Travailler au Japon, un challenge de longue durée

Pendant quelques temps j’ai délaissé cet espace, afin de me consacrer à la recherche d’un emploi sur Tokyo. Et croyez-moi, c’est un travail à plein temps !

What do you generally think of employment opportunities for foreigners in Japan?

Travailler au Japon, certains en rêvent mais malheureusement, peu y parviennent. Ou tout du moins, pas comme ils l’auraient souhaité.

  • Japonais, pas japonais ? 

Honnêtement, les étrangers qui arrivent à faire carrière sans parler japonais sont ceux qui ont été mutés au Japon pour leurs capacités professionnelles et leurs années d’expérience, souvent au sein de leurs compagnies, dans le milieu de la diplomatie ou du professorat. Sans parler japonais, vous ne pouvez espérer toucher le graal, ne serait-ce que dans l’enseignement. Ainsi, est exigé en plus du Master fle, au minimum une licence de japonais. Bien sûr, la chance peut vous sourire, vous avez des contacts ou simplement votre débrouillardise paye. Trouver un petit travail – serveur, vendeur, distribuer les flyers, donner des cours, garder des enfants, ne demande pas de temps. Encore faut-il pouvoir toucher une position à temps plein et réussir à vivre avec un tel salaire (souvent 100 000 / 150 000yens par mois, soit entre 700 et 1000€).

Source: japanoob.fr

Tenter de lier les deux bouts à Tokyo n’a rien d’une sinécure, et les fins de mois peuvent être très difficiles. Un minimum de japonais peut vous ouvrir des portes à condition d’apporter un plus …

  • … Diplôme, pas diplôme ?

Trouver un travail au Japon – source: www.visajapon.com

Diplôme. Licence minimum, ou bachelor, à moins d’avoir une formation professionnelle précise – ouvrant d’ailleurs plus facilement les portes du pays du soleil levant (cuisinier, patissier, boulanger, spécialiste mécanique le Japon est à vous !). Parmi les diplômes les plus prometteurs restent encore et toujours ceux liés aux technologies, que cela soit l’informatique ou plus généralement l’ingénierie. Le monde des finances et les écoles de commerce vous permettent aussi de vous évader au Japon, assez facilement. Spécialiste du vin ? C’est le boum du moment. À noter que le milieu de la mode et du luxe permettent une entrée, à condition d’avoir de l’expérience …

Les diplômes vous permettent d’être au niveau pour bon nombre de compagnies – étrangères ou japonaises, mais même des boulots de moindre envergure requièrent quelques années sur les bancs de la faculté. Vous seriez surpris d’éplucher les annonces locales …

  • Faire un diplôme au Japon ? 

Là encore, en toute honnêteté, à moins d’être jeune (moins de 21 ans), cela sera très difficile. La société japonaise ouvre très peu ses portes à ceux qui sont « en retard » … Avoir plus de 24 ans et être encore à l’université réduit vos chances drastiquement. Vous êtes trop vieux pour être « formatable« . D’ailleurs, certaines entreprises ont des âges requis pour pouvoir y entrer.

  • Expérience, pas expérience ? 

Ça se joue à votre capacité d’adaptation. Bien souvent, pour des boulots un peu plus sympas – professeur dans une école, nourrice, restaurant un peu coté – un minimum d’expérience sera demandée. Mais rien ne vous empêche de vous battre pour votre bout de gras, et de tenter le tout à l’entretien. Ce sont d’ailleurs ceux qui démontrent un peu de culot qui s’en sortent le mieux.

J’ai donné des cours, fait des traductions, mais j’aurai pu tout aussi bien distribuer des flyers pour une école française, faire la baby sitter pour les agences recrutant des étrangères, servir au café de l’Institut français, nettoyer des guest houses, être barmaid à Roppongi, jouer la figurante pour la télévision japonaise …

L’ambassade de France est très claire sur les maigres chances de rester vivre au Japon avec un visa de travail. Même avec un bon bagage vous pouvez vous casser les dents et perdre temps et argent à essayer d’entrer sur le marché du travail japonais. Je n’avais jamais envisagé de rester vivre au Japon, et c’est bien parce que les hasards de la vie m’ont conduite à vivre à Tokyo, que je suis confrontée à cette réalité.

Non, l’anglais ne suffit pas. Non, même vos diplômes ne suffisent pas. Je dirais même que parler japonais n’est pas non plus tout à fait suffisant. La concurrence est rude, les natifs sont privilégiés même dans les positions demandant un niveau excellent en langues étrangères.

