universitaires spécialisées en lettres classiques, Shingae sensei a enchainé des missions de créations (affiches, noms de restaurants) et l’enseignement de la calligraphie.
A.M. : « Que ressens-tu lorsque tu fais de la calligraphie? Qu’aimes tu dans l’univers de la calligraphie? »
A.M. : « Pourquoi as-tu particulièrement envie d’enseigner aux étrangers? »
Shingae : J’étudie la calligraphie depuis mon enfance. La calligraphie m’était tellement naturelle que j’ai pendant longtemps ignoré à quel point cet art était spécifique à la culture japonaise (asiatique). C’est au lycée, en rencontrant mon professeur d’anglais venu du Canada, que j’ai réalisé que j’étudiais là quelque chose de spécial. Mon professeur était émerveillé de mon apprentissage. Je me rappelle ses mots « Ce que tu étudies est magnifique ! C’est vraiment un bel art que tu apprends ! ». Cela m’a donné tellement de courage pour continuer la calligraphie, rester dans la section artistique de l’école. Je repense encore avec émotion à ce professeur et son souvenir m’a donné l’envie d’enseigner aux étrangers.
Il faut dire que dès mon plus jeune âge, j’étais attirée par les étrangers et les échanges culturels. À peine avais-je commencé à travailler que je me disais « j’ai envie d’enseigner à l’étranger ! ». Mais pour accomplir cet objectif, il me faut beaucoup de préparation, notamment apprendre l’anglais… (rires). Pour le moment, je manque de confiance en moi.
Afin de me préparer, je fais des cours dans les écoles de japonais et j’enseigne aussi aux étrangers qui me contactent directement par mon site. C’est une expérience que j’apprécie beaucoup. Même si je ne peux pas parler anglais, je peux partager cette joie d’apprendre en classe et cela me rend heureuse. C’est souvent leur première expérience avec la calligraphie japonaise et je suis heureuse de vivre cet instant, cet échange avec eux. Leur dire sayonara lorsqu’ils repartent le visage souriant me donne énormément de fierté. Je suis fière de mon travail.
A.M. : « Tu as envie d’enseigner à l’étranger, est-ce là un rêve qu’il te tient à coeur d’accomplir ? »
Shingae : Je ne me sens pas prête pour l’instant et je travaille à Tokyo. Mais j’aimerais progressivement travailler dans tout le Japon, pouvoir enfin aller à l’étranger et toucher toujours plus de gens à travers mon travail. Au delà de l’enseignement, je souhaite bien évidement créer de la calligraphie ! En particulier, je voudrais pouvoir travailler sur des titres de film, des marques, des emballages… Je veux pouvoir créer sans cesse de nouvelles calligraphies ! Et cela, en ne m’inspirant pas seulement du Japon, mais de plein d’environnements. Je veux pouvoir ressentir cela jusqu’à la fin de ma vie !
Sa philosophie ?
Encourager les élèves, les féliciter, toujours mettre en avant les qualités des calligraphies, même pour les grands débutants. La calligraphie ne peut se maîtriser du jour au lendemain, alors plutôt que de pointer les erreurs, Shingae sensei préfère s’exclamer avec joie sur un coup de pinceau heureux de celui qui s’initie maladroitement pour la première fois.
Malgré la barrière de la langue, Shingae sensei ne connaissant que quelques rudiments d’anglais, les débutants apprécient beaucoup ses cours. Les explications ? Parfois, plus que les mots, voir et ressentir suffisent à comprendre un peu le monde mystérieux de la calligraphie. La calligraphe aime aussi rendre la calligraphie sonore…
« Tontonton, tu appuyes fort, shuuuuuu, tu traces vite, tontonton tu finis en insistant à nouveau avec ton pinceau ».
Si vous passez par Tokyo et que la curiosité vous pique, Shingae sensei sera très heureuse d’avoir la chance de vous rencontrer. Si vous ne parlez pas un peu japonais, elle sera peut être intimidée d’avoir à organiser un cours. Mais n’hésitez pas à lui envoyer un petit mot (en japonais, éventuellement anglais évidement).
Tarif : à l’heure, varie selon le nombre de participants
Quand : en semaine
Lieu : Tokyo (Nord & Est de préférence), Saitama
*先生, sensei : maître, terme signifiant« celui qui était là avant moi, qui est garant du savoir et de l’expérience d’une technique ou d’un savoir-faire ». Ce suffixe s’utilise habituellement pour s’adresser à un professeur, à un enseignant ou un artiste reconnu.
Marin Cornelia
Bonjour
Je commence )à préparer mon voyage au Japon , en printemps 2018, et je cherche des informations pratiques. Comma ça je suis tombée sur votre blog et aussi sur cette artiste calligraphe que je voulez connaître , faire une demande pour me donner qqs cours de calligraphie .
je voulez savoir si c’est toujours d actualité ;
Merci.
Cordialment
CORnelia
ameliemarieintokyo
Bonjour, vous pouvez tout à fait la contacter en anglais sur sa page Facebook ou son site 🙂 je suis sûre qu’elle serait ravie de donner des cours!
CORNELIA Marin
MERCI POUR VOTRE REPONSE . Je ne parle pas l anglais, MAIS je crois que voir LE MAITRE travailler, c’est aussi un façon d’apprendre , da faire. Je me lance à sa recherche . Cordialement .
Math-Monde
Superbe! Je ne suis malheureusement jamais allée au Japon pour l’instant mais un jour viendra et j’espère pouvoir profiter de ton blog plus intensément à ce moment là !
Bérénice
Superbe ton instagram ! Je viens de m’abonner hihi. Au Japon je prenais des cours de calligraphie. J’avais beaucoup aimé ! Le fait de se concentrer sur la vitesse de son mouvement et la pression du pinceau sur le papier aide à se vider l’esprit je trouve 🙂