être malade au Japon

Vivre au Japon : être malade au Japon, ce n’est pas une sinécure

J’ai été touriste puis résidente au Japon et j’ai pu expérimenter être malade au Japon avec ces deux statuts.

Tourisme

Si vous prévoyez de voyager au pays du soleil levant, je ne peux que vous encourager à vous assurer que vous soyez couvert ! En effet, problème de santé, accident, rapatriement sont autant de soucis pour lesquels avoir une assurance vous sauve de la faillite. Par ailleurs, être couvert pour la responsabilité civile et les frais de recherche en cas de catastrophe naturelle peuvent aussi sauver vos proches de l’angoisse en cas de pépin !

Résident

Tout étranger ayant un statut de résidence pour le Japon (étudiant, PVT, travail…) pour plus de 90 jours doit s’inscrire auprès de l’assurance national japonaise. Les papiers ne sont pas très compliqués. Comme pour la France, vous recevez une carte d’assurance maladie à présenter lorsque vous avez besoin de soin. Je n’entrerai pas dans les détails, mais grosso modo, vous êtes couvert à 70% et devez couvrir les 30% restants.

Enfin, les ambassades françaises fournissent le plus souvent une liste de médecins parlant français, éventuellement anglais pour les capitales et les plus grandes villes, ainsi qu’une liste des hôpitaux les plus accessibles.

Être malade au Japon mon expérience

Alors que j’ai affronté la Turquie, la Russie et l’Ouzbékistan, pays aux conditions sanitaires pas toujours glorieuses, je suis systématiquement tombée malade… au Japon. Autant d’expériences pour constater qu’avoir une assurance est une chose, se faire soigner à l’étranger, c’en est une tout autre !

Ma première observation sur la médecine au Japon, c’est qu’elle considère encore la maladie comme une preuve de faiblesse mentale. La douleur est une faiblesse psychologique (il faut endurer). Tout ou presque se soigne avec des antibiotiques à large spectre, pour un oui ou un non.

Un rapide tour sur le forum France-Japon.net ou une recherche Google (français et anglais), vous permet de trouver des témoignages de doutes et de mauvaises(très mauvaises) expériences d’expatriés au Japon, souvent perdus face à un système différent et complexe.

Par ailleurs, l’accès en rendez-vous normal est très difficile. Il faut vraiment appeler au bon moment pour pouvoir obtenir une tranche horaire de passage, tandis qu’un médecin va très rapidement vous examiner. La dernière fois que mon mari a été malade, il a finalement renoncé, après avoir appelé 4 cliniques. Le système de walk-in  (s’y rendre directement et attendre son tour) est aussi très fréquent mais pas très pratique lorsque l’on a des journées bien remplies…

Enfin, les virus et autres joyeusetés sont relativement résistantes dans l’archipel. C’est sans doute en partie du à l’abus d’antibiotique. Les étrangers sont des victimes idéales pour être malade au Japon. Les médicaments sont différents et leurs posologie aussi. Or cela peut avoir des conséquences sur la qualité du traitement.  La majorité nécessite une ordonnance.

Un tour en ambulance aux urgences de Shinjuku

Être malade au Japon

Direction hôpital de Shinjuku !

En 2012, en plein été, je fais un oedème au niveau de la gorge. Pas le genre de symptôme avec lequel on plaisante ! Je compose le 119. Très rapide, l’ambulance arrive en bas de la rue en moins de 2 minutes. On me met sur une civière. L’ambulancier très prévenant me demande à chaque manipulation s’il peut se permettre de me toucher. Arrivée à l’hôpital de Shinjuku, je suis envoyée aux urgences, où l’on me pose des questions, traduites en anglais par mon mari.

 Avez-vous des allergies connues ? Qu’avez vous mangé ? Avez-vous fait une activité sportive ?  Pris un médicament ?

Après une prise de sang, on me place sous corticoïdes. À l’arrivée des résultats, et comme bien souvent avec les réactions allergiques, aucune explication ne peut être apportée. Mais le médecin ajoutera tout de même que c’était sans doute « une réaction nerveuse, une cause psychologique » et que ce n’était « rien du tout ».

Si le tour en ambulance était gratuit, le passage par les urgences, les examens et les médicaments auront eu la note salée de 24 000 yen. Je serai remboursée intégralement en France. Mais uniquement à mon retour sur le territoire, après avoir fait un beau dossier pour la sécurité sociale étudiante.