What do you think you need most to find a job in Japan?

Je n’ai bien évidement pas frappé à toutes les portes. Je pourrais sans doute démarcher bien des compagnies – françaises principalement, envoyer mon curriculum un peu partout, faire la pêche à l’aveuglette. Pour cela, il faut avoir du temps, de l’argent, et le luxe de se permettre de dépenser les deux, lorsque vous enchainez les entretiens aux quatre coins de Tokyo, à vos frais. Il faut avoir les tripes de se vendre pour tout et n’importe quoi.

Il faut aussi savoir où mettre ses propres limites. Certains boulots peuvent vous paraître dégradants, inacceptables – faire des ménages, nettoyer les toilettes, pour quelques 5€ de l’heure. D’autres ne suffiront clairement pas pour pourvoir en vivre, et vous feront perdre du temps. Être une femme apporte une difficulté supplémentaire, le spectre de la grossesse hantant toujours les recruteurs (à croire qu’ils en oublient leurs propres mères). Enfin, travailler au Japon en soi peut se révéler difficile en raison d’une autre culture du travail, où l’on obéit au chef, on bosse sur des plages horaires étendues, avec des obligations se poursuivant parfois au delà des horaires de votre emploi …

Source: http://www.travelience.com

Travailler au Japon n’est pas impossible, loin de là. Le pays, en voulant s’ouvrir aux étudiants étrangers, esquisse l’ombre d’un changement pour l’avenir. Mais travailler au Japon n’est pas à la portée de tout le monde. Il faut le vouloir, il faut se battre et avoir l’énergie de chercher partout.

La différence entre ceux qui réussissent à travailler au Japon, et les autres – Source: visajapon.com

Vous pourriez être intéressés par :

Dossier de l’ambassade de France et Chambre du Commerce et de l’Industrie du Japon

Travailler au Japon en 3 points du site Visa – Japon

La liste des sites d’offre d’emploi sur le site Kanpai.fr

Le retour d’expérience d’Aala, fameux auteur du blog « gaijin in japan »

Civiweb, le site dédié aux VIE à l’étranger 

Enquête sur le travail au japon (anglais) 

12 Comments to “Travailler au Japon, un challenge de longue durée”

  • Tardat Jérémy

    Bonjour Marie,

    Superbe article qui m’a éclairé sur mon envie d’avoir une expérience au pays du soleil levant ! Même si ton article date un peu j’espère que tu pourras me répondre ! Voilà je suis spécialisé dans le secteur des vins et spiritueux et je voulais savoir si ce secteur d’activité est demandé au Japon ou bien, si en tant que français et étranger il est possible d’obtenir un travail ?

    En général tout ce qui correspond aux produits de terroir, nourritures, gastronomies, alcools vins, me plaît beaucoup.

    J’ai 24 ans et mon OBJECTIF PRINCIPAL est de partir au Japon 1 ans ou bien 2 (2 ans dans l’optique de me faire sponsoriser) pour bien sûr expérimenter et améliorer mon niveau de japonais. J’ai pour l’instant pas l’intention d’y vivre à vie ou de demander un visa résident. C’est juste pour m’enrichir et découvrir une nouvelle culture. L’apprentissage de la langue sur place est ce que je recherche en grande partie.

    J’aimerais travailler plus tard au Japon par le biais d’une entreprise française ! Promouvoir le made in FRANCE, exporter notre culture etc… Je compte occuper un poste de commercial international ou bien sûr d’ambassadeur de marque ! Mais voilà dans un domaine bien spécifique ! (lol) c’est beaucoup d’ambition tu vas me dire, mais il y’en a besoin dans la vie.

    Je suis bien conscient de mon potentiel et de mon parcour déjà super enrichissant ! j’ai fait une école hôtelière + un apprentissage commercial dans le secteur du commerce du cognac ! Je suis de cette région (ça explique pourquoi), sans compter les multiples stages, restaurant étoilés, stages à l’étranger que j’ai pu occuper.

