365 Jours de Tokyo: day 34

365 Jours de Tokyo: Les crêpes

15:55 Mon avion vient de se poser à Haneda après un vol éprouvant. Pour la première fois depuis très, très longtemps, je me suis trouvée assise à côté de quelqu’un. Ma chance s’est tarie (après des dizaines et des dizaines de vols en solitaire!). J’ai tenté vainement de dormir. Ai capitulé lorsque mon moniteur a soudainement rendu l’âme. Me suis réveillée pâteuse, lorsqu’ils ont allumé les lumières. Deux heures avant l’atterrissage, c’est l’heure du petit déj’ dans les nuages.

– Bonjour, vous avez le choix entre le menu A, fruits de mer, et B omelette. Je vous recommande vivement le menu A.

– Menu B.

Sourire crispée de l’hôtesse. Oui. Je sais bien que lorsqu’ils vous encouragent à choisir un menu, c’est que l’autre commence à se rarifier. Le désavantage d’être dans le fond de l’avion.

Je sors épuisée mais déterminée. Objectif: immigration, valise, douane, taxi, maison, sento, dodo. Les résidents du Japon ont la chance de passer l’immigration très rapidement – voir plus vite que les nippons eux-mêmes car nous sommes moins nombreux dans les files. Je n’ai même pas eu à attendre une minute. Je cherche le tapis à bagages.

Vol Paris CDG: F

Parfait… C’était vite dit.

Vol Paris CDG: B
Vol Paris CDG: C

Pas de panique, je réveille mes neurones récalcitrants. Qui me signalent non sans un gros soupir, la colonne « compagnie aérienne ». Je me dirige vers le tapis B sur lequel déjà quelques bagages sont tombés sans aucune grâce dans le silence complet du hall. Je dors debout, face à l’aboutissement du système digestif aéroportuaire. Les valises, cartons, sacs de voyage s’enchaînent. Viennent enfin mes affaires, que j’attrape avec peine, avant de me diriger vers la douane. J’ai une pensée pour le fromage. J’aurais vraiment dû en acheter plus.

16:16 Je monte dans le taxi. Il me demande l’adresse, mais je n’ai même plus la force de parler. Alors je lui montre ma carte de résident. Direction Shinjuku, pour environ une heure de trajet. Je regarde le paysage par la fenêtre. Le soleil se couche et Tokyo baigne dans une douce lumière rouge orangée.

17:21 Mes bagages sont déjà éventrés sur le sol de ma chambre. Je range au plus vite, avant que la fatigue ne m’assomme. J’attrape mon gros sac en toile et j’y glisse mes affaires de toilettes ainsi que des vêtements propres. Je file au sento du coin. Les bains chauds aident beaucoup à faire passer les douleurs musculaires après un voyage de près de 24 heures.

21:30 Extinction des feux.

4:04 Les yeux grands ouverts, je réalise que je suis réveillée. Je jette un coup d’oeil à mon portable. Merde, il aurait été 6 heures encore… Je tente de me rendormir. Victoire.

***

7:35 Mon réveil sonne. Rappel.

7:44 Rappel

7:53 Rappel

8:02 Rappel

8:11 Rappel

10:03 Une conversation animée et des rires me tirent de mon sommeil. Je suis curieuse de comprendre les raisons de cette liesse matinale, mais lorsque je tire les rideaux, je ne vois personne dans la rue.

10:54 Alors que je sors de mon appartement, je croise trois hommes en train de laver à grandes eaux le sol de l’immeuble. Petites serviettes blanches autour de la tête, pantalons gris et amples, ils s’activent à nettoyer avec énergie.

11:57 Je viens déposer les souvenirs à l’école. Des crêpes, des madeleines, caramels, chocolats et autres douceurs françaises. On se souhaite la bonne année. Je rejoins le bureau, pour une seconde tournée de souvenirs.

12:30 L’heure est grave.

– Munemura* a fermé en décembre.

– Hein!? Non?!

– Si…

– Ils vont rouvrir?

– Je ne sais pas. Je ne pense pas… Elle était trop âgée sans doute…

Dépités, nous décidons de tenter Munemura (fils)**. Si le menu est proche – avec beaucoup moins de choix, la qualité, elle, est loin d’être à la hauteur de nos espérances. Les plateaux copieux insistent moins sur la qualité et l’on retrouve un esprit très cantine de salaryman pressé.

***

18:03

– Ah! Amelie! Les crêpes sont délicieuses!

– Je me suis rappelée leur succès l’année dernière.

– Tu sais si on peut en acheter ici?

– Aucune idée…

18:17

– Amélie! Tes crêpes, olalala, c’est terrible, on ne peut pas s’arrêter!

– Ah ah, en effet.

– Dis, dis, ça s’achète ici? Tu sais si on en trouve?

19:05

– Amélie! J’ai une question!

– Oui?

– Tu saurais si on peut acheter les crêpes que tu as amenées aujourd’hui? Non parce que plusieurs professeurs ont demandé et…

– … Je vais me renseigner.

19:30 Je prends 5 minutes pour souffler dans la salle des profs quand…

– Dis donc, tes crêpes, c’est incroyable!

– Pour tout vous dire, je regrette de ne pas en avoir pris plus. Je savais que l’année dernière vous aviez aimé, mais à ce point.

– Tu crois que ça se trouve ici?

– Franchement, j’en doute. Mais je peux m’en faire ramener hein! N’hésitez pas!

***

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***

*Munemura: petit restaurant cantine où je déjeunais régulièrement, tenu par une adorable grand-mère japonaise. Était à Iidabashi.
**Munemura (fils): petit restaurant cantine tenu par le fils de la grand-mère japonaise. Se trouve à Kudanshita.

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