365 Jours de Tokyo: La Newsletter (1)

Lundi, 15:38.

– Amelie, j’aurais quelque chose à te demander? Tu as un peu de temps?

– Oui, de quoi s’agit-il?

– Ce serait bien si on relancait la newsletter… Ça marchait rûdement bien!

Oh, oh. Je sens venir la nouvelle lubie de loin.

– Très bien, pas de souci, je le fais. On projette un lancement en février?, Je tente, l’air de rien.

– Non, non. J’aimerais bien la lancer en janvier.

Bien sûr, en janvier. Je jette un oeil à mon planning. Le sourire en digue-digue*.

***

Lundi, 16:47.

Après avoir mis à jour la liste des abonné(e)s et enfin avoir une idée plus claire du fonctionnement des modèles et des campagnes, je souffle. Qui m’a donné une interface aussi peu agréable d’utilisation? Mailchimp, je te maudis.

– Aaaah. Merci les collègues. Sans vous, j’étais perdue. Bon, demain, je l’écris.

– Ah ah ah, bienvenue dans le club des victimes de la lubie newsletter. Tu vas pouvoir souffrir avec nous.

La popularité de Mailchimp n’est plus à refaire.

***

Lundi, 17:57

En rentrant, j’ai tellement la tête dans le travail que je ne fais même plus attention à mon chemin. Je dois faire mes courses pour préparer un nabe, un plat mijoté japonais où l’on peut mettre à peu près ce qu’on veut. Enfin, en l’occurence, je dois concocter un chanko nabe, un plat spécifique au régime alimentaire des sumotoris. Arrivée aux condiments, je perds 5 minutes à me demander s’il me reste du mirin, un sake très doux, proche du vinaigre, utilisé en cuisine.

Mirin, est-ce que je dois… Et donc dans la newsletter, je parle de quoi à la section nouvelle? Amélie! Concentre-toi! Mirin, oui ou non? Ah, j’ai acheté le poulet hier, mais est-ce que ça serait pas mal de rajouter du tofu. En parlant de ça, quels articles du blog dois-je partager? Ah, nom de nom! Cuisine! Cui-sine.

Je sors du supermarché vidée de mon énergie.

***

Lundi, 18:34

Devant ma boite aux lettres, je suis figée. Dans un des casiers de réception des colis, ma commande de la veille. Dans ma boite aux lettres, rien. Je pose mon sac de course, et fouille dans la poubelle à prospectus. J’ouvre le clapet des autres boites aux lettres, l’air de rien.

Mais je dois me rendre  à l’évidence. Je n’ai pas l’avis de passage de la poste. Ce qui se traduit par « je n’ai pas le code du casier ». Et donc je peux regarder avec amour mon colis, mais je ne peux mettre la main dessus. Qui m’a donné un livreur pareil. Je râle.

***

Lundi, 19:25

Après moults râleries et deux – trois nerfs en moins, le centre de livraison me rappelle. La jeune femme au téléphone est visiblement très contrariée.

– Oui, donc votre code c’est 0403.

– D’accord.

– Dis donc. Vous êtes vraiment certaine que vous n’avez pas l’avis de passage?

– Oui.

– Il est vert et jaune, hein. Vous êtes sûre?

– Puisque je vous dis que oui.

– Vous avez vraiment bien regardé?

Là, je me dis, c’est comme les techniciens en informatique des SAV. « Avez-vous commencé par redémarrer votre ordinateur?« .

Je l’imagine la tentraine, un uniforme strict et triste. Elle a sans doute des lunettes, et un chignon comme toutes les autres employées. Elle est en train de fronçer les sourcils, agacée d’avoir à faire à moi, la cliente qui pose problème, et d’avoir dû rappeler un chauffeur. Tout dans son language transpire l’irritation de la fin de journée.

– Oui, j’ai bien regardé, autour, y compris dans les boites aux lettres des autres.

Petite provocation de ma part.

– Ah, euh. Bon, en tout cas… En tout cas, le chauffeur, lui, dit qu’il l’y a mis hein. C’est bizarre.

Je soupire. Cette conversation en japonais m’épuise et tourne en rond.

– Ouais, bah non. Merci. Au revoir.

Et j’ai raccroché, parce que bon. J’ai un plat à cuisiner, moi.

***

*Dites moi que vous connaissez cette expression. Je me sens très seule.

2 Comments to “365 Jours de Tokyo: La Newsletter (1)”

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