    Le seul petit bémol qui me freine est bien entendu mon niveau d’études. J’ai fait un bac + 3 mais je n’ai malheureusement pas obtenu mes diplômes ! Donc je n’ai que le BAC si l’on doit parler des diplômes obtenus officiellement. Je considère que le niveau BAC + 3 je l’ai haha 😉

    Actuellement je suis à l’étranger (Nouvelle-Zélande) c’est mon second voyage et je travail dans le secteur du vin. J’ai vécue plus d’un an en Ecosse avant cela et je compte encore voyager en Australie et Amérique Latine (toujours dans l’optique de travailler dans les vins et spiritueux), avant de « peut-être » envisager le Japon. Je parle donc bien anglais, et je me débrouille en espagnol. J’étudie bien sûr méticuleusement le japonais par le biais de cours sur internet.

    Désolé pour le pavé :O ^^

    Voilà merci de ton aide en espérant que tu puisses m’éclairer sur le sujet.

    • ameliemarieintokyo

      Quand j’ai lu ton commentaire, je t’avoue que je me suis dit « wow, un roman! » :D. Alors, pour répondre à tes interrogations: ce secteur d’activité est très actif et très demandeur de spécialistes. J’ai vu que tu n’avais pas tes diplômes, ce qui représente un frein, car les japonais accordent beaucoup d’importance aux diplômes et côté paperasserie pour un éventuel visa, cela te compliquera la tâche. En revanche, l’expérience est très appréciée et je t’encourage à demander des lettres de recommendations à tes employeurs et a préparer un CV (anglais et japonais) qui montre ton expérience de travail. En revanche les stages sont inconnus au bataillon au Japon, donc si c’est un stage court, ce n’est pas la peine de l’inclure. Un stage de 6 mois peut en revanche passer pour de l’expérience. Si tu es éligible pour un visa vacances-travail, c’est un projet tout à fait viable. Commence déjà à prendre quelques contacts, à tâter le terrain, prépare ton voyage et une fois sur place, tu auras sans doute des opportunités. Il faut que tu connaisses un minimum le japonais (au moins être capable de lire et de tenir des conversations très basiques, le reste tu apprendras sur place). Cela te permettra d’entrer par la petite porte dans ce secteur.

      En revanche, pour taper dans des postes plus prestigieux, pour promouvoir le « made in France », il va te falloir un solide niveau d’anglais (notamment à l’écrit), de japonais (des affaires), et pas mal d’expérience. Je pense que c’est un milieu où l’on peut réussir même sans diplôme, à condition d’être travailleur. En parallèle, tu peux passer des certifications au Japon (en japonais) sur le vins et les spiritueux. Cela t’aidera très certainement.

      Bon courage!

  • Amelie Marie In Tokyo / 2015 au Japon, entre travail et japonais

    […] Ayant dû abandonner mes plans pour l’Université Temple – un forfait par souci technique (résultat d’une grave erreur de com’ de leur part), le mois de janvier n’a pas été très drôle. Face à des dates limites, je me suis retrouvée les bras ballants à me demander ce que je pouvais bien faire. Le Japon a beau être un pays extraordinaire auquel je me suis adaptée, je suis encore perdue face au marché de l’emploi. […]

  • Partir en PVT au Japon

    […] culture du travail au Japon diffère totalement de la culture du travail en France. Si le droit du travail existe, il est […]

  • boobooSKI (@boobooskijapan)

    Salut a tout le monde! Je ne suis pas Francais, donc excuse-moi si je fait des erreurs dans mes mots, mais je voulais vous dire que si vous pouvez obtener un Visa vacances travail, vous pouvez travailler dans les stations de ski ou complexes hoteliers sur la plage. J’espere que cette information est utile 🙂

    Si vous voulez plus information, vous pouvez le trouver a: http://www.boobooski.com/french.html

    Bonne chance, et j’espere que vous avez un experience superb au Japon!

    • Amélie-Marie

      Merci pour le passage et votre commentaire. Je connais bien cette enseigne… Surtout pour les abus concernant les travailleurs étrangers: les heures qui décollent et le salaire qui reste bas (à peine 700€ par mois). C’est un programme qui peut éventuellement plaire à des jeunes aimant le sport, ayant de l’énergie à revendre et voulant découvrir le Japon. Mais ne cherchant pas à gagner leur vie. Ce n’est pas un travail que je recommande, surtout connaissant le peu de considération pour le droit du travail en général et encore plus dans le milieu hôtelier.