Un passage à l’hôpital international à Minato-ku

Cette fois-ci c’est en raison d’une infection urinaire que j’ai du prendre rendez-vous. Après avoir essayé une clinique française qui ne pouvait me trouver un créneau rapidement, j’ai obtenu le jour même un rendez-vous avec un docteur américain. La clinique était vraiment très accueillante et les employés parlent plusieurs langues, atout appréciable. Car même avec des bonnes bases en japonais, lorsqu’on touche à la santé, cela devient vite délicat !

Service parfait. Néanmoins on se rappelle qu’en France, on est chanceux. Pour le rendez-vous et l’examen, la facture est de 18 000 Yen, tandis que les 3 comprimés antibiotiques sont à 6000 Yen. Remboursement sur territoire français.

Un passage à la clinique de Shin-Okubo

Mon mari est tombé sur son bras. Le lendemain, la douleur n’étant pas passée, il s’est décidé à faire le tour du bottin pour trouver une clinique ayant un créneau (ce fut sportif). Finalement, il fut accepté à la clinique de Shinokubo entre 12 et 14h. C’était un dimanche, donc un médecin non spécialiste tenait la boutique. Après un passage à la radio, il lui déclara « il n’y a rien, votre douleur doit probablement être psychologique ». Il lui prescrivît des antidouleurs pour 3 jours.

La maladie et l’automédication : la pharmacie japonaise

Finalement, fin 2013, j’écopais d’un combo redoutable de rhume, angine, otite (la trinité ORL). Malgré mon assurance, je n’avais vraiment pas envie de passer par une étape antibiotique et encore moins par une étape « envoi de dossier de remboursement ».

Je me suis auto-médicamentée en suivant les règles de base à savoir demander conseil au pharmacien, ne pas se sur-médicamenter n’importe comment, et en cas de non amélioration, prise de prendre rendez-vous. Par ailleurs, internet regorge de recette maison de soins (à condition de prendre des soins au pire inoffensifs pour votre santé).

Il est possible de combiner les immanquables de la médecine occidentale avec les médicaments Kampo, tirés de la médecine traditionnelle chinoise, par exemple le bakumondoto pour la toux. Ce système D a très bien fonctionné, les pharmaciens japonais étant assez à votre écoute et les recettes naturelles faisant leurs preuves.

être malade au Japon

La grippe

En janvier, Tokyo a vu passer une épidémie de grippe assez balaise. La première atteinte, je me suis écroulée avec 40°C de fièvre. Mon mari m’a suivie dans les heures qui suivirent. Finalement, après une journée dans un état pas glorieux et une fièvre élevée, nous nous sommes décidés à appeler les urgences. Peine perdue.

« Depuis combien de jour ? Combien de fièvre ? 

Cela ne dépend pas des urgences. Le mieux est de boire du pocari sweat et d’attendre. Vous pouvez éventuellement prendre rendez-vous demain« .

Être malade au Japon, c’est dans la tête

Le rapport entre la maladie et la faiblesse mentale d’un individu pose problème à plusieurs niveaux. En premier lieu, les japonais iront travailler, même à l’article de la mort. Jusqu’au bout, ils se pousseront alors qu’ils sont malades, afin de montrer à quel point ils sont mentalement prêts à endurer. En second point, le fait de céder le pas face à une bonne crève amène opprobre et culpabilité. C’est avouer sa faiblesse à son entreprise ou son école et se soumettre aux jugements des autres. En dernier lieu, ces mêmes jugements proviennent aussi du corps médical, posant un regard dur sur la perception de la douleur. L’idée que la douleur résulte de votre mental est encore très prégnante au Japon.

Malheureusement, la psychologie est en transition dans le pays. C’est une matière sujette à de nombreux préjugés et à des difficultés de développement. D’ailleurs, le soin des maladies mentales est en deçà des niveaux occidentaux. Paradoxalement, la longévité au Japon est exceptionnelle.

17 Comments to “Vivre au Japon : être malade au Japon, ce n’est pas une sinécure”

  • PRIEURE GUIOT

    Bonjour, notre fils va très certainement faire une année au japon dans son cursus scolaire. De ce fait, je commence à me documenter sur le japon et je voulais savoir si vous auriez une liste de ce qu’il faut préparer ou avoir avant de partir . Que ce soit documents, assurances, médicaments, etc etc. merci pour vos conseils si vous prenez le temps de nous conseiller. très bonne journée à vous. Bruno et Séverine

  • Pourquoi le masque sanitaire est-il si populaire au Japon ?

