Anego, le drama sur les femmes au Japon

Je présente rarement les drama (ドラマー), ce genre de série télévisée très prisée dans l’archipel, traitant de tous les sujets, de la vie quotidienne aux aventures loufoques de groupes d’amis, apparu dans les années 70, et au succès dépassant les frontières nipponnes.

Ces séries se démarquent réellement de ce que l’on peut voir en Europe ou aux US, avec leur format court (une dizaine d’épisodes de 45 à 60 minutes), leur casting varié (acteurs professionnels et non professionnels, idoles, personnalités …), leurs scénarios complexes, aux rebondissements fréquents ainsi qu’un travail de photographie complètement différent du made in US.

Le drama à la japonaise est une véritable catharsis tant certains peuvent être tragiques, violents sans se départir d’un réalisme troublant, en lien avec cette société japonaise si sévère.

Les drama scolaires sur l’ijime (le harcèlement), la violence à et de l’école au Japon, les drama sportifs (glorifiant l’épuisement, les entrainements inhumains, la victoire de la volonté sur un corps qu’on maltraite), les drama romantiques frôlant le masochisme (et le machisme) … et une catégorie qui m’intéresse aujourd’hui, le drama dit professionnel (je suis wikipedia en ce sens, sans être certaine de l’appelation côté nippon).

Toujours dans le but de toucher le plus de monde, le drama se penche également vers la position des jeunes femmes qui sont encore hésitantes à l’idée d’abandonner leur vie de femme au foyer pour se lancer dans une carrière professionnelle. Si l’idée de poursuivre une carrière à 30 ans n’est plus un rêve inaccessible pour les Japonaises d’aujourd’hui, l’évolution des mentalités est lente et les obstacles nombreux. Certaines séries illustrent très bien qu’aujourd’hui encore, il faut choisir entre carrière et mariage. Une femme qui souhaite continuer à travailler doit se mettre au niveau des hommes et abandonner toute idée de vie de famille.

Si ce résumé omet la violence verbale, voire physique que vivent ces femmes à cheval entre leurs désirs et les pressions de la société japonaise, il témoigne bien de la position intenable des japonaises aujourd’hui: éduquées, mais dénigrées, objectifiées, carriéristes moquées, ou épouses-ménagères, on leur refuse le droit de porter plusieurs casquettes. Après en avoir visionné plusieurs des plus populaires, (Kimi wa petto, adaptation d’un manga, Anego tiré d’un roman…), c’est incrédule que je me suis renseignée sur la véracité des faits (il est vrai que le dernier scandale sur les huées à l’encontre d’une députée aurait dû me mettre la puce à l’oreille). Pas de pitié pour l’amateur de drama, visionnant le reflet fort juste de la société japonaise.

Le drama apparait donc comme une entrée incontournable pour comprendre – un peu – la société japonaise (sa grandeur comme ses tares les plus sombres). Amoureux du Japon, sociologue en herbe ou simple curieux, je vous conseille donc, de ne visionner ne serait-ce que le premier épisode d’Anego, et de m’en donner des nouvelles. Rien que ces 60 minutes suffisent à mettre en lumière la place de la femme dans la société japonaise.

À voir sur Animeultime: premier épisode Anego

3 Comments to “Anego, le drama sur les femmes au Japon”

  • Abonné aux dramas

    Merci pour ton article qui illustre bien la société japonaise à travers les séries…..
    Très bonne continuation et bonne année française en attendant le nouvel an chinois

  • Antigone XXI

    Oups, message parti trop vite ! 🙂
    Ma belle-soeur, Japonaise vivant à l’étranger et enceinte de son 3è enfant, se pose énormément de questions par rapport à fait de (re)travailler ou non. Elle ne travaille plus depuis environ 4 ans 1/2, depuis la naissance de son aîné, et n’a pas abandonné l’idée de s’y remettre, mais subit beaucoup de pressions et d’influences contraires : occidentale, qui veut que la femme travaille également / japonaise, qui veut qu’elle se consacre entièrement à son foyer… Ses amies restées au Japon ne travaillent pas et regardent ses questionnements de manière étrange : réprobation, envie… Un peu des deux, mais on sent en tout cas que les choix traditionnels restent très fort et qu’il est difficile, effectivement, de porter à la fois la casquette d’épouse et maman, et celle de femme qui travaille.

    • Amélie-Marie

      C’est tout à fait ça et ce qu’elle traverse me peine, car j’imagine à quel point elle doit être partagée. Difficile de trouver une oreille compatissante au Japon, où le doute sur le choix de vie est rarement bien perçu. En lisant ce que tu écrit à propos de sa situation, je suis certaine que beaucoup de japonais seraient surpris et se diraient « après 4 ans, à quoi bon ? ». Au Japon, si elle reprenait le travail (et réussissait à entrer dans un bon échelon d’une entreprise) elle serait tenue de fournir tous les mois, un certificat prouvant qu’elle s’occupe bien de ses enfants (contrat de nourrice, contrat de crèche, + preuve du versement des salaires). Effarant !

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