Ma guerre contre la publicité dans ma boîte aux lettres… Et ma découverte des autocollants anti pub japonais.
- Amélie Marie
- 22 février 2019
- Vie quotidienne
À Tokyo, mon tout premier appartement se trouvait au fin fond d’une impasse. Peut-être étions-nous hors des radars des distributeurs de tracts, flyers et brochures en tout genre, mais nous ne recevions rien, absolument rien, si ce n’est nos factures. Celles-ci, je m’en serais bien passé.
Et puis j’ai déménagé une première fois, non loin de ce premier logement. L’entrée de l’immeuble donnait sur une rue passante. Dans l’entrée, un alignement de boîtes aux lettres et sous ces dernières, une poubelle destinée à les délester de la masse inadmissible de flyers qui y était enfournée chaque jour. Restaurants du coin, grands magasins, agences immobilières, vente par correspondance, propagande politique, soins de beauté, programme sportif (l’ironie de recevoir un coupon pour une livraison MacDonalds et un bon pour s’inscrire à la salle d’à côté ne m’a pas échappée), tout et n’importe quoi, n’importe quoi et tout, bien imprimé en couleur et papier brillant.
Frappée par la quantité hallucinante de publicité que je recevais dans ma boite aux lettres, et fatiguée de tout ce gâchis, je me suis demandée si j’avais un quelconque recours contre ce fléau. C’est grâce à Hachi que j’ai découvert que je pouvais me procurer des autocollants anti pub japonais dans n’importe quel magasin de bricolage. Certains magasins à 100 yen proposent aussi une variante de ces autocollants.
(Psss, pour les trouver sur Amazon JP : チラシ お断り)
Oh la fierté ressentie le jour où j’ai collé sur ma boîte aux lettres mon premier autocollant anti pub japonais.
Le moins que je puisse dire, c’est que l’efficacité fut foudroyante. Du jour au lendemain, plus rien – si ce n’est ces enquiquinantes factures.
Et puis j’ai déménagé. Encore.
Dans mon nouvel immeuble, point d’entrée. les 8 boites aux lettres sont sagement disposées dehors, à portée de main du premier taré qui a envie d’enfourner une liasse de papiers chez des inconnus.
Le ballet des tracts publicitaires a repris de plus belle. Changement de quartier, changement d’audience. Cette fois-ci, les agences immobilières proposent d’acheter et nous recevons des brochures pour des maisons de retraite, la livraison de plats et de courses à domicile, des services de garde d’enfants et de pressing. Bref, nous avions mis les pieds dans un secteur à l’ambiance… Familiale.
Au début, ça nous faisait un peu délirer.
Nous lisions ces brochures aux tarifs prohibitifs pour notre maigre compte en banque (vidé par le déménagement) et rigolions des images véhiculées.
Et puis, au bout d’un mois à recevoir les mêmes fadaises toutes les semaines, je me suis décidée à racheter un autocollant digne de ce nom.
En l’accolant sur ma boite aux lettres la singularisant des autres, je me suis sentie fière de me battre contre le gâchis de nos ressources et la publicité agressive des entreprises japonaises.
Cependant, ma satisfaction s’est cassée la gueule le jour d’après, lorsque l’ouvrant avec orgueil, patatras, je vois une masse de papiers me tomber sur les pieds.
– Nom de nom, le cochon !!, m’écriais-je furieuse.
D’un geste rageur, je fis une boule de tous ces flyers et les jetais dans notre poubelle destinée aux papiers. Une fois l’énervement passé (à coup de thé et de musique indienne), je reprends confiance. Une erreur sans doute. Ils sont tellement pressés de faire leur tournée de livraison. Il aura enfourné les flyers mécaniquement et se sera retrouvé bien embêté une fois le méfait accompli.
Affaire close.
La semaine d’après… Rebelote.
Je suis sûr le point de faire une syncope. Je suis sensée descendre de bretons, normands et suisses, mais je me dis que je dois bien avoir un quart de sang du sud, vu la rapidité avec laquelle je peux perdre les pédales pour des broutilles.
– Si je chope le sagouin qui me fout ses bip de bip dans ma boîte aux lettres, je lui fais bouffer ses flyers jusqu’au dernier.
Prête à en découdre, je commande deux nouveaux autocollants. La guerre est officiellement déclarée. Dès leur réception, je dévale mes escaliers pour coller un nouvel autocollant anti pub au dessus du précédent. Le premier est blanc, le nouveau rouge. Comme le sang qui va couler si je continue de me faire refourguer de la publicité.
Les jours passent et sonnent les cloches de ma victoire. Factures, factures et uniquement des factures sont glissées sous le clapet de ma boite aux lettres.
Et puis.
ET PUIS LES PUBLICITÉS REVIENNENT.
L’oeil torve, je monte les escaliers quatre à quatre avec en tête de sortir mon troisième et ultime autocollant. Rira bien qui rira le dernier.
