danshari minimalisme japonais

Danshari, l’art japonais du rangement minimaliste japonais dans mon chez moi

Cet art du rangement et philosophie de vie porte un nom très symbolique en japonais. Les kanji du mot danshari (断捨離) représentent chacun les étapes d’une méthode pour faire le tri dans ses affaires et sa vie.

Danshari : Refuser – Jeter – Séparer

Le premier kanji,断, représente le refus ou encore le rejet de quelque chose. Le second, 捨, nous donne le verbe « jeter », tandis que le dernier (離) se rattache au concept de la « séparation ».

En somme, danshari ne pouvait pas être un terme plus clair en matière de modus operandi pour votre ménage de printemps !

C’est en parcourant l’ouvrage L’Art Du Rangement de Hideko Yamashita, auteur et conférencier en vogue avec plusieurs unes de magazines à son actif, et pas moins de 2,5 millions de livres écoulés sur le sujet,  que j’ai découvert la mise en application de la philosophie danshari à travers trois règles.

1 : Refuser de s’encombrer de nouvelles possessions dans sa vie.

2 : Jeter les possessions qui encombrent son espace de vie.

3  : Se détacher du désir de possession matérielle.

Une évidence sur le papier

Ces trois règles peuvent sembler évidentes à certains. Pour d’autres, c’est là le début d’un chemin initiatique semé d’embûches et d’inquiétudes.

Car se libérer de ses possessions et du désir de posséder dans un monde de plus en plus matérialiste et à la surproduction galopante tient de l’engagement militant. Et aussi d’une volonté de se recentrer sur l’essentiel à l’heure de la dispersion de l’attention.

YouTube regorge de petites vidéos avant/après un rangement minimaliste. L’objectif ? Faire le tri et faire de la place.

Être minimaliste = aller à l’essentiel

Interviewé par Spa! Magazine dans un article dédié au danshari, Hideko Yamashita nous pousse à nous questionner sur nos besoins matériels réels.

« Qu’est-ce qui est le plus important, la vie ou les objets ? Les objets ne sont pas nécessairement hostiles à la vie mais ne le deviennent-ils pas lorsqu’ils ne vous rendent pas la vie meilleure ? Demandez-vous : ai-je besoin, maintenant, de ce que je possède ? Si non, pourquoi ne puis-je pas abandonner mes affaires, tout ce que j’ai pu accumuler au cours de toutes ces années, et que je continue d’accumuler ? Qu’est-ce qui me lie à celles-ci ? Mes affaires dominent-elles ma vie ? »

Autant de questions que je me suis moi-même posée lorsque j’ai emménagé au Japon et appris à vivre en couple dans un tout petit espace au coeur de Tokyo.

Bien sûr, je réalise que nous avons tous des affaires auxquelles nous tenons. Nous ne traversons pas la vie tels des coeurs de pierre et éprouvons de l’attachement, des émotions pour nos objets.

Ainsi, je ne peux pas m’empêcher de me remémorer le jour où mon chat a fait tomber un sucrier en verre polonais. Alors que je l’ai vu se briser en mille morceaux, j’ai fondu en larmes. Petite fille, j’aimais beaucoup le regarder, posé sur la table alors que les adultes prenaient le café. Son verre finement ciselé, son rouge grenat, me fascinait. Le sachant fragile, j’en prenais soin, bien plus que mes propres jouets.

Les objets qui nous entourent peuvent avoir un pouvoir sur nous dépassant la raison.

Pourquoi consommons-nous ?

Les sirènes de la consommation sont puissantes et nous sommes peu à pouvoir y résister vraiment totalement. Les appels à un ralentissement de notre consommation, de notre production, peinent à se faire entendre dans un monde courant après la croissance.

Qui n’a jamais acheté sur un coup de tête un vêtement, un outil, un objet déco, pour finalement le mettre au placard ? Je n’ai pas honte de l’avouer, cela m’est arrivé plus d’une fois.

Nous avons appris à acheter non pas par besoin, mais pour satisfaire nos désirs. Et par là même notre égo et notre sentiment d’exister.