    • boobooSKI (@boobooskijapan)

      Bonjour Amelie-Marie,

      Je suis desolee pour reponder en retard! Je voyais pas votre message j’usque maintenant. Je suis vraiment desolee que vous pensez comme ca, et je voudrais bien savoir de quelle « abus » vous parlez, parce-que on essaye toujours a recevoir le meilleur traitement pour notre staff. Oui de temps en temps il y a des problemes, la plus souvent a cause du culture de travail au Japon, qui est vraiment different du culture de travail en France, et dans le Ouest par example. Mais je peux vous rassurer, que toujours quand quelque chose passe, on essaye la plus rapide possible a trouver le meilleur solution pour tout le monde.

      Et oui, c’est aussi vrai qu’on gagne pas beaucoup de salaire, mais ca n’est pas seulement les etrangers, c’est un cause du loi du salaire minimum au Japon, qui reste si bas comme ca. Moi je travaillais aussi pour des annees comme prof d’Anglais, et oui le salaire etait mieux, mais aussi la cout de vivre dans la ville etait beaucoup plus cher (dans les stations de ski on recevoit habitation / repas / ski pass gratuit), donc c’etait si difficile a sauver de l’argent.

      On est fiers d’avoir donné des centaines de jeunes une expérience incroyable au Japon, et surtout, on essaye toujours a devenir mieux, donc si vous savez quelqu’un qui passait un mal experience la, on voulait bien savoir ce qui passait pour qu’on peut eviter la meme chose a l’avenir.

      Merci pour votre consideration, et j’espere que vous continuez a avoir un tres bon experience au Nippon!

      Sincerely,

      Adam Claydon-Platt
      Director, boobooSKI.

  • Un an au Japon, le bilan ! | Le Japon par la lorgnette

    […] de cette langue m’a paru non seulement impossible, mais en plus inutile (voir Trouver un travail au Japon). Je ne dis pas que je n’ai aucun intérêt à apprendre le japonais, mais simplement […]

  • Eclectik Girl

    Là, je pense que ton article va remettre les idées en place à ceux qui rêvent de partir vivre et travailler au Japon.

    Pour le moment, mon rêve est simplement d’aller y passer 2 ou 3 semaines en vacances ^^

    je te souhaite en tout cas bien du courage dans tes recherches, ton apprentissage de la langue, et j’espere que tu finiras pour trouver un poste qui te plait et qui te permettre de vivre décemment.

    • Amélie-Marie

      Merci ! J’ai trouvé ! Pas dit que ça me plaise d’être nourrice, mais je peux vivre confortablement et garder mon appartement (ma priorité!).

      Viens donc en vacances oui, c’est une sacré découverte !

      Je pense que ceux qui le souhaitent ardemment y arrivent. Je suis passionnée, mais ce qui m’a toujours importé c’est l’étranger en général. Je n’aurai jamais imaginé 2 ans avant, que j’allais venir m’y installer.

  • fafa

    Très intéressant cet article, et très complet, je ne savais pas que c’était si dur de trouver un job au Japon en tant que frenchie, en tout cas je croise les doigts pour toi. Ici en Afrique c’est plus simple pour nous françaises d’avoir un boulot. Il suffit d’être bilingue anglais-français, et d’avoir une licence ou un master. Les diplômes français sont plus appréciés des recruteurs que les diplômes obtenus en Afrique. Je suis justement en train de remettre mon CV à jour en espérant trouver assez rapidement un travail au Congo. Au fait dans quel secteur tu recherches? Les entretiens sont ils en japonais?

    • Amélie-Marie

      Ayant une formation assez solide (Master en droit international), je pensais me tourner vers des postes de junior en entreprise, mais même mon excellent niveau d’anglais ne suffisant pas, je me suis rabattue sur l’enseignement du français (j’ai une petite formation et un peu d’expérience). Le soucis, c’est que les écoles me proposent des choses qui ne me permettent même pas de survivre (ou alors, à vivre en dortoir). Les écoles internationales privilégient bien sûr les professeurs ayant en bagages des licences liées à l’enseignement et / ou la petite enfance. Du coup, j’ai relativisé: tant que je ne maîtrise pas la langue, viser trop haut risque de me faire perdre du temps. J’avais alors le choix entre serveuse, vendeuse ou nourrice. J’ai opté pour le dernier choix, car cela me donne un salaire décent, avec un contrat sérieux, et j’ai même des congés payés ! Sinon, j’ai passé des entretiens en français et des entretiens en anglais. L’Afrique m’envoie du rêve :). J’espère que mon Nippon sera muté par là un jour !

Partagez vos impressions, idées et expériences avec moi :)

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.