    […] Japon, le masque se porte lorsque l’on est malade, afin d’éviter de transmettre la maladie. Mais aussi en prévention (si la moitié du bureau […]

  • mlsre

    De plus en plus intéressant toutes ces infos… La partie Pocari sweat m’a bien fait rire! (jaune)
    Du coté belge nous sommes souvent à nous plaindre de beaucoup de choses, mais point de vue santé, c’est un peu comme ta petite phrase : « en belgique on est chanceux ».

  • tomber malade au japon | tokyo fever

    […] Amélie Marie in Tokyo: Être malade au Japon […]

  • kris

    J’adore votre site et vos nombreux articles sur le Japon. La seule petite remarque négative que je ferais concernant ce post est la phrase qui tue « on se rappelle qu’en France, on est chanceux ». Typiquement la phrase de l’expatrié français ou qu’il soit dans le monde. Si je voulais faire de la provocation je dirais une phrase du genre : retournes en France.
    Il y a quelque chose que bon nombre de français ne comprennent pas. La sécurité sociale française n’existe nulle part dans le monde. Quand je dis cela, je ne sous entend pas que le système médical français est le meilleur au monde. Je sous entend juste que chaque pays à son propre et unique système de santé. Des pays tels la Suisse, le Danemark, la Suède, la Norvège, le Japon, les USA, l’Australie….sont considérés comme des pays développés et certains tels les pays nordiques sont même considérés comme ce qui se fait de mieux dans le système social. Cependant, chacun de ces pays à son propre système de santé, et si vous allez en Suisse, il n’a rien à voir avec la sécu française, si vous allez en Suède ou au Danemark, ils n’ont eux aussi, rien à voir avec la sécu française. Donc, en partant du principe que la sécu française n’existe nulle part ailleurs qu’en France et si on tient vraiment à bénéficier de la sécu française toute sa vie, et bien, restez en France (je fais de la provoc).
    Bref tout cela pour dire que, l’expatrié ou qu’il soit se doit de se renseigner au préalable de tout voyage sur le fonctionnement du système de santé, les assurances éventuelles à souscrire, les éventuels médecins à consulter (site du quai d’orsay) et surtout faire avec ce que son pays d’accueil lui donne. Car après tout, l’expatriation c’est prendre les bons côtés des pays qu’on visite, ou on s’installe parfois, et les mauvais côtés. En n’oubliant pas que, si on se trouve à râler du système norvégien, japonais, suisse ou australien, ce ne sont pas eux qui sont allés nous chercher. Et lorsqu’on est invité quelque part, la moindre des politesses est de prendre les choses du bon côté.
    Si je suis invité quelque part et que je ne suis pas à l’aise, ou que je ne me sens pas bien traité, je prends congé, aussi simple.

    • ameliemarieintokyo

      Bonjour, merci de ce passage et de ce commentaire.

      Je ne suis pas d’accord quand à l’interprétation de ma petite phrase. Tout d’abord j’ai énormément voyagée et je suis bien informée des conditions de mes pays d’accueil.

      Ensuite, le sens à prendre, c’est que le système de santé français est vraiment incroyable aux regards des systèmes étrangers. Quelque soit le pays dans lequel je suis allée, on m’a fait remarqué à quel point les français étaient « chanceux » d’avoir un système de santé qui les protège.

      Il ne s’agit pas pour moi de « vouloir » ce système au Japon. Il s’agit de sous entendre que c’est un aspect très positif de la France et qu’il faut l’apprécier – car très souvent dénigré.

      Enfin, je ne suis pas « invitée ». Je vis dans le pays et paye mes impôts. J’ai le droit d’avoir mon opinion :). Le système de santé japonais s’écroule et une bonne partie de la population le constate et le critique. C’est le résultat du lobbyisme américain, qui influence grandement les décisions de la diète. Mais nous nous éloignons du sujet.

      Donc nous sommes d’accord: s’il s’agit de se plaindre, autant rentrer en France. En revanche, constater une différence n’a rien de négatif. Et je ne suis pas « expatriée » à proprement parler :).