Bien que le danshari nous apprenne bien à ranger, c’est aussi un courant minimaliste qui semble réagir aux excès des temps modernes.

Prochainement peut-être, nous nous réveillerons fatigués de cette course absurde, à la production de masse d’objets dont on programme l’obsolescence de plus en plus vite. En attendant, nous n’avons qu’une terre et les ressources qu’elle nous offre.

Le danshari découle avant tout du zen japonais.

Malgré une société ayant le shopping pour hobby, le Japon est la terre du minimalisme par excellence.

Le minimalisme est notamment très prégnant dans le bouddhisme zen et l’on peut rapprocher le danshari au concept de wabi. Celui-ci représente la plénitude que l’on ressent à mener une vie austère, simple, économe.

C’est ce qu’avance Michael Hoffman lorsqu’il cite le maître zen Daisetsu T. Suzuki pour définir la notion dans son article Zen And Japanese Culture (1959).

« Wabi signifie être satisfait avec une petite cabane, une pièce de deux ou trois tatamis… Avec un bol de légumes récoltés dans les champs d’à côté, et peut être l’écoute du bruit d’une douce pluie de printemps… C’est en réalité, le culte de la pauvreté, probablement approprié à un pauvre pays comme le notre ».

La mise en application du danshari fut une libération du matériel.

Au fil des mois, j’ai entrepris d’appliquer le minimalisme chez moi et de faire le tri. Bien sûr, je suis loin d’avoir atteint le degré de détachement auquel aspire le danshari. Néanmoins j’ai appris à me séparer de mes affaires sans regret.

De plus en plus, je suis amenée à m’interroger sur l’utilité de ce que je possède et sur ce qui me motive à faire un achat.

Avant de découvrir le minimalisme, j’étouffais. Je me sentais ensevelie sous des montagnes de problèmes. Trouver un travail, déménager, un mari éloigné. Lorsque je rentrais chez moi, j’étais tel un lion en cage, prise au piège de mon environnement.

La vague Mari Kondo

Après plusieurs années de vie au Japon, j’ai vu la vague Mari Kondo déferler en France. Plusieurs articles ont été consacré à cette consultante, surnommée la « papesse du rangement ». Ma première réaction fut mitigée. Au Japon, elle a eu moins de succès.

Pourtant, quelques jours plus tard, après être rentrée du travail, je me suis mise en tenue de combat et j’ai trié, trié, trié. Pendant quasiment 7 heures d’affilées. Au final, j’ai sorti 4 gros sacs poubelles après avoir fait le tri. Ainsi j’ai dit adieu à mon fatras le plus obscur : des bouts de ci, des objets cassés, des fringues abandonnées dans un recoin sombre de mon placard.

Appelez-le danshari ou ménage par le vide. Toujours est-il que je me suis sentie soudain libérée.

Un minimalisme modéré

Plusieurs semaines plus tard, je me suis attelée à un deuxième cycle de tri. Se détacher de certaines choses m’est devenu plus aisé.

Je suis de plus en plus attirée par l’idée d’une habitation épurée de tout. Sans aller jusqu’à l’excès inverse, jusqu’à une austérité religieuse, mon nouveau chez moi m’est devenu précieux. Désormais je suis heureuse de rentrer, heureuse de profiter de mon espace.

À vous de jouer !

Si vous aspirez à plus de minimalisme dans votre vie, je ne peux qu’applaudir. Et si vous n’êtes pas encore tout à fait convaincu.e par le danshari, je ne vous en voudrais pas. Il est évident que l’art minimalisme du rangement n’est pas inné mais acquis et requiert un engagement de votre part.

Cet engagement n’est pas évident. Que nous vivions seul.e, avec un.e conjoint.e, une famille, les normes sociales vont de pair avec la consommation d’objets (in)utiles.

Voici quelques règles d’hygiène de vie que je tente d’appliquer au quotidien.

REFUSER 断

1 Ai-je vraiment besoin de faire cet achat ?

2 Ne pas se laisser envahir par ses affaires.

3 Appliquer le DYI pour faire des cadeaux – cuisiner de bonnes choses est mon option favorite !

4 Ne pas remplacer mes affaires trop rapidement : user jusqu’au bout ce que je possède.

5 Apprendre à réparer.

JETER 捨

1 Un objet n’est qu’un bien matériel. Les sentiments sont en moi. Je n’ai pas besoin d’un ticket de concert pour me rappeler un bon moment du passé (jeter / recycler).

