Travail au Japon

Après un an de travail au Japon, l’heure du bilan

Après un an de travail au Japon, je sentais le besoin de faire le point.

Je suis très reconnaissante de l’expérience qu’il m’est donné de vivre et d’avoir un travail au Japon. J’apprécie aussi chacune de mes journées. Je rencontre beaucoup d’élèves fantastiques, à la ténacité impressionnante, s’investissant énormément dans l’apprentissage d’une langue difficile. J’ai été particulièrement touchée par cet élève de 70 ans, prêt à faire un mois de japonais intensif afin de parler un peu la langue de sa belle-fille et de pouvoir communiquer avec son petit-fils. Je reçois tous les jours des demandes touchantes, pleines de rêves. Parfois plus ou moins enrobées, plus ou moins gentiment formulées. (S’il vous plait, soyez agréable! Lorsque vous passez par un formulaire de contact, sachez que de l’autre côté, une personne bien réelle prend le temps de vous répondre et de vous aiguiller.)

Mais cette expérience me vide beaucoup de mon énergie et de ma créativité. Après une année à écrire deux, trois articles par semaine, après des milliers d’emails, lorsque je rentre chez moi, j’ai le dégoût de mon clavier. C’est sans doute ce qui me touche le plus dans cette aventure. Car chaque jour, j’ai envie d’écrire, de raconter le Japon, mais une fois la journée touchant à sa fin, je suis littéralement à sec. Je perds beaucoup de neurones à regarder des séries. Neurones que je récupère par la lecture heureusement.

Les incertitudes du travail au Japon

Une de mes plus grosses difficultés, liée au milieu de l’entreprise japonaise, c’est l’absence de clarté relativement à mon poste. Au Japon, il n’est pas rare qu’on soit à la fois au four, au moulin, dans les champs, à la livraison et en boutique. Tout le monde donne la main à la pâte, pour tout. C’est pourquoi je ne mène pas une tâche précise, mais une multitude de tâches et que je suis amenée dans une même journée à faire tellement de choses différentes que je me sens telle la déesse Shiva. Imaginez que je cours même entre plusieurs buildings.

Remarquez, c’est formateur. Mais c’est aussi nerveusement difficile. Dernièrement, je suis même à cheval entre deux entreprises. L’école de japonais et une très jeune agence de recrutement qui se met en place. Le matin j’ai la tête dans le calendrier des cours, les emails, suivre le paiement des élèves et veiller à ce que tout roule. L’après-midi, je jongle entre le blog, la création de l’agence, surveiller les réseaux sociaux, assurer le suivi des mails, assurer la traduction de certains documents, faire passer des entretiens.

Les opportunités

L’avantage de l’entreprise à la japonaise, c’est que le flou artistique donne des opportunités. Je participe à des réunions importantes au cours desquelles je suis parfois totalement larguée. Je gère les stagiaires – wouhou on en accueille 3 nouveaux. Qu’est-ce que je vais bien pouvoir leur trouver à faire ? J’ai de la liberté pour prendre des initiatives. Bon, le désavantage, c’est de ne pas se sentir concrètement évoluer et performante.

J’ai enfin pris mes premiers congés payés – 5 jours, ce luxe!, en Juin pour profiter d’un séjour à Taïwan. Pouvoir faire une pause m’a fait réaliser beaucoup de choses sur le travail au Japon.

  1. Il ne faut pas renoncer à se ménager des activités à l’extérieur du travail. Même si on rêve de son lit dès la sortie du bureau. D’ailleurs, il faut aussi limiter les heures supplémentaires. Il ne s’agit pas de vivre pour travailler !
  2. Il ne faut pas laisser sa vie privée être envahie par le travail. Même si vous recevez constamment des emails du boulot (y compris à 23h, y compris le dimanche), il faut respecter ses limites. Les collègues japonais comprendront (enfin j’espère…).
  3. Apprendre à demander « pour quand ? ». Récemment, les demandes multiples de la part de mes collègues se sont un peu apaisées. Mais fut un temps où deux managers – plus la directrice, me demandaient des services dans la même journée et je tentais de mener à bien les trois tâches en espérant m’en sortir pas trop tard… Maintenant, je demande si demain, ça ne serait pas aussi bien.

Personnellement, après un an de travail au Japon, j’ai eu besoin de prendre des résolutions, parmi lesquelles…

  • Ne plus consulter son téléphone en marchant. À Taïwan, c’est une épidémie. Les gens qui regardent des vidéos ou vérifient leurs fils de notification en marchant ont tellement l’air ahuris que ça m’a fait un électrochoc. Ça me déconnecte aussi un peu du travail.
  • Ne plus manger n’importe quoi: c’est très difficile d’ajuster autant d’heures de travail avec le fait de se cuisiner des plats. Mais je tente de vivre en pleine-conscience et de ne plus empoisonner mon corps (la mal-bouffe c’est presque autant épuisant que 50 heures de travail).
  • Continuer de me former: je suis des cours de marketing et je tente de m’atteler à un cours d’anglais pour l’écriture. Je réalise à quel point étudier tout en travaillant est très difficile. Je n’ai pas encore achevé ce cours de 6 semaines, car je tiens à lire tous les livres complémentaires conseillés… Allez, d’ici la fin de l’été, je tente d’obtenir ma certification!
  • Le sport: j’essaye de courir tous les soirs. Même 10 minutes. Même si je préfèrerais m’écrouler sur le lit une fois le pas de ma porte franchi.

