365 Jours de Tokyo: day 32

365 Jours de Tokyo: La Rencontre Avec La Famille (1)

Juin 2012, entre Tokyo et Hachioji

11:15 Assise dans le train de la ligne Keio, j’ai la boule au ventre. Je tente de me distraire en observant le paysage urbain qui défile à toute vitesse. Peine perdue.

– Comment on dit, déjà, « enchanté? »

– Encore?! Tu as déjà oublié?

– Oh, ça va hein, j’ai la pression.

– « Hajimemashite« .

– Hajime…mashite. Je crois que je tiens le bon bout. Ha…jimemashite. Hajimameshite. Merde.

– C’est pas grave, ils se moquent des conventions. Sois toi-même, tu verras.

Plus facile à dire, qu’à faire. Je grommèle que j’aimerais bien faire bonne impression, mais il s’est déjà rendormi. Je me sens beaucoup moins maline d’avoir suggéré de rencontrer ses parents. Je m’en taperais la tête contre les murs. L’idée lumineuse m’est venue, un soir, alors que nous digérions le délicious poulet teriyaki qu’il avait cuisiné. C’est un peu sa recette fétiche. Celle qu’il sort quand il faut séduire les filles.

– Dis, je peux rencontrer ta famille?

– Hmm… Vraiment?

– Ben, pourquoi pas?

Il a l’air de trouver l’idée ennuyeuse. Les japonais aiment leurs proches, mais à distance, visiblement. Il réfléchit quelques minutes, le nez en l’air.

– Hmm… Dimanche midi alors. Je vais leur envoyer un message.

***

La ville laisse place à quelques collines boisées. Au loin les montagnes et un grand ciel bleu. Le train se vide peu à peu. Nous allons presque au terminus. J’ai encore une bonne dizaine de minutes pour réviser mon introduction mais les mots me filent entre les doigts…

« Mejirodai, mejirodai. »

Il est déjà debout et s’étire avant de se tenir à la barre. Il attrape le sac de cadeaux et se tourne vers moi.

– C’est notre arrêt.

Je me liquéfie encore un peu plus. La chaleur torride du mois de juin m’écrase sur le quai de la gare. Devant la sortie, une grande place avec des arrêts de bus. Nous passons sur la gauche, devant une librairie, puis un conbini et enfin un restaurant chinois. Nous marchons quelques minutes dans les petites rues du quartier et déjà, j’ai perdu le sens de l’orientation. C’est un coin résidentiel, sans aucun immeuble à l’horizon. Des petites maisons avec leur jardin. Elles ne sont ni laides, ni belles, mais on est loin des belles habitations traditionnelles. Au loin, on entend encore le train passer.

Enfin, il s’arrête devant un portail en fer et presse la sonnette. De l’autre côté, un vieux chien sort de sa niche et remue avec joie.

Tadaima.

Okaerinasai.

On entend la maisonnée qui s’agite tandis que la voix douce qui a répondu à l’interphone nous invite à rentrer. Alors que je monte les marches, la porte s’ouvre sur une dame au visage doux. Derrière, un homme – le père, une personne agée, la grand-mère maternelle et enfin, attendant tranquillement plus loin dans l’entrée, la soeur aînée. Le Nippon s’est arrêté pour caresser le chien de la famille, me laissant en première ligne.

– Ha… Hajishitemame. Euh, hajimemateshi. Non, euh, hajimemashite.

Je suis à l’agonie. Je balbutie, rouge comme une tomate. J’ai littéralement oublié le peu de japonais appris pour cette rencontre. Ils parlent un peu en anglais pour me sortir de ma galère en japonais tout en me guidant à l’intérieur du salon. Le Nippon, derrière moi, raconte quelque chose et soudain tout le monde me regarde différemment.

– T’as dit quoi? T’as dit quoi?

– Ben que t’étais ma copine.

Silence, tout le monde se regarde.

– Parce que tu leur avais pas dit?

– Ben, non.

Je lui aurais collé une tarte, mais visiblement les japonais encaissent la nouvelle avec grâce et reprennent très vite la conversation…

***

4 Comments to “365 Jours de Tokyo: La Rencontre Avec La Famille (1)”

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