Je suis allée voir un championnat de sumo

Et j’ai adoré. Le rendez-vous était au Kokugikan, à Ryogoku, pour le 39ème grand tournoi annuel. Du sumo, je ne connaissais rien, sinon l’admiration de Chirac, et le dégoût de Sarkozy, ainsi que l’affolant gabarit des sportifs. Loin de m’être ennuyée, je me suis découverte une formidable passion pour ce sport fascinant.

sumo

Mon école de japonais avait organisé l’évènement car il n’est pas toujours évident de s’y retrouver question tickets. La salle du Kokugikan a plusieurs niveaux, avec deux types de siège: le box de 4 places (tatami) plus proches du dohyo (arène), ou les sièges classiques à bascule dans les balcons. Pouvant accueillir jusqu’à 11 000 visiteurs, le hall est impressionnant.

Place de box au rez de chaussé – via www.sumofr.net

Place assise étage – via www.sumofr.net

Qu’est-ce que le sumo (相撲) ? 

C’est un sport de lutte remontant à plus de 1500 ans et aux origines religieuses. L’affrontement de lutteurs au gabarit effarant était dédié aux dieux. Appelés rikishi (et non pas sumotori), les lutteurs ne portent qu’une bande de tissu – de 9 à 14 mètres, serrée autour de la taille et de l’entrejambe, le mawashi.

Ce qui m’a frappée durant le tournoi fut la différence de gabarit entre les participants. Il n’existe en effet pas de catégorie de poids, et certains faisaient le double de leur adversaire. Gloups. Question balance, ils peuvent monter jusqu’à 280 kg. Mais ne vous y trompez pas, ils sont d’une souplesse à faire pâlir un pratiquant de yoga. D’ailleurs, ils vivent au rythme de leurs entraînements qui débutent à 5 heures du matin, et ils pratiquent beaucoup de rituels ancestraux.

sumo

Qu’est-ce qu’un match de sumo ? 

Le principe ? Ejecter son opposant hors du cercle de combat (dohyo土俵 ) ou lui faire toucher le sol par une autre partie du corps que la plante des pieds. Les présentateurs appellent les lutteurs à monter sur le cercle de combat où commence tout un rituel vraiment intéressant à voir: les rikishi chassent les esprits en frappant le sol du pied (四股), jettent du sel sur le dohyo pour se purifier (清めの塩), boivent et crachent de l’eau (力水). Les lutteurs s’observent pendant un bon moment, réitèrent les rituels, avant de finalement lancer le début du match en touchant le sol avec les mains. Ils se lèvent, s’élancent l’un vers l’autre, et c’est la lutte des titans, avec des contacts très violents. Ils ont alors 82 prises autorisées pour tenter de faire perdre l’équilibre à l’adversaire.

J’ai honnêtement été très emballée, car plus que du sport, c’est un vrai spectacle qui nous est donné à voir et ce n’est pas une seule seconde ennuyant. La foule soutient ses favoris, crie, rigole, applaudit; les présentateurs sont excités eux aussi et parlent vite dans leurs micros.

Au début du tournoi, ils ont fait venir de jeunes enfants « apprentis » (je vous rassure ils sont de taille corporelle normale) pour affronter les rikishi les plus célébrés. Cela donne des scènes cocasses avec deux, trois petits bouts tentant de pousser un lutteur qui en mangerait bien 10 d’un coup. Bien sûr, bon joueur, le lutteur fera exprès de perdre … non sans avoir faire voler dans les airs les morveux en les tenant par leurs mawashi.


Le sumo au Japon a été pas mal entaché de scandale – triche, matchs truqués, et c’est vraiment dommage de gâcher un sport traditionnel pour des histoires de sous. La question des femmes lutteuses est aussi un débat étonnant. Il existe des jeunes filles qui pratiquent le sumo en amateur (on compte 1 femme pour 300 homme). En revanche, traditionnellement le dohyo n’est pas accessible pour les femmes. Le shintoisme considère en effet le sang impur, et les femmes, en raison de leurs menstruations, sont impures par association. Beaucoup des femmes pratiquant le sumo considèrent cela comme normal, et partie intégrante de la tradition. Mais certaines amatrices du sumo s’en offusquent. Ce fut notamment problématique lorsqu’une responsable politique d’Osaka n’a pas pu remettre le prix local en montant – comme tous les autres dignitaires habituellement, sur le cercle de combat.

 

3 Comments to “Je suis allée voir un championnat de sumo”

  • William

    Bonjour, Je pars au japon dans une semaine et j’ai pris un ticket pour le tournoi de sumo le 15 mai. Votre article m’a beaucoup plu et est super intéressant ! Comme vous j’y vais pour la première fois sans connaitre du tout, mais ça me donnais envie voilà, et votre article me motive encore plus !

    Par contre une question : le ticket est pour la journée, mais très honnêtement je ne sais pas si je vais supporter de regarder ça de 8h du mat à 18h !!! Du coup si je ne devais y aller qu’une demi journée, à votre avis quand est-ce que c’est le plus intéressant ? à l’ouverture ? à la fin ? est-qu’il y a un entracte de midi, est-ce qu’ils refont la cérémonie d’arrivée en début d’aprèm ?

    ありがとう ございました !

    • ameliemarieintokyo

      Bonjour, merci de ce passage. Personnellement, je m’y suis rendue vers 13h30 et suis restée jusqu’à la fin. Il me semble que la matinée et l’heure du déjeuner est consacrée aux jeunes rikishi et à des petits matchs. Vers 14h (si c’est comme le tournoi que j’ai observé), il y a un peu de mise en scène avec des sketchs, et ensuite les « poids lourds » de la compétition entre en scène. Je dirais donc de zapper la matinée. Mais ça reste une recommandation personnelle :). Il y a peut être plus d’avis sur le net.

  • Béné

    C’est bien l’un des sports pour lequel je n’éprouve aucun intérêt. Mais alors aucun ! J’ai essayé mais non, rien à faire. Les profs de mon ancienne école m’ont encouragée à aller voir un match (j’habitais près de la salle où se déroule le tournoi) mais elle n’a jamais pu me persuader d’y aller.
    je préfère encore le base-ball (même si ce n’est pas non plus trop ma tasse de thé).

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