Et vous, quelles sont les résolutions que vous avez prises récemment?

10 Comments to “Après un an de travail au Japon, l’heure du bilan”

  • nipponimauvaisblog

    Salut Amélie !
    J’ai beaucoup aimé ton article et j’approuve les « bonnes résolutions » que tu as prises 🙂
    Je fais exactement le même constat en regardant ma vie l’autre jour… j’étudie à Kumamoto University et n’ayant pas beaucoup de cours par semaine, je n’ai pas vraiment de rythme dans mes journée donc : je glande beaucoup, je perds aussi des neurones, je mange mal…

    J’espère pouvoir tenir comme toi mes récentes résolutions :
    – 10 minutes de « méditation » matin et soir pour se vider l’esprit avant de se coucher et bien commencer la journée de bon matin
    – 10 minutes de fitness le matin avec 30 minutes de fitness l’après-midi si je n’ai pas sport le soir
    – Arrêter de manger du riz tout le temps et donc surveiller mon alimentation (les légumes me manquent).

    En attendant profite bien du Japon 🙂
    J’espère que tu réussiras à t’épanouir pleinement.

  • Michaël

    Hello Amélie Marie,

    J’ai souris plusieurs fois en lisant ton article. J’aime beaucoup ton constat concernant les deadlines floues et le fait que ta fiche de poste est toujours mise entre parenthèses au Japon. Cela me rappelle pas mal d’histoires…

    Concernant tes résolutions, j’espère que tu réussiras à t’y tenir. 4 bulletpoints ! Dont le sport et manger sainement. Personnellement je ne me fais plus ce genre de promesses. 🙂

    A bientôt.

  • Sime

    Ah mince, ça a l’air beaucoup plus prenant sur le long terme. Je me souviens du post que tu avais rédigé à l’obtention du job…
    J’ai bossé en tant que réceptionniste dans un cabinet d’avocats à Paris…Ce que tu décris à ton retour à la maison, ton corps vidé de toute énergie, c’est exactement ça. Je n’ai jamais pu avancer dans mes projets créatifs, d’autant que je suis une procrastinatrice à la base, mais sans points de vie, c’est chaud.
    Ptite question…J’envisage un PVT pour bosser en tant que prof d’anglais. J’ai l’intention de passer un certificat type CELTA pour contrecarrer le fait que je ne sois pas une anglophone de naissance, mais je sais que la compétition sera rude. J’envisage même de trouver une ville plus rurale, pour éviter les grands centre-villes type Tokyo, et j’essaie de potasser mon japonais (faux-débutant / intermédiaire).
    La question est : connais-tu, ou as-tu entendu parler de Français qui ont pu décrocher un job dans une école d’anglais ?
    J’aurais aimé finir avec un gif, mais je suis pas sûre que ça marche dans les commentaires…

  • Fred

    C’est vrai que le travail au Japon bouffe beaucoup d’énergie et ne laisse pas trop de place à la créativité car il faut respecter des codes bien précis. Sortir de l’ordinaire dérange souvent…

  • Safaa chan

    Dans ton récit je retrouve quelques similitudes avec le monde du travail à Dubaï, il n’y a pas vraiment d’équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Il faut jouer des coudes pour ne pas se laisser emporter dans le tourbillon des heures supplémentaires, des déjeuners pris tardivement face à l’écran de l’ordinateur, ces longues heures sans se lever une seule fois de sa chaise… Mais dès les premiers mois j’ai appris à me détacher de ce rythme et à faire au mien. On m’a souvent demandé de venir travailler le samedi (équivalent à notre dimanche) mais j’ai toujours refusé. Je ne suis pas le genre de personne à m’épanouir dans un tel environnement à moins que le travail soit passionnant. Du coup en vacances ou en weekend, je ne regarde pas une seule fois mon téléphone pro ou que très rarement et je profite pleinement de mon temps libre.
    En revanche ma résolution est d’être plus active après le travail car j’avoue être assez faible face à la tentation du canapé/série. J’aimerai me remettre plus à la lecture et au sport. Pour l’instant, le chéri et moi, nous avons adopté une bonne routine, étudier le japonais tous les jours après le travail.
    En tous cas je suis impressionnée par ton rythme, ce qui m’encourage d’autant plus ^.^

  • Eugenie

    Ca a l’air bien fatigant tout ca, être partout en même temps ce n’est jamais facile. Comme tu le dis si bien dans tes résolutions, n’oublie pas de te ménager ! 🙂

  • Julie_Aloha

    Tu as bien du courage ! Travailler, faire du sport et étudier. Oui je pense que clairement la déesse Shiva s’est réincarnée dans ta personne 🙂 Je te lis depuis un petit moment déjà donc s’il te plait ménage toi ! Je ne veux pas qu’une allergie au claver azerty te fasse arrêter ce blog 😉
    Bonne continuation !

    • ameliemarieintokyo

      Merci beaucoup! Je promets de faire des efforts d’écriture. Ce ne sont pas les idées qui manquent, donc… Je vais tenter d’écrire à des moments plus relax que le soir :).

  • Kenza

    Très positif ce bilan ! c’est vrai que tes mots manquent mais je comprends le ras le bol. Je suppose qu’une fois le rythme mieux pris, tu sauras trouver l’équilibre et le temps. Tu vas parler de Taiwan ?!

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