2 Ce que je ne porte vraiment plus, ce que je n’ai jamais porté, utilisé, ira sans doute à quelqu’un qui en a vraiment besoin (donner / recycler).

3 Être économe en cuisine : ne plus gâcher la nourriture et utiliser les restes.

4 Faire régulièrement le tri et jeter ou recycler ce qui ne m’est plus utile.

SÉPARER 離

C’est certainement sous cette dimension que le danshari est une véritable philosophie de vie. Nous ne sommes pas loin du concept de rejet, en fait je dirai que nous sommes même en amont, devançant le besoin de refuser en contrôlant le désir même de posséder.

1 Réfléchir aux émotions qui me lient aux biens matériels. Pourquoi ai-je une pulsion de consommation ? Qu’est-ce que je retire à acheter un bien ?

2 Faire un véritable travail de distinction entre besoin réel et désir.

3 Détacher l’égo de la possession.

Et vous, appliquez-vous ou seriez-vous tentés d’appliquer cette philosophie japonaise dans votre vie et votre espace de vie ?

Psst : Depuis cet article, j’ai déménagé et j’ai reparlé de minimalisme ici.

20 Comments to “Danshari, l’art japonais du rangement minimaliste japonais dans mon chez moi”

  • Kateika & kakeibo : arts ménagers et méthode de budget

    […] deux un peu réticents à regarder nos comptes de trop près… Néanmoins, notre style de vie minimaliste nous a rendu très économe aussi, tenir un livre de compte ne nous est pas forcément […]

  • SPAGGIARI

    J’aime bien l’idée que chacun peut interpréter le minimaliste à sa façon personnellement je me rend compte petit à petit des objets dont je n’ai pas l’utilité, d’ailleurs petit conseil pour vous débarrasser des livres vous pouvez les vendre sur Momox et les vêtements sur Vinted, c’est très simple, rapide et ça permet de se faire un peu de sous 🙂

  • Minimalisme japonais dans mon nouveau chez moi

    […] j’ai parlé la première fois de minimalisme, je me référais au mouvement dit « danshari » qui allie trois perspectives : refuser l’encombrement de nouvelles choses […]

  • Sophie Nette

    Merci pour ce super article et génialissime vidéo ! Vous venez de me donner la force de m’y mettre sérieusement !!!!!! Merci merci

  • Ana

    Bonjour!
    Quel excellent article (minimaliste lui aussi ahaha!). Je vis aussi de cette façon depuis quelques temps, et se détacher des achats compulsifs, des dépenses inutiles, préserver « l’essentiel » (de quoi se nourrir, se vêtir, se doucher etc) est le meilleur remède à la « dépression » que j’ai pu avoir.
    En plus de recycler, de donner, ou d’échanger avec d’autres personnes, le fait d’être minimaliste et se débarrasser d’affaires permet d’économiser (pour ma part), et me permet de pouvoir travailler et vivre une passion à coté, voir même voyager. J’espère que cela fonctionnera autant sur les autres que vous et moi !

    Soyez centrés sur l’essentiel, un objet est un objet et ne vous apportera jamais la chaleur humaine, la satiété, le sommeil etc 🙂

    Bon courage, et excellent article merci !

  • Onrangetout

    Merci pour ton article intéressant! Je ne connaissais pas le Danshari.
    Tes photos prouvent que tu es vraiment parvenue à être minimaliste, bravo d’avoir réussi à passer ce cap !
    Personnellement, je trouve certains objets parfois décevants et je regrette du coup mes achats qui m’encombrent pour rien. J’ai donc décidé d’en acheter moins et de meilleure qualité.
    J’aime trier mes affaires régulièrement. Je pense donc être sur la bonne voie pour appliquer le Danshari.

