Visiter Nagoya: The Nagoya City Museum

Mon court séjour à Nagoya fut l’occasion de m’initier à l’art japonais, plus particulièrement au style de l’Ukiyo-e, à travers une exposition organisée en commémoration du 50ème anniversaire de la Société Internationale de ce mouvement. Les pièces réunies proviennent de 45 musées du monde et font de cette exposition la plus grande consacrée à cet art japonais très apprécié. 

 

The Nagoya City Museum

Créé en 1977, le musée de la ville de Nagoya présente une collection de pièces archéologiques, artistiques ainsi que des livres et documents anciens. L’exposition permanente intitulée « Histoire d’Owari » est consacrée à l’histoire et la vie de la plaine de Nobi (en face de la baie Ise). Le site officiel du musée permet de découvrir un résumé des sections et quelques photographies des lieux. (Bien sûr, tout est en japonais, mais la traduction automatique proposée par le navigateur Google Chrome reste relativement fidèle au japonais).

L’initiation réussie à l’art Ukiyo-e et son histoire

Ce sont 439 oeuvres offertes à voir, faisant un tour complet de l’histoire « Ukiyo-e » (« image du monde flottant »), mouvement artistique japonais né à l’époque d’Edo (1603 – 1868), incluant les peintures populaires et narratives ainsi que les estampes japonaises gravées sur bois. Il aura son âge d’or, avant de décliner à la fin de l’ère Meiji. Quelques artistes célèbres seront singularisés dans l’exposition: Utamaro, Hokusai (la vague, et les représentations du Mont Fuji ne sont plus à présenter), Hiroshige, Sharaku, Kuniyoshi … . Chaque grand nom symbolise une technique ou un style particulier, une école Ukiyo-e.

Si l’art de l’estampe importé de Chine existait déjà, c’est à l’ère Edo qu’une pratique foncièrement japonaise prend son essor…

Après des siècles de guerres civiles, l’époque d’Edo amène paix et prospérité dans l’archipel, permettant une (r)évolution sociale et économique, marquée par l’émergence d’une classe marchande et un déclin de l’aristocratie militaire. De nouveaux thèmes et de nouvelles techniques artistiques apparaissent au détriment de l’art « classique » coûteux et réservé à la riche noblesse.

La classe marchande et les artisans écrivent des fictions imagées, rassemblées dans des livres d’image. Les dessins s’affranchiront progressivement de leur rôle d’illustration pour devenir en soi une histoire, un instant de vie immortalisé.

L’Ukiyo-e célèbre les jolies femmes (Bijinga)les courtisanesl’érotisme (shunga) mais aussi le théâtre (Kabuki), les acteurs et les lutteurs de sumo, le fantastique, les calendriers (avec de magnifiques pièces consacrées aux quatre saisons), le spectacle de la nature (Kacho-ga) …

Portrait de Naniwaya Okita, vers 1796 : du fait de la censure, Utamaro l’identifie ici en l’associant à un poète célèbre, à la place du rébus qui figurait auparavant en haut à gauche.

Kuniyoshi, Lutteur de sumo

Sharaku : Les acteurs de kabuki Bando Zenji (à gauche) et Sawamura Yodogoro II, dans la pièce Yoshitsune Senbon-Zakura (Yoshitsune, des Mille Cerisiers) ; 1794, cinquième mois. On remarque l’emploi d’un fond micacé noir.

Un monde flottant, entre réalité et impermanence

Le terme même apparait aux alentours de 1665 dans un poème d’Asai Ryoi, « Ukiyo monogatari ».

Vivre uniquement le moment présent,
se livrer tout entier à la contemplation
de la lune, de la neige, de la fleur de cerisier
et de la feuille d’érable… ne pas se laisser abattre
par la pauvreté et ne pas la laisser transparaître
sur son visage, mais dériver comme une calebasse
sur la rivière, c’est ce qui s’appelle ukiyo.

Les estampes sont désignées par cette expression de monde impermanent, une notion que l’Occident, découvrant le Japon, est en peine de comprendre.

Edmond Goncourt, interpellé par l’utilisation du mot Ukiyo retranscrit le mieux la notion, par « l’école du monde vivant, ou de la vie telle qu’elle se passe sous nos yeux ». En français, l’idée est le plus souvent transposée par « image de ce monde éphémère », l’insouciance d’une société en pleine mutation, attachée à décrire les plaisirs de la vie quotidienne telle qu’elle est.

Hiroshige, Nuit de neige à Kambara, sur la route du Tōkaidō

L’Ukiyo à travers ses artistes

L’ukiyo-e est un genre dont l’histoire se lit à travers les courants de ses représentants les plus fameux, chaque grand artiste ayant marqué un tournant dans sa pratique. Diverses écoles voient le jour et sont autant d’étapes de cet art, de ses débuts à son âge d’or, jusqu’à la fin de la pratique traditionnelle et l’entrée dans le XXème siècle.

Femmes aux bains. Nishiki-e de Kiyonaga (1752-1815), d’orientation yoko-e (format ōban).

Ce que j’appris au cours de cette exposition – grâce à la traduction du Nippon, aucune information n’étant prévue en anglais – c’est que ce style était jugé vulgaire en raison de ses thèmes du quotidien. C’est à l’ouverture du pays aux occidentaux que le genre connut un succès étonnant auprès des étrangers, fascinés par ces images qui était alors utilisées pour emballer des objets. Les estampes sont chassées par les collectionneurs d’Europe, et influencent la peinture européenne (en particulier les impressionnistes).

Présenter cet art japonais en un article tient de l’impossible, chaque artiste méritant une présentation à part entière. L’article de Wikipedia étant très bien référencé, je vous invite à développer votre découverte de cette si belle part du Japon.

 

Prochainement une exposition prometteuse sur l’univers des Yokai, les fantômes du Japon

Une très vaste collection d’images de fantômes et formes spectrales japonaises (Yokai) sera mise en exposition du  21 mai au 13 juillet. 


〒467-0806 1-27-1Mizuho street, Mizuho ward, Nagoya city

TEL 052-853-2655

FAX 052-853-3636

■ Heures d’ouverture 9 h 30 -17h00 (entrée jusqu’à 16h30)

■ Jours de fermeture
Chaque lundi (le lendemain si le lundi est un jour férié)
Le 4e mardi du mois (sauf vacances)
Fin d’année (29 Décembre – 3 Janvier)

■ TARIFS
● Exposition permanente
Adulte:  300 –
Lycée – collège :  200 –
Ecole primaire et jeunes enfants: gratuit

● Exposition spéciale:  (variation selon l’exposition) 1300yen (adulte) 900 (étudiants et lycéens) gratuit (scolaire)

■ Accès
● métro: 5 minutes à pied de « Sakurayama-station » de Sakuradori en ligne, à partir de la gare de Nagoya, Hisaya Odori, Imaike, et Aratamabashi
● Bus : à proximité de l’arrêt de bus « Le Musée » de Kanayama bus-terminal, pour Shimizugaoka et centre de réadaptation Polyclinique.

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