Devant ma boite aux lettres, s’impose deux réalisations. La première, c’est que j’ai déjà apposé deux autocollants sous et au dessus du clapet. On ne peut faire plus clair comme message et malgré tout, je continue de recevoir des tracts. Accessoirement, je passe pour une folle furieuse auprès de mes voisins, du facteur et des divers livreurs qui passent délivrer nos achats passés par internet. La deuxième, c’est que je n’ai plus de place pour vraiment mettre un troisième autocollant.
Je plisse les yeux et réfléchis très fort. Quand soudain une idée ingénieuse me décroche un sourire terrifiant (du moins j’imagine que n’importe qui aurait changé de trottoir en me voyant).
Je colle l’autocollant non pas horizontalement, mais verticalement. Je fais attention à bien le coller sur le haut du clapet, mais ne presse pas la partie du bas. Le clapet peut être ouvert pour y glisser mon courrier, mais ce n’est pas immédiatement visible au premier coup d’oeil.
Victoire par K-O.
Ce placement machiavélique d’autocollant a eu pour double conséquence de faire passer le message aux distributeurs de publicité et à notre livreur de Kuroneko Yamato. Perturbé par le nombre d’autocollants anti publicité, celui-ci n’a pas osé glisser un avis de passage dans notre boîte aux lettres.
– Bon Amélie.
– Quoi ?
– Il serait peut-être temps que tu retires celui qui gêne l’ouverture de la boite aux lettres.
Mon mari marche sur des oeufs et tente une approche l’air de rien. Je sais bien, que je lui fous la honte, avec mes autocollants.
– NANIIIIII* ?
(* QUOIIII ?)
– Non rien…
Depuis, j’ai tranché la poire en deux et j’ai replié le petit bout d’autocollant qui pendouillait sur le revers du clapet.
Faisons le point.
Si les distributeurs de publicité sont sensés respecter les autocollants et ne pas glisser de tracts, flyers ou tout autre papier non nominatif dans les boîtes aux lettres qui en arborent, en pratique, vous n’avez absolument aucun recours possible en cas de non respect de cette règle.
Il faut normalement appeler l’entreprise à l’origine de la publicité afin de vous plaindre et de reporter que l’entreprise chargée d’en faire la distribution a des employés qui ne respectent pas les règles. Plutôt que de lutter en amont (et de réglementer ce véritable gâchis de ressources, puisqu’une bonne partie des gens les jettent sans même y prêter attention et sans même passer par le recyclage), on fait virer le dernier maillon de la chaîne de distribution. Bof.
Une dernière solution, proposée par un blog japonais, me parait particulièrement ingénieuse. Il me tarderait presque de la tester, mais je refuse de décoller mes autocollants anti pub japonais !
Il suffit, selon l’auteur, de glisser le tract publicitaire dans une enveloppe adressée à l’entreprise renseignée dessus, accompagné d’une lettre expliquant que vous ne souhaitez pas recevoir de publicités. Et surtout, surtout, il ne faut pas oublier de faire payer au destinataire les frais d’envois postaux (着払い).
mlsre
Magnifique !!! Mais j’ai le même problème en Belgique ! Je rêve de mettre la main sur un de ces distributeurs et lui faire bouffer tout le papier!!!
Vigneron Sarah
Olalah, qu’est-ce que j’ai ris!
Veronik
Merci Maye pour cette précision que j’ignorais. Je me demande si je ne vais pas le préciser sur ma boîte aux lettres. On ne sait jamais…
Maye
Pour répondre à Veronik, en France le fait d’ignorer un stop pub sur une boîte aux lettres est passible d’une contravention de 450€. Dans les faits j’imagine que ça doit être compliqué à faire valoir mais ça existe. Peut-être que le rappeler aux concernés est une solution ?
Veronik
En France, le même problème se pose : la présence d’un autocollant sur la boîte aux lettres ne garantit pas d’être épargné par les pubs et flyers divers.
Il me semble avoir remarqué que cela dépendait du distributeur. Le lundi, le catalogue (avec plusieurs pubs stockées à l’intérieur) ne m’est forcément distribué. Alors que les flyers des agences immobilières le sont systématiquement (les petites cartes des marabouts aussi d’ailleurs).
Le respect – ou non – du message »stop pub » a l’air d’être laissé à la libre appréciation des personnes qui distribuent, certaines estimant en être dispensées.
J’ai bien envie de mettre un deuxième autocollant, histoire de voir …
Maye
MERCI ! Je n’en peux plus de ces tracts par dizaines TOUS LES JOURS ! Je n’ai pas osé écrire moi même sur ma boîte aux lettres, mais la des demain je pars en quête de ce foutu autocollant ! Je ne pensais pas que ça existait, n’en ayant vu nulle part. Les collègues de mon mari lui ont dit qu’il était bizarre quand il a posé la question…
Nan pis en plus j’ai que des annonces immobilières, c’est ridicule j’ai déjà un chouette logement… Si au moins c’était le menu des resto qui livrent…