    • ameliemarieintokyo

      Bonjour! Merci beaucoup de ce commentaire. Je suis encore loin d’être minimaliste mais je fais ce que je peux! J’aime aussi beaucoup trié et si je sens que j’ai fait « rentrer » trop de choses dans mon chez moi, c’est qu’il est temps de mettre de l’ordre!

  • un23ilaria

    très bel article. Je donne des ateliers sur le minimalisme appliqué à son intérieur, le bien-être qu’on y retrouve et le plaisir de retrouver un véritable « espace » chez soi. Je vais mettre votre blog dans les lectures « inspirées » sans tarder. Bravo encore!

  • fengshuibzh

    En feng shui, on appelle cela la clarification de l’espace: Tout autour de nous est perçu sous une dimension énergétique. Libérer les espaces de tous ces objets dégage les énergies polluantes et laisse place à une nouvelle forme d’ambiance fraiche et jeune.
    Plus d’info sur fengshui.bzh

  • Bulle_Virtuelle

    Je suis en plein désencombrement, j’y vais à mon rythme. Une chose est sûre, je me sens mieux, moins stressée depuis que j’ai commencé à faire du tri. Par contre, je n’ai pas été emballé par le livre de Marie Kondo, j’ai préféré la lecture de l’art du désencombrement et les livres de Dominique Loreau.

    • ameliemarieintokyo

      Je ne suis pas non plus totalement emballée par sa vision un peu catégorique du rangement. Mais je comprends très bien ce sentiment d’apaisement lorsque l’on fait le tri. Je ne connais pas cet auteur, du coup merci de cette nouvelle référence :).

    • Edyna

      Idem pour moi aussi je viens d’acquérir les deux livres et celle de Dominique Loreau je le trouve vraiment génial et pas celui de Marie Kondo que parle surtout de rangement et la joie que les biens matériels peuvent nous procurer.
      Jai commence à faire mes trie et cest pas si évident que ça mais j’espère le réussir a long terme

  • lazulirondoudou

    c’est fou que ca soit conceptise a ce point…personnellement pas facile de se debarrasser de certains objets parfois mais bon demenager a l’autre bout du monde ca aide a trier XD
    j’aime bien etre entouree de mes trucs ca me rassure^^

    • ameliemarieintokyo

      J’ai du laisser tellement de choses en France que ça m’a pas mal soignée 🙂 je me détache plus facilement. Après j’ai des petits bidules que je garde bien sûr. Ceci dit je crois qu’à chaque fois que je change de lieu, je m’en refais des nouveaux ^^.

  • AmandineDismoimedia

    Désencombrer et créer de l’espace oui mais pas à ce point pour ma part. Je ne suis pas sensible à la pub, j’achète peu et pourtant j’accumule et ce que j’accumule je l’ai vraiment choisi. J’aime qu’un intérieur reflète la personnalité de son habitant. Après les intérieurs avec beaucoup de livres, de dvds, de tissus, de petits objets de famille je trouve ça chaleureux.
    Malgré tout le tien « respire » et je ne doute pas que tu t’y sentes bien.

    • ameliemarieintokyo

      Merci !
      Je comprends parfaitement ton point de vue, je crois qu’il n’est pas nécessaire de tomber dans les excès pour son intérieur.

      Je sais que me concernant, je ne supporte pas d’avoir trop de choses autour de moi, sans vraiment pouvoir en expliquer la raison. Je me sens vite mal dans un intérieur chargé en objets, babioles. Je pense que vivre dans un petit espace n’arrange pas. Plus tard, j’aimerai avoir un logement me permettant d’avoir une pièce vide (très japonais ça aussi, d’avoir une pièce « à part »), dans laquelle je puisse décompresser, sans que ça empêche les membres de la famille de « vivre leurs affaires »:).

  • Bérénice

    C’est la première fois que j’entends parler du minimalisme en intérieur. C’est super intéressant ! Ton appart est très mignon aussi, j’aime beaucoup 🙂

  • ladyelle134

    Absolument, J’ai régulièrement des crises de « jetage, donnage, rangeage, vidage » 🙂
    Y’a qu’à voir un de mes derniers billers « faire le vide »
    Mais même si je tends petit à petit vers le minimalisme, va quand même me falloir du temps 😉

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