    • kris

      Un système qui protège et qui est au bord de la « faillite » (6.6 milliards de déficits en 2015). Je me demande ce que vous diriez si votre compagnon vous gâtait avec ce qui se fait de mieux, cadeaux, voyages….tout en le sachant couvert de dettes jusqu’au cou. C’est une image, j’espère que vous comprenez.
      Moi, mon message consiste juste à dire, que je ne connais pas quel est le meilleur système de santé au monde. Le fait qu’on soit « chanceux », c’est aussi ce que doivent se dire les norvégiens, danois, suédois…avec sans doute plus de modestie.
      Donc oui, la France fait partie de ces pays développés dans le monde qui a un système de santé assez performant mais cela ne doit pas faire oublier que c’est un système déficitaire

  • mellelachieuse

    Tu peux également te rendre à l’ambassade de France à Tokyo, ils te fournissent une liste de medecins pour les expatriés

    • ameliemarieintokyo

      C’est là que j’ai eu mes premières références en médecin. Celui que j’ai en ce moment m’a été recommandé par un ami américain et j’en suis plutôt satisfaite considérant ses factures très raisonnables!

  • Alex

    Etant en pleines démarches médicales à Tokyo depuis plusieurs semaines, je viens de tomber sur ton article qui m’a bien fait sourire! C’est fou à quel point trouver un bon médecin qui vous comprenne et vous écoute est compliqué au Japon, qui plus est lorsqu’on ne parle pas japonais! Et il faut rajouter à ça la joie administrative des assurances!

    Bon article en tout cas, ça m’a bien fait rire et je suis content de voir que je n’ai pas été le seul en galère.
    Je retourne boire du Pocari Sweet.

    • ameliemarieintokyo

      Bonjour! Je suis contente que mes galères permettent à d’autres de sourire et de se dire qu’ils ne sont pas seuls :). Effectivement, au Japon c’est vraiment pas le pied… Question assurance, j’ai laissé tomber l’idée de courir après! Bon courage pour récupérer le remboursement!

  • 9 nouvelles habitudes dans ma vie d’expatriée au Japon | Amelie Marie in Tokyo

    […] quel médecin, et de manière générale une application de la médecine assez étrange (c’est dans votre tête madame), je n’aime pas particulièrement avoir affaire avec les services de santé japonais. […]

  • ifeelblue

    très très intéressant!

    l’accès au soin au Canada est assez lamentable (je n’ai jamais attendu moins de 3h pour un consultation d’à peine 2 minutes). Pas assez de médecins… Mais l’approche de la médecine est « occidentale » donc il n’y a pas cet aspect « c’est dans ta tête ».

    Ta conclusion sur la longévité des Japonais fait réfléchir parce que du coup, je me demande la part réelle jouée par le « mental », et la vision qu’on a de la maladie (au sens large).

    • Amélie-Marie

      Je me pose exactement la même question. Ces dernières semaines, j’ai regardé pas mal de films et de séries télés japonaises, et ça donne un panorama un peu approximatif de la réalité. La maladie y est toujours vu comme affrontement entre le mental et un corps récalcitrant. La maladie chez les femmes est perçu réellement comme une faiblesse de constitution (cela me fait penser au XVIII ème en Europe). Pauvres petites choses que nous sommes. Côté hommes, il faut encaisser, encaisser et encore encaisser. Tu peux craquer si tu es à l’article de la mort et que tu t’écroules sur le chemin de ton boulot / école / meeting. Quelle abnégation ! Quel sens du devoir ! Du coup, je pense que, d’une certaine manière en effet, la résistance mentale est une force face aux maladies graves. Malheureusement j’ai du mal à trouver de la documentation.

    • ifeelblue

      ce que tu dis sur les femmes me fait penser à un autre de tes articles sur le statut des femmes au Japon (je pense particulièrement à une citation sur les règles…).

  • liochandayo

    Impressionnant !
    Et, évidemment, tout étranger qui débarque chopera tous les virus qui passent… je sens que ça va être amusant (^_^;)

    • Amélie-Marie

      Peut-être qu’une cure de vitamines avant de partir suffit à éviter les pires crèves. Je sais que dans les premières semaines sur le territoire je chope le premier truc qui passe. Avoir une petite pharmacie avant de partir est indispensable ^^ ».

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